JPC 4 juin 2010
"Mais où vas-tu?
Le problème qui me semble posé à tous, c'est ce qui résulte de l'addition des voix de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal. Et ce qui en résulte c'est 90% de voix pour aboutir à la situation politique et morale consternante qui est celle de ce pays avec l'assentiment lâche de presque tous usant d'arguties pour théâtre de guignol.
Nicolas Sarkozy en tant que tel ne m'intéresse pas. Et s'y intéresser comme je le vois faire un peu partout, pour savoir s'il est le nom, l'image, l'instigateur ou le symbole d'une politique de ceci ou de cela m'indigne et me révolte.
Cet homme est l'expression de la pensée profonde de ce pays. Un point c'est tout.
S'il doit parler de quelque chose c'est de cela: de la maladie, pas des difformités qu'elle engendre.
je n'ai donc pas l'intention d'ajouter quoi que ce soit à la renommée positive ou négative d'un fantoche qui ne vit justement que de cela; et, ce faisant, de contribuer à passer sous silence cette vérité qui veut qu'il a été désiré et voulu.
Après tous les noms qui ont honoré les couvertures de cette revue depuis sa création, le nom de Sarkozy placé en titre me choque profondèment.
Et un numéro en forme de jeu du dictionnaire autour de ce nom c'est à mes yeux pire encore.
C'est pourquoi j'ai préféré croire d'abord à un canular.
Pourtant ce n'est pas ce que tu dis.
Tu proposes bel et bien un jeu de mots et de société sur cette désolation.
Ne compte pas sur moi.
Je te demande on ne peut plus amicalement de renoncer à ce projet.
MS le 11 juin 2010
"Je suis bien content que, régulièrement, à chaque numéro ou presque maintenant, l'occasion se présente qu'on me fasse part de cette inquiétude, que tu énonces assez bien au juste : "Mais où vas-tu?", prévenant par là, j'imlagine, une dérive dans laquelle je serais incontrolablement entrainé.
Goldschmit qui a trainé Lignes de "marécage" et d'éditeur de livres "antisémites" il n'y a bien longtemps, après que j'ai publié Badiou et Segré et que je l'aie exclu du comité de la revue, aura été le premier de cette récente série. Brossat, tout du long du numéro 32 consacré à Daniel, m'accusant de sacrifier à l'unimisme post-mortem couronnant un parcours, celui de Bensaid, qui aurait été celui d'un "renégat" ; il aura été le second. Tu es le troisième, selon toute apparence qui, sur le même mode que Brossat, me fait la leçon, une sorte de leçon de radicalité: j'y reviendrai une autre fois, me contentant de noter pour le moment que dans les deux cas j'ai affaire à un procès d'intention; une autre fois: on jugera sur pièces , comme j'attends que Brossat reconnaisse que le numéro consacré à Daniel [Bensaid], comme celui d'ailleurs consacré à Jean [Baudrillard], n'a en rien cherché l'unanimité, en rien esquivé les différends, pas même atténué les oppositions.
Je reviens sur le cas de ce numéro consacré à Daniel: le fait est que tout le monde s'en est foutu; pas un du comité, pas même toi, pour se féliciter qu'un tel numéro existe et que ce soit Lignes qui l'ait fait. Je l'aurais un peu espéré, pourtant, ne serait-ce que pour que j'oublie en partie les conditions dans lesquels je l'ai fait, seul, entièrement seul, en 45 jours. Seul à le faire donc, mais contre Brossat qui m'a pris, lui, à peu près autant de temps que j'en ai mis à rassembler tous les autres intervenants".
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