La
Commune
« Du
mur des fusillés de mai 71, j’aurais voulu saluer les morts des
hécatombes nouvelles, les martyrs de Montjuich, les égorgés
d’Arménie, les foules écrasées d’Espagne, les multitudes
fauchées à Milan et ailleurs, la Grèce vaincue, Cuba se relevant
sans cesse, le généreux peuple des États-Unis qui, pour aider à
la délivrance de l’île héroïque, fait la guerre de liberté.
Puisqu’il
n’est plus permis d’y parler hautement, c’est ce livre que je
leur dédie ; de chaque feuillet soulevé comme la pierre d’une
tombe s’échappe le souvenir des morts. »
Paris,
le 10 juin 1898.
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Quand
la foule aujourd’hui muette,
Comme
l’Océan grondera,
Qu’à
mourir elle sera prête,
La
Commune se lèvera.
Nous
reviendrons foule sans nombre,
Nous
viendrons par tous les chemins,
Spectres
vengeurs sortant de l’ombre,
Nous
viendrons nous serrant les mains.
La
mort portera la bannière ;
Le
drapeau noir crêpe de sang ;
Et
pourpre fleurira la terre,
Libre
sous le ciel flamboyant.
(L.
M. Chanson des prisons, mai 71.)
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A
CEUX QUI VEULENT RESTER ESCLAVES
Puisque
le peuple veut que l’aigle impériale
Plane
sur son abjection,
Puisqu’il
dort, écrasé sous la froide rafale
De
l’éternelle oppression ;
Puisqu’ils
veulent toujours, eux tous que l’on égorge,
Tendre
la poitrine au couteau,
Forçons,
ô mes amis, l’horrible coupe-gorge,
Nous
délivrerons le troupeau !
Un
seul est légion quand il donne sa vie,
Quand
à tous il a dit adieu :
Seul
à seul nous irons, l’audace terrifie,
Nous
avons le fer et le feu !
Assez
de lâchetés, les lâches sont des traîtres ;
Foule
vile, bois, mange et dors ;
Puisque
tu veux attendre, attends, léchant tes maîtres.
N’as-tu
donc pas assez de morts ?
Le
sang de tes enfants fait la terre vermeille,
Dors
dans le charnier aux murs sourds.
Dors,
voici s’amasser, abeille par abeille,
L’héroïque
essaim des faubourgs !
Montmartre,
Belleville, ô légions vaillantes,
Venez,
c’est l’heure d’en finir.
Debout
! la honte est lourde et pesantes les chaînes,
Debout
! il est beau de mourir !
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