« Car
la loi fixe des limites aux partis, ne concède aux révolutionnaires
une relative liberté d'expression et d'action que pour mieux
préserver l'essentiel de sa domination : le régime tsariste
n'accepte que contraint et forcé des libertés qui sont aussi une
soupape de sûreté. « Jouer le jeu » et s'en tenir à ce
qui est légal, c'est accepter les limites qu'il a lui-même fixées
et renoncer à la partie de la critique révolutionnaire qu'il
interdit comme « subversive ». »
« Il
est traditionnel d'opposer, sous cet angle, au parti social-démocrate
bolchevique russe, le parti social-démocrate allemand, accroché à
sa légalité, à ses conquêtes remarquables, à ses quarante-trois
quotidiens, ses revues, ses écoles, ses universités, ses caisses de
solidarité, ses « maisons du peuple », ses députés -
et qui en est finalement le prisonnier. Car la peur de la répression
qui pourrait remettre en cause ses conquêtes, fait du parti
social-démocrate allemand l'otage volontaire des classes
possédantes, il jugule lui-même ses jeunesses et interdit à Karl
Liebknecht la propagande antimilitariste « illégale »
qui pourrait provoquer la colère de la bourgeoisie et un renouveau
de la répression policière, mais dont il est pour- tant difficile à
un socialiste de nier qu'elle soit indispensable dans l'Allemagne de
Guillaume II. »
«
Le socialisme réformiste n'a aucun avenir, parce qu'il est devenu
partie intégrante de l'ordre ancien et complice
de ses crimes. Ceux qui espèrent reconstruire la vieille
Internationale, imaginant que ses dirigeants pourraient, par une
amnistie réciproque, effacer leur trahison de l'internationalisme,
empêchent la renaissance du mouvement ouvrier »
Trotski :
« Nous
n'entrerons pas au royaume du socialisme en gants blancs sur un
parquet ciré. »
Lénine :
« Nos
fautes ne nous font pas peur. Les hommes ne sont pas devenus des
saints du fait que la révolution a commencé. Les classes
laborieuses opprimées, abêties, maintenues de force dans l'étau de
la misère, de l'ignorance, de la barbarie, pendant des siècles, ne
peuvent accomplir la révolution sans commettre d'erreurs...On ne
peut enfermer dans un cercueil le cadavre de la société bourgeoise
et l'enterrer. Le capitalisme abattu pourrit, se décompose parmi
nous, infestant l'air de ses miasmes, empoisonnant notre vie :
ce qui est ancien, pourri, mort s'accroche par des milliers de fils
et de liens à tout ce qui est nouveau, frais, vivant. »
«
Ils demandent que le premier acte de la révolution sociale soit
l’abolition de l’autorité. Ont-ils jamais vu une révolution,
ces Messieurs ? Une révolution est certainement la chose la plus
autoritaire qui soit; c’est l’acte par lequel une partie de la
population impose sa volonté à l’autre au moyen de fusils, de
baïonnettes et de canons, moyens autoritaires s’il en est; et le
parti victorieux, s’il ne veut pas avoir combattu en vain, doit
maintenir cette domination par la terreur que ses armes inspirent aux
réactionnaires » [cf Engels, « De l’autorité », 1875
Lénine,
de son côté, écrivait : « La dictature du prolétariat, c’est
la guerre la plus héroïque et la plus implacable de la classe
nouvelle contre un ennemi plus puissant, contre la bourgeoisie dont
la résistance est décuplée du fait de son renversement (ne fut-ce
que dans un seul pays) et dont la puissance ne réside pas seulement
dans la force du capital international, dans la force et la solidité
des liaisons internationales de la bourgeoisie, mais encore dans la
force de l’habitude, dans la force de la petite production, car
malheureusement il reste encore au monde une très grande quantité
de petite production; or la petite production engendre le capitalisme
et la bourgeoisie, constamment, chaque jour, d’une manière
spontanée et dans de vastes proportions.
Pour
toutes ces raisons, la dictature du prolétariat est indispensable,
et vaincre la bourgeoisie est impossible sans une guerre prolongée,
opiniâtre, acharnée, sans une guerre à mort qui exige la maîtrise
de soi, la discipline, la fermeté, une volonté une et inflexible »
[cf. Lénine, La Maladie infantile..., O.C., T. 31, p. 17].
Contre
le grand théoricien de la social-démocratie, Kautsky, qui
reprochait aux bolcheviks leurs méthodes terroristes, leur mépris
de la démocratie et du pluralisme, Trotsky répliquait : « La
classe ouvrière, qui s’est emparée du pouvoir en combattant,
avait pour tâche et pour devoir de l’affermir inébranlablement,
d’assurer définitivement sa domination, de couper toute envie de
coup d’Etat chez ses ennemis et de donner, par cela même, la
possibilité de réaliser les grandes réformes socialistes. Ou alors
il ne fallait pas prendre le pouvoir. La révolution n’implique pas
« logiquement » le terrorisme, de même qu’elle n’implique pas
« logiquement » l’insurrection armée. Quelle grandiloquente
banalité ! Mais la révolution exige en revanche de la classe
révolutionnaire qu’elle mette tous les moyens en oeuvre pour
atteindre
ses fins; par l’insurrection armée, s’il le faut ; par le
terrorisme si c’est nécessaire. La classe révolutionnaire, qui a
conquis le pouvoir les armes à la main, doit briser et brisera les
armes à la main toutes les tentatives qu’on fera pour le lui
arracher. Partout où elle se trouvera en présence d’une armée
ennemie, elle lui opposera sa propre armée. Partout où elle se
trouvera confrontée à un complot armé, un attentat, une rébellion,
elle infligera à ses ennemis un châtiment impitoyable ».
«
L’intimidation est un puissant moyen d’action politique, tant
dans la sphère internationale qu’à l’intérieur. La guerre, de
même que la révolution, repose sur l’intimidation. Une guerre
victorieuse n’extermine en général qu’une petite partie de
l’armée vaincue, mais démoralise ceux qui restent et brise leur
volonté. La révolution agit de même : elle tue quelques individus,
elle en effraie mille. Dans ce sens la terreur rouge ne se distingue
pas en principe de l’insurrection armée, dont elle n’est que la
continuation. Ne peut condamner « moralement » la terreur d’Etat
de la classe révolutionnaire que celui qui rejette par principe (en
paroles) toute violence, quelle qu’elle soit - et donc toute guerre
et tout soulèvement. Mais il faut n’être pour cela qu’un quaker
hypocrite. »
«Ce
« choix » – qui est en réalité la conséquence inévitable de
son manoeuvrisme congénital et de ses fausses orientations
politiques – le courant trotskyste dans son ensemble l’a fait
depuis bien longtemps ; mais alors qu’il y a 25 ou 30 ans, dans une
période de relative effervescence sociale, la phrase
révolutionnaire, ronflante mais creuse, était indispensable
pour attirer les éléments combatifs déçus par les grandes
organisations réformistes, elle est aujourd’hui un repoussoir pour
les petits bourgeois insatisfaits, fondamentalement conservateurs
même quand ils se disent «antimondialistes», qui ne rêvent que
d’accéder à la mangeoire capitaliste. A destination de ces
milieux qui constituent plus particulièrement le vivier et la
clientèle de la LCR, il faut une démagogie démocratique et non
plus marxiste [C’est pourquoi le trotskyste qui lui répond sur un
n° ultérieur (« L’Actualité du bolchevisme », Rouge, n°
1921, 3/5/1) ne peut tirer que cette conclusion banale qui réduit
les révolutionnaires et leur parti à un rôle d’éclaireur des
consciences et de donneur de conseils : « Le bolchevisme consiste en
la volonté d’armer politiquement les travailleurs pour leur
permettre de prendre et d’exercer eux-mêmes le pouvoir ».
Serait-ce un sous-marin du CCI ?]. »
« Si
on veut combattre les positions anarchistes, c’est cette thèse-là
qu’il faut discuter et réfuter, en raison surtout de toute la
propagande bourgeoise anticommuniste qui s’appuie sur les atrocités
staliniennes pour disqualifier les bolcheviks, le marxisme, la
révolution. »
A
propos de Kronsdatd : «En partant de la question
principielle que ce n’est pas par la force et la violence qu’on
impose le socialisme au prolétariat. Il valait mieux perdre
Cronstadt que de le garder au point de vue géographique alors que
substantiellement cette victoire ne pouvait avoir qu’un seul
résultat : celui d’altérer les bases mêmes, la substance de
l’action menée par le prolétariat » [Octobre
était l’« Organe
du Bureau International des Fractions de la Gauche Communiste »,
comprenant la «Fraction belge » et la « Fraction italienne » ; il
avait succédé à Bilan.
Le CCI indique que cet article était l’oeuvre de la Fraction
italienne.]. »
« C’est
au contraire la renonciation, par principe, à utiliser la
violence y compris contre des prolétaires que la bourgeoisie utilise
contre la révolution ou la lutte de classe – que ce soit pour
briser une grève, pour faire échec à la lutte révolutionnaire ou
pour ébranler le pouvoir prolétarien – qui désarme
littéralement le prolétariat, le démoralise et le voue à la
défaite. »
«Selon
nous les Soviets, en tant qu’organes territoriaux réunissant des
prolétaires de différentes usines et de différentes
corporations, qui brisent donc explicitement les différences et
divisions créées dans la classe par l’organisation capitaliste,
sont d’un point de vue politique supérieurs aux soviets et
organisations spécifiquement d’usine qui ne dépassent pas
les limites d’entreprise: c’est pourquoi tous les courants non
marxistes, ouvriéristes, libertaires ou ordinovistes, ont toujours
préféré ce dernier type d’organisations. »
« Boris
Souvarine, reprenant cette métaphore écrivit : le
bateau est pourri et le mât porte une girouette. Les
faits nous démontrent que les staliniens sont des léninistes qui
ont réussi. Ciliga nous aide à comprendre que les trotskystes ne
sont que des staliniens qui ont tout raté. »
«Leur
revue, Le Glaive rouge, proclamait : « Tout nous est permis car,
nous les premiers, nous avons utilisé le glaive (...) pour libérer
l'humanité. »
« C'est
là la grande erreur marxiste, considérer l'État comme un simple
effet de la division des classes alors qu'il en est aussi une cause.
Non seulement l'Etat est le serviteur du capitalisme, renforçant le
privilège économique de la bourgeoisie, etc., mais il est lui-même
la source des privilèges, constituant une classe ou caste
privilégiée, alimentant la classe dominante en lui livrant toujours
de nouveaux éléments, et il le ferait encore plus si, avec la force
politique, il avait aussi la force économique, c'est à dire la
richesse sociale, en tant que seul propriétaire. »
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