lundi 28 août 2017

Chateaubriand




Chateaubriand!  Je suis tombé par hasard sur ces deux livres très anciens sur un vide grenier en Bretagne. Sur la terre même de Chateaubriand!

C'est un écrivain remarquable même si ses idées sont presque aux antipodes des miennes.

Ce qui m'intéresse, outre le style d'une élégance à toute épreuve, c'est cette réflexion sur la religion. Même si je suis persuadé qu'une croyance au delà de la vie et de l'espace empêche les humains de croire en eux et en leur propre conception de la liberté, Chateaubriand me questionne sur la teneur de la religion, non comme une croyance mais comme un système morale qui élèverait l'âme de l'homme. Le fait de rejeter la religion, serait selon lui, le meilleur  moyen de rejeter l'humanité de
l'homme.

Sans nous laisser convaincre, nous pouvons nous demander si l'homme n'a pas besoin de trouver une idée supérieure qui pourrait l'amener à se libérer du côté tristement matérialiste pour se consacrer à une pensée plus élevée.

Mémoires d'outre-tombe :

« En supposant que l'opinion religieuse existât telle qu'elle est à l'heure où j'écris maintenant, le génie du christianisme étant encore à faire, je le composerais tout différemment qu'il est : au lieu de rappeler les bienfaits et les institutions de notre religion au passé, je ferais voir que le christianisme est la pensée de l'avenir et de la liberté humaine : que cette pensée rédemptrice et messie est le seul fondement de l'égalité sociale ; qu'elle seule la peut établir, parce qu'elle place auprès de cette égalité la nécessité du devoir correctif et régulateur de l'instinct démocratique. La légalité ne suffit pas pour contenir, parce qu'elle n'est pas permanente ; elle tire sa force de la loi ; or la loi est l'ouvrage des hommes qui passent et varient. Une loi n'est pas toujours obligatoire ; elle peut toujours être changée par une autre loi : contrairement à cela, la morale est permanente ; elle a la force en elle-même, parce qu'elle vient de l'ordre immuable ; elle seule peut donc donner la durée. »

Discours Historiques

« Avec la religion commence la société ; les premiers pères de familles deviennent les premiers prêtres, les premiers rois, les « patriarches » (pères et princes).

« Peu à peu ces sociétés aristocratiques se transforment par l'accroissement de la partie démocratique en républiques populaires. Les états populaires se corrompent, le peuple qui, d'abord, n'avait réclamé que l'égalité, veut dominer à son tour. L'anarchie survient et force le peuple à s'abriter sous la domination d'un seul. Le besoin de l'ordre fonde la monarchie, comme le besoin de liberté avait fondé l'aristocratie, et le besoin d'égalité la démocratie. »

« L'homme, durant sa laborieuse carrière, cherche sans repos sa route de la déchéance à la réhabilitation, pour arriver à l'unité perdue. »


« Sous la féodalité, la servitude germanique remplaça la servitude romaine. Le servage prit la place de l'esclavage ; c'est le premier pas de l'affranchissement de la race humaine et, chose étrange, on le doit à la féodalité. Le serf devenu vassal ne fut plus qu'un soldat armé et les armes délivrent ceux qui les portent. Du servage, on a passé au salaire, et le salaire se modifiera encore, parce qu'il n'est pas une entière liberté. »

« La communion réformée n'a jamais été aussi populaire que la communion catholique : de race princière et patricienne, elle ne sympathise pas avec la foule. Équitable et moral, le protestantisme est exact dans ses devoirs ; mais sa bonté tient plus de la raison que de la tendresse: il vêtit celui qui est nu, mais ne il ne le réchauffe pas dans son sein ; il ouvre ses asiles à la misère, mais il ne vit pas et ne pleure pas avec elle dans ses réduits les plus abjects ; il soulage l'infortune, mais il n'y comptait pas. »

« Le verbe ne s'est point fait chair dans l'homme de plaisir, il s'est incarné à l'homme de douleur de tous, d'une fraternité universelle et d'une salvation immense. »

« Quand la liberté est conquise au profit d'un homme, elle devient le despotisme, lequel est la servitude de tous et la liberté d'un seul ; quand elle est conquise pour plusieurs, elle devient l'aristocratie : quand elle est conquise pour tous, elle devient la démocratie, qui est l'oppression de tous pour tous ; car alors, il y a confusion du pouvoir et de la liberté, du gouvernement et du gouverné. »

« Le christianisme ; dont l'ère ne commence qu'au milieu des temps est né dans le berceau du monde. L'homme nouvellement créé pèche par orgueil, et il est puyni ; il a abusé des lumières de la science, et il est condamné aux ténèbres du tombeau. Dieu avait fait la vie ; l'homme a fait la mort, et la mort devient la seule nécessité de l'homme. »

« Le christianisme sépare l'histoire du genre humain en deux portions distinctes : depuis la naissance du monde jusqu'à Jésus-Christ, c'est la société avec des esclaves, avec l'inégalité des hommes entre eux, l'inégalité sociale de l'homme et de la femme : depuis Jésus-Christ jusqu'à nous, c'est la société avec l'égalité des hommes entre eux, l'égalité sociale de l'homme et de la femme ; c'est la société sans esclaves ou du moins sans le principe de l'esclavage. »





Aucun commentaire: