Noir
et Rouge : revue de discussion et de réflexion anarchiste.
Plusieurs auteurs se succèdent et leurs réflexions font avancer le
débat.
----------------------------
Groupes
Trotskystes :
« Chaque
chapelle au contraire se considère comme tout à fait originale et
particulière ; et c'est, d'une certaine façon, exact : du fait de
leur impuissance et de leurs faibles effectifs, toutes idéalisent et
privilégient telle ou telle institution, mouvement ou tendance, où
elles « agissent » en opportunistes (pour pêcher quelques
militants) et en même temps elles sont spécifiquement sectaires,
dans la défense de leur choix comme unique perspective politique. »
« Le
langage qui y a cours est spécialisé et formaliste, tel mot est
employé parce qu'il a été employé par les ancêtres-théoriciens
de cette chapelle. -C'est un langage sacré, magique, parce que le
mot n'essaie pas de communiquer un aspect de la réalité, mais parce
que c'est un mot spécial à la chapelle, il rassure l’adhérent,
entretient le sentiment de son appartenance à une élite
particulière, une secte. Les allusions historiques ou théoriques
sont courantes (on n'a pas le temps d'expliquer ces allusions aux
non-initiés), tout est entre les lignes.
Résultat
: c'est illisible, sauf pour les initiés qui eux ne le lisent pas
puisqu'ils le rédigent. »
« Ainsi
s'explique, techniquement, le recrutement très « intellectuel »
(même quand il s'agit de militants ouvriers) des chapelles.
L'absence de toute expérience révolutionnaire, qui permettait
l'homogénéisation des militants, explique que la « sélection »
ne peut se faire et ne se fait que sur l'acceptation inconditionnelle
des textes vénérés, d'une part, et d'autre part, à un mot d'ordre
(résumant le choix opportuniste du moment) destiné à faire le
plein des militants face aux autres chapelles. »
«On
voit facilement pourquoi cette attitude, qui existe d'ailleurs sous
forme de souhaits, regrets, pleurnichage sur les divisions, la
multiplicité et la dispersion des actions, etc., n'est guère
représentée politiquement par une ou plusieurs chapelles données :
en effet, ceux qui, année après année, à travers scissions et
autres inspirations divines, ont créé de nouveaux groupuscules pour
remplir un vide politique qu'ils étaient les seuls à voir, comment
éprouveraient-ils autre chose qu'un mépris sectaire pour les «
chapelains » d'à côté ? »
« Le
« détail » objectif, c'est celui que nous avons précédemment
analysé : la multiplicité des chapelles, et sa conséquence,leur
inévitable stérilité. Il semble de prime abord que plus le temps
passe, plus les choses s'aggravent (nombre plus grand de chapelles et
sous-chapelles, confusion théorique accrue, discrédit renforcé de
l'alternative révolutionnaire...). Mais justement on approche du
point de rupture à cause du décalage de plus en plus grand entre
l'amélioration, les possibilités de la situation générale et
cette extrême-gauche de papa, ou parfois de pépé. . . Nous en
prenons comme preuve la tendance des « sans-parti » à critiquer
les chapelles (voir le point l6), ainsi que certaines tentatives
récentes, empiriques d'activités moins sectaires, au-delà des
chapelles, de la part de certains militants.
On
pourrait ainsi s'acheminer vers la levée du « détail » subjectif,
qu'est l'ignorance volontaire, la méconnaissance de l'existence même
de ces multiples chapelles et de leur identité fondamentale. Cette «
théorie des chapelles » est un des essais faits dans ce sens,
forcément insuffisant, puisqu'il émane d'une chapelle. Mais
d'autres travaillent aussi dans ce sens. »
«A
mon sens, l'emploi qui est fait actuellement du terme « avant garde
», emploi consacré par Lénine lui-même, est dangereux. Si l'on
reste sur le terrain des comparaisons militaires, qui n'est pas
forcément mauvais puisqu'il s'agit d'une lutte de classes, c'est le
terme « état-major » qui conviendrait mieux pour désigner ces
groupuscules qui prétendent entraîner, et qui des fois entraînent,
les masses dans des actions qu'elles ne contrôlent pas du tout. Et
je suis bien d'accord avec vous pour rejeter cette attitude. Mais il
ne faudrait pas tomber dans la négation abstraite du caractère
d'avant-garde (au sens vrai : les éclaireurs et les troupes de
choc)
que présentent de fait les minorités révolutionnaires. Car ainsi
on en arrive (et c'est ce qui vous arrive) à ne vouloir agir et même
penser que dans un mouvement de masse. Si bien que, lorsqu'un
mouvement se produit, on ne fait que le suivre sans critique, on en
fait une religion (l'autogestion, les occupations, les barricades),
et lorsqu'il ne s'en produit pas, ou bien en même temps, on «
suscite des actions spontanées »... pour ne pas se comporter en
avant-garde... (e reviendrai sur des exemples). Au lieu que la
situation d'avant-garde demande que l'on se situe dans le mouvement
des masses. C'est-à-dire qu'il faut se résoudre à n'avoir qu'une
action et une pensée de minorité, complémentaires adjacentes à
l'action des masses. Cela demande bien sûr une vision historique et
non événementielle, matérialiste et non politique. Et de ce point
de vue, on est bien loin du compte. »
«Savoir
(par l'expérience, bien sûr) que les syndicats ont joué et jouent
un rôle contre-révolutionnaire est évidemment intéressant,
nécessaire même. Mais toutes les expériences de répression
syndicale qu'on voudra n'expliquent pas pourquoi il en est ainsi. Et
c'est justement ça qu'il faut savoir, si on veut changer quelque
chose. Mais il est certain que vouloir changer quelque chose quand on
n'est qu'une minorité révolutionnaire, c'est de « l'avant-gardisme
»...
« La
deuxième conséquence, c'est qu'on ne va plus considérer l'action
que comme un moyen de « faire comprendre quelque chose aux gens ».
Il est certain qu'une action fait toujours comprendre quelque chose
et il est possible que ce soit souvent son résultat le plus positif,
encore que ce ne soit pas sûr. Mais, par contre, une action qui
n'est faite, conçue (dans la mesure où elle est conçue) que dans
ce but, ou bien ne fait rien comprendre, ou bien ne fait pas
comprendre ce qu'il s'agirait de faire comprendre.
Ainsi
les barricades, par exemple, ont bien permis de résister un peu aux
flics ; mais elles ne l'ont pas du tout montré,car, du moment que
c'est devenu une habitude de faire des barricades, elles ont plutôt
montré leur inefficacité, voire leur danger. Elles ont aussi montré
une défaite de plus pour le parti du désordre. Ce n'est pas ça qui
est grave, ce qui est « grave » (si souvent), c'est qu'il n'y eut
que des barricades.
Cela
me rappelle que souvent on se refuse à considérer les « événements
» comme une « défaite ». Parce qu'on a eu des expériences, on a
appris des choses, etc. « La révolution est un long processus et le
mois de mai n'est qu'un pas de plus », etc. D'accord, mais cela ne
doit pas empêcher de chercher à voir pourquoi il ne s'est pas
produit « autre chose ». Sinon autant dire que l'expérience,
devenue par ailleurs un culte aveugle, ne sert à rien. »
« Idéaliste
encore parce que tout cela repose sur l'idée qu'une action peut être
ou ne pas être révolutionnaire en soi, alors que nous venons de
voir qu'il y a des situations où des actes simples et quotidiens
(manger, boire, par exemple) peuvent être révolutionnaires et
d'autres où l'inceste lui-même, la plus belle fête possible, n'est
qu'une anecdote, un îlot de plaisir. En fait, cette idée est celle
que certains individus (et non pas certaines actions) sont
révolutionnaires, comme ça, et d'autres pas. La révolution devient
aussi un sommet inaccessible auquel ne peuvent accéder que certains
êtres doués de rares qualités (intelligence, « honnêteté », «
esprit libertaire », « prolétaire », etc.). De même que
magiquement, on tente de supprimer, par une espèce d'ascèse pas
chrétienne, les différences entre les masses et les minorités, de
même, on prétend que « tout est politique », on prétend
supprimer la différence entre la « morale » et la « politique ».
En fait, on en vient à tout penser selon les catégories morales,
d'une morale idéaliste (« aliénation », « respect de la base »»,
etc - la base, qui c'est ?). »
« Ils
ne sont pas d'emblée divisés en deux camps, l'un révolutionnaire,
l'autre contre-révolutionnaire ; chaque classe, groupe d'intérêt
lutte pour ses intérêts propres, dont certains sont convergents,
d'autres antagonistes, etc. Mais, nous voyons arriver l'heure et le
moment où la situation devient telle que, à la condition de
certains efforts, les luttes des opprimés peuvent avoir une issue
que nous appelons commodément « socialiste ». Mais alors il ne
s'agit pas de tout mettre dans le même sac, de dire que tous ceux
dont les luttes peuvent converger vers le socialisme (travailleurs,
intellectuels, activistes, femmes, enfants, « peuples opprimés ,
fous, etc.) peuvent et doivent agir ensemble, sous peine de courir je
ne sais quel risque d'avant-gardisme, d'individualisme ou de
nationalisme petit bourgeois. Une telle conception a un nom :
jacobinisme. »
« Il
ne s'agit pas de vous jeter la pierre à tous ni à tout ce que vous
faites. Au contraire, je crois que ce n'est la « faute »» d'aucun
d'entre vous en particulier, ni des « leaders » (ou prétendus
leaders), ni de ceux qui les acceptent, comme trop souvent vous posez
le problème. Il est certain par ailleurs qu'il y a chez vous
certaines tendances, certains moments qui sont incontestablement
matérialistes (avec le sens qui, je crois, se dégage de ce que j'ai
dit) , mais malheureusement tout cela reste voilé, obscurci, par
toute cette idéologie que je viens de commencer à décortiquer, et
cela n'atteint jamais la conscience de soi, ce n'est jamais réfléchi
théoriquement . Or je crois la réflexion théorique utile pour
lutter contre la confusion mentale qui règne. »
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
philosophe
polonais Kolakowski
«Le
communisme n'est pas pour nous un État à instaurer, un idéal sur
lequel la réalité devra se modeler. Nous appelons communisme réel
qui abolit l'état aujourd'hui. »
« Les
traits fondamentaux considérés comme positifs sont le manque de
dynamisme, la soumission vis à vis de l'ordre établi et de ses
représentants, le conformisme et le manque de courage. Le système
ne forme pas ces individus, il produit seulement de façon presque
mécanique les principes de sélection sociale en vertu desquels les
chances d'une participation active dans I'auto-reproduction du
système sont associées précisément à de telles caractéristiques
individuelles. »
(«
La personnalité et la conception de la société. », La Pologne.
1966)
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Rosa
Luxembourg :
« «
Nous ne saurions concevoir de plus grand danger pour le parti
socialiste russe que les plans d'organisation proposés par Lénine.
Rien ne pourrait plus sûrement asservir un mouvement ouvrier, encore
si jeune, à une élite intellectuelle assoiffée de pouvoir que
cette cuirasse bureaucratique où on l'immobilise (...) »
«
L'ultra-centralisme défendu par Lénine nous paraît comme imprégné,
non point d'un esprit
positif
et créateur, mais de l'esprit stérile du veilleur de nuit. Tout son
souci tend à contrôler l'activité du parti et non à le féconder,
à rétrécir le mouvement plutôt qu'à le développer».
Lénine :
L’état et la Révolution »
«
Quant à la chose informe, inédite et indéfinissable qui naîtra au
lendemain de la Révolution, ce sera un " État transitoire »»,
une « forme révolutionnaire et passagère de l’État », un
État à la fois « démocratique» et « dictatorial », un
« État non politique », un État « prolétarien ou demi-Etat
»», « quelque chose qui n'est plus à proprement parler l’État
», un « État envoie de dépérissement », une « dictature
du prolétariat », une « dictature provisoire de la
classe opprimée ». Cette cascade de définitions variées et
embarrassées ouvre la porte à toutes les interprétations et donc,
quand sonnera L’heure de l'application, à tous les abus. » (p.
lll-ll2).
Guérin
sur Lénine :
« Dans
son désir de capter au profit de son parti le puissant mouvement des
masses qui, au moment où il écrit, s'exprime spontanément par les
soviets, il suggère que les ministères bourgeois soient remplacés
par des « soviets souverains et tout-puissants de députés
ouvriers et soldats »», et appelle de ses vœux « une
république démocratique du type de la Commune ou de la République
des Soviets ». Mais, à d'autres moments, ce miroir aux alouettes
destiné à amener au bolchevisme les masses prolétariennes, fait
place à des perspectives pour celles-ci beaucoup moins rassurantes
(...) » (p.tt2).
«
Déjà, en 1848, Marx et Engels projetaient de concentrer tout le
capital, toute l'industrie, tous les transports, tout l'échange
entre les mains de l’État. Depuis, sous la pression des
libertaires, ils mirent beaucoup d'eau dans le vin de cet étatisme.
Mais Lénine demeure un rigide communiste d’État. Il se fixe pour
tâche de se « mettre à l'école du capitalisme d’État
allemand ». L'organisation de la grande industrie moderne par le
capitalisme, avec sa « discipline de fer », ne le séduit pas moins
et il le propose comme modèle. Pour lui, le capitalisme d’État
est « l'antichambre du socialisme » et l'on peut passer de l'un à
l'autre « par de simples décrets » (...) (p.113).
Citation
Errico Malatesta :
«L'anarchie
ne peut pas venir d'un seul coup, comme conséquence immédiate d'une
insurrection laquelle aurait abattu violemment tout ce qui existe et
l'aurait remplacé par des institutions vraiment nouvelles ; il est
certain que l'Anarchie ne peut être L’effet d'un miracle et ne
peut pas se réaliser en contradiction avec la loi générale de
l'évolution, que rien ne se produis sans cause suffisante, que rien
ne peut se faire sans avoir la force de le faire. L'Anarchie ne peut
se réaliser qu'en augmentant graduellement en intensité et en
extension. Il ne s'agit donc pas de faire L’Anarchie aujourd'hui ou
demain, toujours. » (l).
Paul
Zorkine :
« Anarchistes,
nous sommes toujours prêts à bousculer même les saints de notre
chapelle quand même nous constaterions leurs erreurs. Mais, sans
aucun dogmatisme, nous ne voulons pas le faire quand il s'agit de
L’affirmation citée par Malatesta car, en effet, on n'improvise
pas une révolution comme un prestidigitateur sort des lapins de son
haut-de-forme. Le système capitaliste porte en soi une suite de
contradictions qui se traduisent par une lutte de classe permanente.
Orienter,
intensifier cette lutte c'est déjà faire la révolution. Chaque
acte anarchiste, chaque parole anarchiste, chaque preuve anarchiste,
chaque fois que l'autorité recule, chaque fois que les masses
s'organisent et réalisent en dehors, est un pas vers et dans la
révolution ».
« Car
dans des situations analogues, la bourgeoisie a toujours peur en
voyant le peuple prendre les armes, s'organiser et lutter en dehors
de tous les cadres existants. C'est la raison pour laquelle,
pleinement consciente, une partie de la bourgeoisie se rallie aux
partisans précisément pour faire échec au tournant révolutionnaire
que ce genre de lutte a naturellement tendance à prendre. C'est pour
des motifs de classe contre-révolutionnaires qu'Alexandre I en
Russie, Charles-Albert en 1848 en Italie, ou plus récemment le
gouvernement républicain espagnol en 36, De Gaulle, Nasser,
Bourguiba, Mohammed V etc...ont apporté leur « soutien »
aux mouvements des partisans ».
Malatesta :
«La
violence est bien trop nécessaire pour résister à la violence de
l'adversaire, que nous devons la préconiser et la préparer, si nous
ne voulons pas que les conditions actuelles de l'esclavage larvé
dans lesquelles se trouve la grande majorité de l'humanité empirent
et se perpétuent. Mais elle contient en soi le danger de transformer
la révolution en une mêlée brutale sans lumière de l'idéal et
sans possibilité d’obtenir des résultats positifs ; c'est
pourquoi il faut insister sur les buts moraux du mouvement et sur la
nécessité, sur le devoir de contenir la violence dans les limites
de la stricte nécessité. Nous ne disons pas que la violence est
bonne quand nous l'employons et mauvaise quand ce sont les autres qui
l'appliquent contre nous. Nous disons que la violence est justifiée,
est bonne, est « morale », est un devoir quand elle est
employée "pour la défense de soi-même et des autres contre
les menaces des violents. Elle est mauvaise, elle est immorale si
elle sert à violer la liberté des autres. Toute la violence
nécessaire pour vaincre, mais rien de plus ou de pire ».
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------
A
cet aspect de la guerre des partisans doit se superposer dans notre
optique, une « phase internationale » dans laquelle la conscience
de classe et la solidarité du prolétariat international peuvent
être décisifs.
Cette
solidarité se manifeste dans les sabotages, dans le refus de
travailler pour l'économie de guerre du gouvernement qui combat la
révolution, dans l'envoi de volontaires (brigades internationales)
et dans l'aide matérielle et technique. Mais elle doit se manifester
surtout dans la lutte contre les classes dirigeantes propres.
« Paris
envoie des ambulances, des vivres et des volontaires. Cela ne suffit
pas. Paris ne donne pas ce qu'il possède de plus puissant : sa
colère... » Berneri
« Mais
aujourd'hui, peut-on confirmer que les mots d'ordre nationalistes,
les aspirations nationales, sont dépassés ? Qu'ils ne sont plus
aptes à mobiliser les foules ? Ou bien au contraire, ces aspirations
sont-elles plus capables de soulever les masses que les aspirations
proprement socialistes ? »
D'autre
part, depuis un siècle le fait social, même socialiste, est plus ou
moins recherché par tout le monde ( tout le monde s'appelle
socialiste : radical-socialiste, national-socialiste,
démocrate-socialiste). Dans presque tous les pays nouvellement
indépendants, les mots d'ordre nationalistes sont intimement liés
à des mots d'ordre sociaux, sinon socialistes. Ce qui est
nécessaire, c'est de préciser et de concrétiser le concept de
socialisme. »
« Au-delà
de cet exemple, il faut reconnaître que les partis communistes,
malgré toutes leurs phraséologies ne sont pas des partis
révolutionnaires (l'exemple de la Yougoslavie et celui de la Chine
est à discuter). Leur seule force « positive » est leur technique
du coup d’État. C'est la grande découverte de Lénine (après
celle des sociaux démocrates - la victoire parlementaire) : étant
donné l'incapacité du parti à soulever les masses, sa seule chance
est de se tenir tout près de la vague révolutionnaire, de préparer
sa force, ses cadres, (les révolutionnaires professionnels) pour «
après », quand l'ennemi est abattu. Cette tactique de prise de
pouvoir par le coup d’État après la vague révolutionnaire a été
réalisée à Pétersbourg en Octobre l9l7 . Le dernier livre sur
Trotsky, d'Isaac Deutscher, confirme encore une fois ce fait. Staline
(ainsi que Churchill) avait peur des forces révolutionnaires que la
deuxième guerre mondiale risquait de soulever ; ainsi ce dernier a
vendu 120 millions d'hommes de l'Est européen à Moscou. Et bien
qu'aidé par l'Armée Rouge et la police, Staline a utilisé la
tactique du coup d’État pour prendre le pouvoir, en
Tchécoslovaquie par exemple. »
«Les
camarades espagnols se rappellent bien les bateaux russes en rade de
Barcelone pendant la guerre civile et le marchandage : le blé et les
fusils contre les postes ministériels,-les abandons de principe,
l'exclusivité. La guerre d'Espagne a échoué entre autres parce que
Staline, n'ayant pas réussi à noyauter la Révolution, l'a
abandonnée (pour s'embrasser quelques mois plus tard avec Hitler).
La fourniture d'armes aux Algériens par les Soviétiques est sans
doute dans une optique analogue. »
« Il
est évident qu'il existe des différences quantitatives : nos
camarades en Russie ont été massacrés et continuent d'être en
prison (je peux le dire, car j'ai expérimenté personnellement
pendant des années les « bienfaits » du socialisme de l'Est, y
compris son système d'oppression, ce qui m'a obligé à me réfugier
dans le monde « libre »). Ici, nous pouvons encore nous exprimer ;
aux USA la loi anti-anarchiste est encore en vigueur. C'est un fait
aussi que les émigrés libertaires échappant des camps de
concentration de l'Est ou d'Espagne trouvent encore certains pays où
ils peuvent vivre en se déclarant libertaires. Mais ces faits ne
doivent pas nous faire oublier que le «monde libre » a encore son
Franco et son Salazar, que le monde capitaliste montre les dents
chaque fois qu'il voit en face de lui une force même limitée qui
lui échappe, et qui tâche de saper ses bases de privilégié, que
les tendances étatiques sont de plus en plus fortes. »
« Une
résistance nationale est souvent un malentendu pour autant qu'on y
trouve coude à coude le militant ouvrier qui lutte pour sa classe et
le bourgeois qui lutte pour sa patrie, celui qui, comme dit l'autre,
croit au ciel et lutte pour la morale chrétienne, et celui qui n'y
croit pas et sait cette morale liberticide. Le malentendu est
d'autant plus profond que la composition sociale de la résistance
est hétérogène, que son ciment est l'action, chacun ayant des
motifs différents d'agir. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire