vendredi 4 août 2017

Louise Michel 1830-1905



La Commune

« Du mur des fusillés de mai 71, j’aurais voulu saluer les morts des hécatombes nouvelles, les martyrs de Montjuich, les égorgés d’Arménie, les foules écrasées d’Espagne, les multitudes fauchées à Milan et ailleurs, la Grèce vaincue, Cuba se relevant sans cesse, le généreux peuple des États-Unis qui, pour aider à la délivrance de l’île héroïque, fait la guerre de liberté.
Puisqu’il n’est plus permis d’y parler hautement, c’est ce livre que je leur dédie ; de chaque feuillet soulevé comme la pierre d’une tombe s’échappe le souvenir des morts. »

Paris, le 10 juin 1898.

@@@@@@@@@@@@@@@@

Quand la foule aujourd’hui muette,
Comme l’Océan grondera,
Qu’à mourir elle sera prête,
La Commune se lèvera.
Nous reviendrons foule sans nombre,
Nous viendrons par tous les chemins,
Spectres vengeurs sortant de l’ombre,
Nous viendrons nous serrant les mains.
La mort portera la bannière ;
Le drapeau noir crêpe de sang ;
Et pourpre fleurira la terre,
Libre sous le ciel flamboyant.

(L. M. Chanson des prisons, mai 71.)
@@@@@@@@@@@@@@@


A CEUX QUI VEULENT RESTER ESCLAVES

Puisque le peuple veut que l’aigle impériale
Plane sur son abjection,
Puisqu’il dort, écrasé sous la froide rafale
De l’éternelle oppression ;
Puisqu’ils veulent toujours, eux tous que l’on égorge,
Tendre la poitrine au couteau,
Forçons, ô mes amis, l’horrible coupe-gorge,
Nous délivrerons le troupeau !
Un seul est légion quand il donne sa vie,
Quand à tous il a dit adieu :
Seul à seul nous irons, l’audace terrifie,
Nous avons le fer et le feu !
Assez de lâchetés, les lâches sont des traîtres ;
Foule vile, bois, mange et dors ;
Puisque tu veux attendre, attends, léchant tes maîtres.
N’as-tu donc pas assez de morts ?
Le sang de tes enfants fait la terre vermeille,
Dors dans le charnier aux murs sourds.
Dors, voici s’amasser, abeille par abeille,
L’héroïque essaim des faubourgs !
Montmartre, Belleville, ô légions vaillantes,
Venez, c’est l’heure d’en finir.
Debout ! la honte est lourde et pesantes les chaînes,
Debout ! il est beau de mourir !

@@@@@@@@@@@@@@



Aucun commentaire: