L'OPERAÏSME
ITALIEN ET SES ENVIRONS.
« Cela
constitue le couronnement de la victoire politico-militaire : ôter à
l'ennemi les armes de la critique et de la conscience qui fondent son
être subversif. Mais aucun mouvement ne procède de façon continue,
ascendante, inaltérée. Le problème qui se pose, c'est de
comprendre quelles sont les causes du coup d'arrêt, des erreurs
pratiques, et des limites de 1a théorie. Pour ce faire, il est
nécessaire de se libérer du passé, non par le refoulement
collectif qui est tellement à la mode ces temps-ci, mais par une
critique radicale et directe.
C'est
pourquoi il faut se débarrasser des fétiches consolants que
constituent certaines formes de la pratique et de la théorie que le
spectacle a collées, post festum, au mouvement. »
« Mais
de toute façon, ce n'est pas là qu'est la question. Il ne s'agit
pas de déterminer sociologiquement la composition
de la classe et puis d'en tirer des jugements politiques. La
radicalité des conseils tient en ce qu'ils ont posé avec clarté le
problème de l'autonomie du prolétariat face non seulement au
capital, mais aussi face à toutes les institutions, partis ou
syndicats, qui prétendent le représenter. Les hommes et femmes des
conseils combattaient à la fois contre le gouvernement
social-démocrate et contre le parti communiste inféodé aux
intérêts de « l’État Ouvrier». La même chose se produisit à
Kronstadt, où les conseils furent
l'instrument
de défense de l'autonomie ouvrière contre la dictature
bureaucratique du parti. Et ceux-là de Kronstadt, étaient-ils des
ouvrierEs professionnelLEs ? »
« Dans
les années vingt, la gauche communiste, libertaire
et antibolchevique, avait compris que c'est au mouvement de créer
l'organisation et non l'inverse. »
« Roosevelt,
politicien intelligent qui, outre son admiration pour Keynes, avait
aussi étudié la législation
du travail de l'Italie fasciste, lança en 1933 un programme de
réformes - ce fut le New Deal, le nouveau contrat - qui libérèrent,
mais seulement pour les diriger, les canaliser, les forces réprimées
d'une classe ouvrière vaincue et démoralisée. Le mouvement des
grèves se déchaîna surtout après
1933; ce fut le prix
calculé que le capital paya pour réaliser sa propre réorganisation.
Ça n'a rien à voir avec un pouvoir ouvrier ! »
«Du
fait que le salaire est la mesure du pouvoir de la classe, il faut le
distribuer à tous : ménagères, étudiantEs, délinquantEs
(comme le dit Marx, eux aussi sont des travailleurs/euses
productifs/ves), droguéEs, marginaux/ales, etc. À quelle logique
appartient ce type de revendications ? Il y en a de deux sortes.
CertainEs tiennent les ouvrierEs pour incapables de comprendre qu'il
est l'heure d'en finir avec le travail salarié; on a donc recours à
des revendications immédiatement compréhensibles mais
irréalisables, donc de grande valeur pour l'agitation : c'est la
vieille merde gradualiste. D'autres croient souhaitable d'introduire
toujours plus d'humanité dans les plaisirs de l'esclavage salarié.
Nous penchons pour cette dernière interprétation. »
«Là
où la valeur modèle et connecte chaque instant du vécu, là où
l'économie a surmonté la barrière du moment
productif et a envahi tout individu, l’autonomie est la
transformation collective de la vie quotidienne et la transformation
de la subjectivité du corps. »
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