dimanche 23 juillet 2017

LE CRÉPUSCULE.


L'OPERAÏSME ITALIEN ET SES ENVIRONS.

« Cela constitue le couronnement de la victoire politico-militaire : ôter à l'ennemi les armes de la critique et de la conscience qui fondent son être subversif. Mais aucun mouvement ne procède de façon continue, ascendante, inaltérée. Le problème qui se pose, c'est de comprendre quelles sont les causes du coup d'arrêt, des erreurs pratiques, et des limites de 1a théorie. Pour ce faire, il est nécessaire de se libérer du passé, non par le refoulement collectif qui est tellement à la mode ces temps-ci, mais par une critique radicale et directe.
C'est pourquoi il faut se débarrasser des fétiches consolants que constituent certaines formes de la pratique et de la théorie que le spectacle a collées, post festum, au mouvement. »

« Mais de toute façon, ce n'est pas là qu'est la question. Il ne s'agit pas de déterminer sociologiquement la composition de la classe et puis d'en tirer des jugements politiques. La radicalité des conseils tient en ce qu'ils ont posé avec clarté le problème de l'autonomie du prolétariat face non seulement au capital, mais aussi face à toutes les institutions, partis ou syndicats, qui prétendent le représenter. Les hommes et femmes des conseils combattaient à la fois contre le gouvernement social-démocrate et contre le parti communiste inféodé aux intérêts de « l’État Ouvrier». La même chose se produisit à Kronstadt, où les conseils furent
l'instrument de défense de l'autonomie ouvrière contre la dictature bureaucratique du parti. Et ceux-là de Kronstadt, étaient-ils des ouvrierEs professionnelLEs ? »

« Dans les années vingt, la gauche communiste, libertaire et antibolchevique, avait compris que c'est au mouvement de créer l'organisation et non l'inverse. »

« Roosevelt, politicien intelligent qui, outre son admiration pour Keynes, avait aussi étudié la législation du travail de l'Italie fasciste, lança en 1933 un programme de réformes - ce fut le New Deal, le nouveau contrat - qui libérèrent, mais seulement pour les diriger, les canaliser, les forces réprimées d'une classe ouvrière vaincue et démoralisée. Le mouvement des grèves se déchaîna surtout après 1933; ce fut le prix calculé que le capital paya pour réaliser sa propre réorganisation. Ça n'a rien à voir avec un pouvoir ouvrier ! »

«Du fait que le salaire est la mesure du pouvoir de la classe, il faut le distribuer à tous : ménagères, étudiantEs, délinquantEs (comme le dit Marx, eux aussi sont des travailleurs/euses productifs/ves), droguéEs, marginaux/ales, etc. À quelle logique appartient ce type de revendications ? Il y en a de deux sortes. CertainEs tiennent les ouvrierEs pour incapables de comprendre qu'il est l'heure d'en finir avec le travail salarié; on a donc recours à des revendications immédiatement compréhensibles mais irréalisables, donc de grande valeur pour l'agitation : c'est la vieille merde gradualiste. D'autres croient souhaitable d'introduire toujours plus d'humanité dans les plaisirs de l'esclavage salarié. Nous penchons pour cette dernière interprétation. »

«Là où la valeur modèle et connecte chaque instant du vécu, là où l'économie a surmonté la barrière du moment productif et a envahi tout individu, l’autonomie est la transformation collective de la vie quotidienne et la transformation de la subjectivité du corps. »



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