L'Unique
et sa propriété :
« Passez
vous-mêmes les autres en revue, et dites si la Vérité, la Liberté,
la Justice, etc., s'inquiètent de vous autrement que pour réclamer
votre enthousiasme et vos services. Soyez des serviteurs zélés,
rendez-leur hommage, c'est tout ce qu'elles demandent »
« Dieu
et l'Humanité n'ont basé leur cause sur rien, sur rien
qu'eux-mêmes. Je baserai donc ma cause sur Moi : aussi bien que
Dieu, je suis la négation de tout le reste, je suis pour moi tout je
suis l'Unique. »
« Ce
qui est saint sanctifie en retour son adorateur ; le culte qu'il lui
rend le sanctifie et sanctifie ce qu'il fait : un saint commerce, de
saintes pensées et de saintes actions, etc. »
« Et
par là même qu'on fait ressortir l'essence, on réduit l'aspect
jusqu'alors mal compris à une mensongère apparence. »
« Chaque
jour montre mieux la lâcheté et la rage de ces maniaques, et le
peuple, comme un imbécile, leur prodigue ses applaudissements. »
« Avec
quelque vivacité qu'il s'insurge contre la piété des
Chrétiens, il n'en est pas moins resté
également
chrétien par la moralité. »
« Si
vous vous en tenez au principe de la morale qui prescrit de
poursuivre partout et toujours le Bien,
vous en êtes réduits à vous demander si, en aucun cas, le meurtre
ne peut arriver à réaliser ce Bien; dans l'affirmative, vous devez
liciter ce meurtre dont le Bien est sorti. »
« Un
accord moral conclu
au nom de l'amour et de la fidélité ne laisse place à aucune
volonté discordante et opposée ; la belle harmonie est rompue si
l'un veut une chose et l'autre le contraire. Or, l'usage et un vieux
préjugé exigent avant tout de l'opposition le respect de ce pacte
moral. Que reste-t-il à l'opposition ? Peut-elle vouloir une liberté
lorsque l'élu, la majorité trouvent bon de la repousser ? Non! Elle
n'oserait vouloir la
liberté ; tout ce qu'elle peut faire, c'est la souhaiter,
et pour l'obtenir, « pétitionner » et
tendre la main en la demandant par charité. Voyez-vous ce qui
arriverait si l'opposition voulait réellement,
si elle voulait de toute l'énergie de sa volonté ? Non, non :
qu'elle sacrifie la Volonté à l'Amour, qu'elle renonce à la
Liberté — pour les beaux yeux de la Morale. Elle ne doit jamais «
réclamer comme un droit » ce qu'il lui est seulement permis de «
demander comme une grâce ». L'amour, le dévouement, etc., exigent
impérieusement qu'il n'y ait qu'une seule volonté devant laquelle
toutes les autres s'inclinent, à laquelle elles obéissent avec
amour et soumission.
Que
cette volonté soit raisonnable ou déraisonnable, il est en tout cas
moral de s'y soumettre et immoral de s'y soustraire. »
« Trop
faible désormais pour servir la morale sans hésitation et sans
défaillance, trop scrupuleuse encore pour vivre tout à fait selon
l'égoïsme, elle passe en tremblant, dans la toile d'araignée de
l'hypocrisie, d'un principe à l'autre, et, paralysée par le fléau
de l'incertitude, ne capture plus que de sottes et pauvres mouches.
A-t-on eu l'audace grande de dire carrément son avis, aussitôt on
énerve la liberté du propos par des protestations d'amour : —
résignation hypocrite. A-t-on, au contraire, eu le front de
combattre une affirmation libre en invoquant moralement la
bonne foi, etc., aussitôt le courage moral s'évanouit et l'on
assure que c'est avec un plaisir tout particulier qu'on a entendu
cette vaillante parole : — approbation hypocrite. Bref, on
voudrait tenir l'un, mais ne pas lâcher l'autre ; on veut vouloir
librement, mais on n'entend pas, à Dieu ne plaise, cesser de
vouloir moralement. — Voyons, Libéraux, vous voilà en
présence d'un de ces adversaires dont vous méprisez la servilité ;
nous vous écoutons : vous atténuez l'effet de chaque mot un peu
libéral par un regard, de la plus
loyale
fidélité ; lui habille son servilisme des plus chaudes
protestations de libéralisme. Maintenant, séparez-vous ; chacun
pense de l'autre : je te connais, masque ! »
« Et
tous ces « bons Romains », tous ces « sujets soumis », abreuvés
d'outrages par leur manque de
volonté,
d'acclamer aussitôt l'action criminelle et immorale du révolté. »
« En
vérité, il ne fait pas bon vivre avec eux, car on n'a pas un
instant de sécurité ; mais est-il plus commode de vivre au milieu
des bons ? »
« «
On ne peut cependant pas mettre sur la même ligne un gredin et un
honnête homme ! » Eh! qui donc le fait plus souvent que vous,
Censeurs ? Bien mieux, l'honnête homme qui s'élève ouvertement
contre l'ordre établi, contre les sacro-saintes institutions, etc.,
vous le coffrez comme un criminel, tandis qu'à un subtil coquin vous
confiez vos portefeuilles et des choses encore plus précieuses. »
« Néron
était un possédé très malcommode, un fou dangereux. C'eût été
une sottise de perdre son temps à le rappeler au « respect des
choses sacrées », pour lamenter ensuite parce que le tyran n'en
tenait aucun compte et agissait à sa guise. À chaque instant, on
entend des gens invoquer la sacro-sainteté des imprescriptibles
droits de l'Homme devant ceux-là mêmes qui en sont les ennemis, et
s'efforcer de prouver et de démontrer par anticipation que telle ou
telle liberté est un des « droits sacrés de l'Homme ». »
« Ce
n'est pas la sainteté d'un droit et toutes les preuves qu'on peut en
fournir qui en font approcher d'un pas : se lamenter, pétitionner ne
convient qu'aux mendiants. »
«
Ce qui est saint sanctifie en retour son adorateur ; le culte qu'il
lui rend le sanctifie et sanctifie ce qu'il fait : un saint commerce,
de saintes pensées et de saintes actions, etc. »
« Et
par là même qu'on fait ressortir l'essence, on réduit l'aspect
jusqu'alors mal compris à une mensongère apparence. »
«
Chaque jour montre mieux la lâcheté et la rage de ces maniaques, et
le peuple, comme un imbécile, leur prodigue ses applaudissements. »
« Avec
quelque vivacité qu'il s'insurge contre la piété des Chrétiens,
il n'en est pas moins resté également chrétien par la moralité. »
Si
vous vous en tenez au principe de la morale qui prescrit de
poursuivre partout et toujours le Bien, vous en êtes réduits à
vous demander si, en aucun cas, le meurtre ne peut arriver à
réaliser ce Bien; dans l'affirmative, vous devez liciter ce meurtre
dont le Bien est sorti. »
« Un
accord moral conclu au nom de l'amour et de la fidélité ne laisse
place à aucune volonté discordante et opposée ; la belle harmonie
est rompue si l'un veut une chose et l'autre le contraire. Or,
l'usage et un vieux préjugé exigent avant tout de l'opposition le
respect de ce pacte moral. Que reste-t-il à l'opposition ? Peut-elle
vouloir une liberté lorsque l'élu, la majorité trouvent bon de la
repousser ? Non! Elle n'oserait vouloir la liberté ; tout ce qu'elle
peut faire, c'est la souhaiter, et pour l'obtenir, « pétitionner »
et tendre la main en la demandant par charité. Voyez-vous ce qui
arriverait si l'opposition voulait réellement, si elle voulait de
toute l'énergie de sa volonté ? Non, non : qu'elle sacrifie la
Volonté à l'Amour, qu'elle renonce à la Liberté — pour les
beaux yeux de la Morale. Elle ne doit jamais « réclamer comme un
droit » ce qu'il lui est seulement permis de « demander comme une
grâce ». L'amour, le dévouement, etc., exigent impérieusement
qu'il n'y ait qu'une seule volonté devant laquelle toutes les autres
s'inclinent, à laquelle elles obéissent avec amour et soumission.
Que cette volonté soit raisonnable ou déraisonnable, il est en tout
cas moral de s'y soumettre et immoral de s'y soustraire. »
« Trop
faible désormais pour servir la morale sans hésitation et sans
défaillance, trop scrupuleuse encore pour vivre tout à fait selon
l'égoïsme, elle passe en tremblant, dans la toile d'araignée de
l'hypocrisie, d'un principe à l'autre, et, paralysée par le fléau
de l'incertitude, ne capture plus que de sottes et pauvres mouches.
A-t-on eu l'audace grande de dire carrément son avis, aussitôt on
énerve la liberté du propos par des protestations d'amour : —
résignation hypocrite. A-t-on, au contraire, eu le front de
combattre une affirmation libre en invoquant moralement la bonne foi,
etc., aussitôt le courage moral s'évanouit et l'on assure que c'est
avec un plaisir tout particulier qu'on a entendu cette vaillante
parole : — approbation hypocrite. Bref, on voudrait tenir l'un,
mais ne pas lâcher l'autre ; on veut vouloir librement, mais on
n'entend pas, à Dieu ne plaise, cesser de vouloir moralement. —
Voyons, Libéraux, vous voilà en présence d'un de ces adversaires
dont vous méprisez la servilité ; nous vous écoutons : vous
atténuez l'effet de chaque mot un peu libéral par un regard, de la
plus loyale fidélité ; lui habille son servilisme des plus chaudes
protestations de libéralisme. Maintenant, séparez-vous ; chacun
pense de l'autre : je te connais, masque ! »
« Et
tous ces « bons Romains », tous ces « sujets soumis », abreuvés
d'outrages par leur manque de volonté, d'acclamer aussitôt l'action
criminelle et immorale du révolté. »
«
On rencontre encore parfois aujourd'hui des coquins de son espèce
mêlés à la foule des honnêtes gens (voyez, par exemple, les
Mémoires du chevalier de Lang). En vérité, il ne fait pas bon
vivre avec eux, car on n'a pas un instant de sécurité ; mais est-il
plus commode de vivre au milieu des bons ? »
« «
On ne peut cependant pas mettre sur la même ligne un gredin et un
honnête homme ! » Eh! qui donc le fait plus souvent que vous,
Censeurs ? Bien mieux, l'honnête homme qui s'élève ouvertement
contre l'ordre établi, contre les sacro-saintes institutions, etc.,
vous le coffrez comme un criminel, tandis qu'à un subtil coquin vous
confiez vos portefeuilles et des choses encore plus précieuses. »
«Néron
était un possédé très malcommode, un fou dangereux. C'eût été
une sottise de perdre son temps à le rappeler au « respect des
choses sacrées », pour lamenter ensuite parce que le tyran n'en
tenait aucun compte et agissait à sa guise. À chaque instant, on
entend des gens invoquer la sacro-sainteté des imprescriptibles
droits de l'Homme devant ceux-là mêmes qui en sont les ennemis, et
s'efforcer de prouver et de démontrer par anticipation que telle ou
telle liberté est un des « droits sacrés de l'Homme ».
« Ce
n'est pas la sainteté d'un droit et toutes les preuves qu'on peut en
fournir qui en font approcher d'un pas : se lamenter, pétitionner ne
convient qu'aux mendiants. »
« Lorsque
nous sommes ainsi bourrés de sentiments donnés, nous
parvenons à la majorité et nous pouvons être « émancipés ».
Notre équipement consiste « en sentiments élevés, pensées
sublimes, maximes édifiantes, éternels principes », etc. Les
jeunes sont majeurs quand ils gazouillent comme les vieux ; on
les pousse dans les écoles pour qu'ils apprennent les vieux
refrains, et, quand ils les savent par cœur, l'heure de émancipation
a sonné. »
« Tel
est le sens de ce qu'on appelle « la charge d'âme » :
mon âme et mon esprit doivent être façonnés d'après ce qui
convient aux autres, et non d'après ce qui pourrait me convenir à
moi-même. »
« Celui
qui rêve de l'homme perd
de vue les personnes à mesure que s'étend sa rêverie ; il
nage en plein intérêt sacré, idéal. L'homme n'est
pas une personne, mais un idéal, un fantôme. »
« Religion
et Politique placent l'homme sur le terrain du devoir. Il
doit devenir ceci ou
cela, il doit être ainsi et non autrement. »
« Car
être religieux, c'est n'être pas pleinement satisfait de l'homme
présent, c'est
imaginer une « perfection » qui doit être atteinte et se figurer
l'homme comme « tendant à se parfaire. »
« Rien
n'est plus redoutable pour l'État que la valeur du Moi ; il n'est
rien dont il doive plus soigneusement me tenir à l'écart que de
toute occasion de m'exploiter moi-même. »
« Mets
la main sur ce dont tu as besoin, prends-le. C'est la déclaration de
guerre de tous contre tous. Moi seul suis juge de ce que je veux
avoir. »
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