dimanche 23 juillet 2017

Révolution Russe 1




« Car la loi fixe des limites aux partis, ne concède aux révolutionnaires une relative liberté d'expression et d'action que pour mieux préserver l'essentiel de sa domination : le régime tsariste n'accepte que contraint et forcé des libertés qui sont aussi une soupape de sûreté. « Jouer le jeu » et s'en tenir à ce qui est légal, c'est accepter les limites qu'il a lui-même fixées et renoncer à la partie de la critique révolutionnaire qu'il interdit comme « subversive ». »

« Il est traditionnel d'opposer, sous cet angle, au parti social-démocrate bolchevique russe, le parti social-démocrate allemand, accroché à sa légalité, à ses conquêtes remarquables, à ses quarante-trois quotidiens, ses revues, ses écoles, ses universités, ses caisses de solidarité, ses « maisons du peuple », ses députés - et qui en est finalement le prisonnier. Car la peur de la répression qui pourrait remettre en cause ses conquêtes, fait du parti social-démocrate allemand l'otage volontaire des classes possédantes, il jugule lui-même ses jeunesses et interdit à Karl Liebknecht la propagande antimilitariste « illégale » qui pourrait provoquer la colère de la bourgeoisie et un renouveau de la répression policière, mais dont il est pour- tant difficile à un socialiste de nier qu'elle soit indispensable dans l'Allemagne de Guillaume II. »

« Le socialisme réformiste n'a aucun avenir, parce qu'il est devenu partie intégrante de l'ordre ancien et complice de ses crimes. Ceux qui espèrent reconstruire la vieille Internationale, imaginant que ses dirigeants pourraient, par une amnistie réciproque, effacer leur trahison de l'internationalisme, empêchent la renaissance du mouvement ouvrier »

Trotski :
« Nous n'entrerons pas au royaume du socialisme en gants blancs sur un parquet ciré. »

Lénine :
« Nos fautes ne nous font pas peur. Les hommes ne sont pas devenus des saints du fait que la révolution a commencé. Les classes laborieuses opprimées, abêties, maintenues de force dans l'étau de la misère, de l'ignorance, de la barbarie, pendant des siècles, ne peuvent accomplir la révolution sans commettre d'erreurs...On ne peut enfermer dans un cercueil le cadavre de la société bourgeoise et l'enterrer. Le capitalisme abattu pourrit, se décompose parmi nous, infestant l'air de ses miasmes, empoisonnant notre vie : ce qui est ancien, pourri, mort s'accroche par des milliers de fils et de liens à tout ce qui est nouveau, frais, vivant. »

« Ils demandent que le premier acte de la révolution sociale soit l’abolition de l’autorité. Ont-ils jamais vu une révolution, ces Messieurs ? Une révolution est certainement la chose la plus autoritaire qui soit; c’est l’acte par lequel une partie de la population impose sa volonté à l’autre au moyen de fusils, de baïonnettes et de canons, moyens autoritaires s’il en est; et le parti victorieux, s’il ne veut pas avoir combattu en vain, doit maintenir cette domination par la terreur que ses armes inspirent aux réactionnaires » [cf Engels, « De l’autorité », 1875

Lénine, de son côté, écrivait : « La dictature du prolétariat, c’est la guerre la plus héroïque et la plus implacable de la classe nouvelle contre un ennemi plus puissant, contre la bourgeoisie dont la résistance est décuplée du fait de son renversement (ne fut-ce que dans un seul pays) et dont la puissance ne réside pas seulement dans la force du capital international, dans la force et la solidité des liaisons internationales de la bourgeoisie, mais encore dans la force de l’habitude, dans la force de la petite production, car malheureusement il reste encore au monde une très grande quantité de petite production; or la petite production engendre le capitalisme et la bourgeoisie, constamment, chaque jour, d’une manière spontanée et dans de vastes proportions.
Pour toutes ces raisons, la dictature du prolétariat est indispensable, et vaincre la bourgeoisie est impossible sans une guerre prolongée, opiniâtre, acharnée, sans une guerre à mort qui exige la maîtrise de soi, la discipline, la fermeté, une volonté une et inflexible » [cf. Lénine, La Maladie infantile..., O.C., T. 31, p. 17].

Contre le grand théoricien de la social-démocratie, Kautsky, qui reprochait aux bolcheviks leurs méthodes terroristes, leur mépris de la démocratie et du pluralisme, Trotsky répliquait : « La classe ouvrière, qui s’est emparée du pouvoir en combattant, avait pour tâche et pour devoir de l’affermir inébranlablement, d’assurer définitivement sa domination, de couper toute envie de coup d’Etat chez ses ennemis et de donner, par cela même, la possibilité de réaliser les grandes réformes socialistes. Ou alors il ne fallait pas prendre le pouvoir. La révolution n’implique pas « logiquement » le terrorisme, de même qu’elle n’implique pas « logiquement » l’insurrection armée. Quelle grandiloquente banalité ! Mais la révolution exige en revanche de la classe révolutionnaire qu’elle mette tous les moyens en oeuvre pour
atteindre ses fins; par l’insurrection armée, s’il le faut ; par le terrorisme si c’est nécessaire. La classe révolutionnaire, qui a conquis le pouvoir les armes à la main, doit briser et brisera les armes à la main toutes les tentatives qu’on fera pour le lui arracher. Partout où elle se trouvera en présence d’une armée ennemie, elle lui opposera sa propre armée. Partout où elle se trouvera confrontée à un complot armé, un attentat, une rébellion, elle infligera à ses ennemis un châtiment impitoyable ».
« L’intimidation est un puissant moyen d’action politique, tant dans la sphère internationale qu’à l’intérieur. La guerre, de même que la révolution, repose sur l’intimidation. Une guerre victorieuse n’extermine en général qu’une petite partie de l’armée vaincue, mais démoralise ceux qui restent et brise leur volonté. La révolution agit de même : elle tue quelques individus, elle en effraie mille. Dans ce sens la terreur rouge ne se distingue pas en principe de l’insurrection armée, dont elle n’est que la continuation. Ne peut condamner « moralement » la terreur d’Etat de la classe révolutionnaire que celui qui rejette par principe (en paroles) toute violence, quelle qu’elle soit - et donc toute guerre et tout soulèvement. Mais il faut n’être pour cela qu’un quaker hypocrite. »

«Ce « choix » – qui est en réalité la conséquence inévitable de son manoeuvrisme congénital et de ses fausses orientations politiques – le courant trotskyste dans son ensemble l’a fait depuis bien longtemps ; mais alors qu’il y a 25 ou 30 ans, dans une période de relative effervescence sociale, la phrase révolutionnaire, ronflante mais creuse, était indispensable pour attirer les éléments combatifs déçus par les grandes organisations réformistes, elle est aujourd’hui un repoussoir pour les petits bourgeois insatisfaits, fondamentalement conservateurs même quand ils se disent «antimondialistes», qui ne rêvent que d’accéder à la mangeoire capitaliste. A destination de ces milieux qui constituent plus particulièrement le vivier et la clientèle de la LCR, il faut une démagogie démocratique et non plus marxiste [C’est pourquoi le trotskyste qui lui répond sur un n° ultérieur (« L’Actualité du bolchevisme », Rouge, n° 1921, 3/5/1) ne peut tirer que cette conclusion banale qui réduit les révolutionnaires et leur parti à un rôle d’éclaireur des consciences et de donneur de conseils : « Le bolchevisme consiste en la volonté d’armer politiquement les travailleurs pour leur permettre de prendre et d’exercer eux-mêmes le pouvoir ». Serait-ce un sous-marin du CCI ?]. »

« Si on veut combattre les positions anarchistes, c’est cette thèse-là qu’il faut discuter et réfuter, en raison surtout de toute la propagande bourgeoise anticommuniste qui s’appuie sur les atrocités staliniennes pour disqualifier les bolcheviks, le marxisme, la révolution. »

A propos de Kronsdatd : «En partant de la question principielle que ce n’est pas par la force et la violence qu’on impose le socialisme au prolétariat. Il valait mieux perdre Cronstadt que de le garder au point de vue géographique alors que substantiellement cette victoire ne pouvait avoir qu’un seul résultat : celui d’altérer les bases mêmes, la substance de l’action menée par le prolétariat » [Octobre était l’« Organe du Bureau International des Fractions de la Gauche Communiste », comprenant la «Fraction belge » et la « Fraction italienne » ; il avait succédé à Bilan. Le CCI indique que cet article était l’oeuvre de la Fraction italienne.]. »

« C’est au contraire la renonciation, par principe, à utiliser la violence y compris contre des prolétaires que la bourgeoisie utilise contre la révolution ou la lutte de classe – que ce soit pour briser une grève, pour faire échec à la lutte révolutionnaire ou pour ébranler le pouvoir prolétarien – qui désarme littéralement le prolétariat, le démoralise et le voue à la défaite. »

«Selon nous les Soviets, en tant qu’organes territoriaux réunissant des prolétaires de différentes usines et de différentes corporations, qui brisent donc explicitement les différences et divisions créées dans la classe par l’organisation capitaliste, sont d’un point de vue politique supérieurs aux soviets et organisations spécifiquement d’usine qui ne dépassent pas les limites d’entreprise: c’est pourquoi tous les courants non marxistes, ouvriéristes, libertaires ou ordinovistes, ont toujours préféré ce dernier type d’organisations. »

« Boris Souvarine, reprenant cette métaphore écrivit : le bateau est pourri et le mât porte une girouette. Les faits nous démontrent que les staliniens sont des léninistes qui ont réussi. Ciliga nous aide à comprendre que les trotskystes ne sont que des staliniens qui ont tout raté. »

«Leur revue, Le Glaive rouge, proclamait : « Tout nous est permis car, nous les premiers, nous avons utilisé le glaive (...) pour libérer l'humanité. » 


« C'est là la grande erreur marxiste, considérer l'État comme un simple effet de la division des classes alors qu'il en est aussi une cause. Non seulement l'Etat est le serviteur du capitalisme, renforçant le privilège économique de la bourgeoisie, etc., mais il est lui-même la source des privilèges, constituant une classe ou caste privilégiée, alimentant la classe dominante en lui livrant toujours de nouveaux éléments, et il le ferait encore plus si, avec la force politique, il avait aussi la force économique, c'est à dire la richesse sociale, en tant que seul propriétaire. »

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