"La Commune de Paris a donné un exemple, non seulement de la puissance créatrice des masses ouvrières en mouvement, mais aussi de l'incapacité radicale, d'un mouvement spontané quand il s'agit de lutter contre une force organisée de répression."
"Le régime issu d'Octobre, et qui devait s'étendre ou périr, s'est fort bien adapté, quinze ans durant, aux limites des frontières nationales ; son rôle à l'extérieur consiste à présent, comme les événements d'Allemagne le montrent avec évidence, à étrangler la lutte révolutionnaire du prolétariat."
"En réalité, toutes les explications embarrassées par lesquelles les militants formés par le bolchevisme essaient de se dispenser de reconnaître la fausseté radicale des perspectives posées en octobre 1917, reposent sur le même préjugé que ces perspectives elles-mêmes, à savoir sur l'affirmation, considérée comme un dogme, qu'il ne peut y avoir actuellement que deux types d'État, l'État capitaliste et l'État ouvrier. À ce dogme, le développement du régime issu d'Octobre apporte le plus brutal démenti. D'État ouvrier, il n'en a jamais existé sur la surface de la terre, sinon quelques semaines à Paris, en 1871, et quelques mois peut-être en Russie, en 1917 et 1918. En revanche règne sur un sixième du globe, depuis près de quinze ans, un État aussi oppressif que n'importe quel autre et qui n'est ni capitaliste ni ouvrier. Certes Marx n'avait rien prévu de semblable. Mais Marx non plus ne nous est pas aussi cher que la vérité. "
"Tout d'abord rien ne permet d'affirmer avec certitude que Hitler et ses lieutenants, quels que soient leurs liens avec le capital monopolisateur, en sont de simples instruments. Et surtout l'orientation des masses hitlériennes, si elle est violemment anticapitaliste, n'est nullement socialiste, non plus que la propagande démagogique des chefs ; car il s'agit de remettre l'économie non pas entre les mains des producteurs groupes en organisations démocratiques, mais bien entre les mains de l'appareil d'État. Or, bien que l'influence des réformistes et des staliniens l'ait fait oublier depuis longtemps, le socialisme, c'est la souveraineté économique des travailleurs et non pas de la machine bureaucratique et militaire de l'État. Ce qu'on nomme l'aile « nationalbolchévique » du mouvement hitlérien n'est donc nullement socialiste. Ainsi les deux phénomènes politiques qui dominent notre époque ne peuvent ni l'un ni l'autre être situés dans le tableau traditionnel de la lutte des classes. "
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