Cathéchisme
Révolutionnaire :
« L'expérience nous apprend, au contraire, que le
système répressif et autoritaire, loin d'en avoir arrêté les
débordements, l'a toujours plus profondément et plus largement
développée dans les pays qui s'en sont trouvés atteints, et que la
morale publique et privée a toujours descendu et monté à mesure
que la liberté des individus se rétrécissait ou s'élargissait. »
« Liberté illimitée de toute sorte de
propagande par le discours, par la presse, dans les réunions
publiques et privées, sans autre frein à cette liberté que la
puissance salutaire naturelle de l'opinion publique. Liberté absolue
d'associations, sans exempter celles qui par leur objet seront ou
paraîtront immorales et même celles qui auront pour objet la
corruption et la [destruction] [Illisible sur le manuscrit de
Nettlau. ] de la liberté individuelle et publique. La liberté ne
peut et ne doit se défendre que par la liberté ; et c'est un
contresens dangereux que de vouloir y porter atteinte sous le
prétexte spécieux de la protéger ; et, comme la morale n'a pas
d'autre source, d'autre stimulant, d'autre cause, d'autre objet que
la liberté, et comme elle n'est elle-même rien que la liberté,
toutes les restrictions qu'on a imposées à cette dernière dans le
but de protéger la morale ont toujours tourné au détriment de
celle-ci. »
« Appliqués à la politique internationale, ces
principes sont : Chaque pays, chaque nation, chaque peuple, petit ou
grand, faible ou fort, chaque région, chaque province, chaque
commune ont le droit absolu de disposer de leur sort ; de déterminer
leur exigence propre, de choisir leurs alliances, de s'unir et de se
séparer, selon leurs volontés et besoins sans aucun égard pour les
soi-disant droits historiques et pour les nécessités politiques,
commerciales ou stratégiques des États. »
« Un pays conquérant est nécessairement un pays
intérieurement esclave. La gloire et la grandeur d'une nation
consistent uniquement dans le développement de son humanité. Sa
force, son unité, la puissance de sa vitalité intérieure se
mesurent uniquement par le degré de sa liberté. »
« Causes de ruine, de corruption, d'abrutissement
et de tyrannie intérieurs, les armées permanentes et le métier de
soldat sont [en outre] une [menace] contre la prospérité et
l'indépendance de tous les autres pays. »
Politique
de l'Internationale :
« Que pour te donner de la force tu dois
t'associer non avec des bourgeois, ce qui serait de ta part une
sottise ou un crime parce que tous les bourgeois en tant que
bourgeois sont nos ennemis irréconciliables, ni avec des ouvriers
infidèles et qui seraient assez lâches pour aller mendier les
sourires et la bienveillance des bourgeois, mais avec des ouvriers
honnêtes énergiques et qui veulent franchement ce que tu veux ?
As-tu compris qu'en vue de la coalition formidable de
toutes les classes privilégiées de tous les propriétaires
capitalistes et de tous les États dans le monde, une association
ouvrière isolée, locale ou nationale, appartînt-elle même à l'un
des plus grands pays de l'Europe ne pourra jamais triompher et que
pour tenir tête à cette coalition et pour obtenir ce triomphe, il
ne faut rien [de] moins que l'union de toutes les associations
ouvrières locales et nationales en une association universelle, il
faut la grande Association Internationale des Travailleurs de tous
les pays ? »
« S'ils avaient arboré le drapeau d'un système
politique ou antireligieux, loin d'unir les ouvriers de l'Europe, ils
les auraient encore plus divisés ; parce que, l'ignorance des
ouvriers aidant, la propagande intéressée et au plus haut degré
corruptive des prêtres, des gouvernements et de tous les partis
politiques bourgeois, sans en excepter les plus rouges, a répandu
une foule de fausses idées dans les masses ouvrières, et que ces
masses aveuglées se passionnent malheureusement encore trop souvent
pour des mensonges, qui n'ont d'autre but que de leur faire servir,
volontairement et stupidement, au détriment de leurs intérêts
propres, ceux des classes privilégiées. »
« ces classes se sont servies de la puissance
musculaire du peuple pour se détrôner mutuellement, et pour se
mettre à la place l'une de l'autre. Le peuple à son tour n'a jamais
pris parti pour les unes contre les autres que dans le vague espoir
qu'au moins l'une de ces révolutions politiques, dont aucune n'a pu
se faire sans lui, mais [dont] aucune ne s'est faite pour lui,
apporterait quelque soulagement à sa misère et à son esclavage
séculaires. »
« Et ils resteront toujours les mêmes tant que
les masses populaires continueront de servir d'instrument à la
politique bourgeoise, que cette politique s'appelle conservatrice,
libérale, progressiste, radicale, et lors même qu'elle se donnerait
les allures les plus révolutionnaires du monde. Car toute politique
bourgeoise, quels que soient sa couleur et son nom, ne peut avoir au
fond qu'un seul but : le maintien de la domination bourgeoise, et la
domination bourgeoise, c'est l'esclavage du prolétariat. »
« Annoncez
tout d'abord ces deux buts à des ouvriers ignorants, écrasés par
le travail de chaque jour et démoralisés, emprisonnés [Peut-être
faut-il lire avec James Guillaume : empoisonnés.] pour ainsi dire
sciemment par les doctrines perverses que les gouvernements, de
concert avec toutes les castes privilégiées, prêtres, noblesse,
bourgeoisie, leur distribuent à pleines mains, et vous les
effrayerez ; ils vous repousseront peut-être, sans se douter que
toutes ces idées ne sont rien que l'expression la plus fidèle de
leurs propres intérêts, que ces buts portent en eux la réalisation
de leurs voeux les plus chers ; et qu'au contraire les préjugés
religieux et politiques, au nom desquels ils les repousseront
peut-être, sont la cause directe de la prolongation de leur
esclavage et de leur misère. »
« Règle
générale : On ne peut convertir que ceux qui sentent le besoin de
l'être, que ceux qui portent déjà dans leurs instincts ou dans les
misères de leur position, soit extérieure, soit intérieure, tout
ce que vous voulez leur donner ; jamais vous ne convertirez ceux qui
n'éprouvent le besoin d'aucun
changement,
même ceux que, tout en désirant sortir d'une position dont ils sont
mécontents, sont poussés, par la nature de leurs habitudes morales,
intellectuelles et sociales, à la chercher [... une position
meilleure.] dans un monde qui n'est pas celui de vos idées. »
« Nous
rangeons sans doute aussi dans cette catégorie les rares et généreux
ouvriers qui, tout en ayant la possibilité de monter
individuellement au-dessus de la classe ouvrière, n'en veulent pas
profiter, aimant mieux souffrir encore quelque temps, solidairement
avec leurs camarades de
misère,
de l'exploitation des bourgeois, que de devenir des exploiteurs à
leur tour. Ceux-là ont pas besoin d'être convertis ; ils sont des
socialistes purs. »
« Mais,
dira-t-on, les travailleurs, devenus plus sages par l'expérience
même qu'ils ont faite, n'enverront plus des bourgeois dans les
assemblées constituantes ou législatives, ils enverront de simples
ouvriers. Tout pauvres qu'ils sont, ils pourront bien donner
l'entretien nécessaire à leurs
députés.
Savez-vous ce qui en résultera ? C'est que les ouvriers députés,
transportés dans des conditions d'existence bourgeoise et dans une
atmosphère d'idées politiques toutes bourgeoises, cessant d'être
des travailleurs de fait pour devenir des hommes d'État, deviendront
des bourgeois, et peut-être même plus bourgeois que les bourgeois
eux-mêmes. »
« Faisant
abstraction, comme le lui commandent ses statuts, de toute politique
nationale et locale, elle donnera à l'agitation ouvrière dans tous
les pays un caractère essentiellement économique, en posant comme
but : la diminution des heures de travail et l'augmentation des
salaires ; comme
moyens
: l'association des masses ouvrières et la formation des caisses de
résistance. »
Dieu
et l'Etat :
« Tant que nous ne saurons pas nous rendre compte
de la manière dont l'idée d'un monde surnaturel ou divin s'est
produite et a dû fatalement se produire dans le développement
historique de la conscience humaine, nous aurons beau être
scientifiquement convaincus de l'absurdité de cette idée, nous ne
parviendrons jamais à la détruire dans l'opinion de la majorité ;
parce que nous ne saurons jamais l'attaquer dans les profondeurs
mêmes de l'être humain, où elle a pris naissance, et, condamnés à
une lutte stérile, sans issue et sans fin, nous devrons toujours
nous contenter de la combattre seulement à la surface, dans ses
innombrables manifestations, dont l'absurdité, a peine abattue par
les coups du bon sens, renaîtra aussitôt sous une forme nouvelle et
non moins insensée. »
« Car nous aurons beau nous dire et nous croire athées
: tant que nous n'aurons pas compris ces causes, nous nous laisserons
toujours plus ou moins dominer par les clameurs de cette conscience
universelle dont nous n'aurons pas surpris le secret ; et, vu la
faiblesse naturelle de l'individu même le plus fort contre
l'influence toute-puissante du milieu social qui l'entoure, nous
courrons toujours le risque de retomber tôt ou tard, et d'une
manière ou d'une autre, dans l'abîme de l'absurdité religieuse. »
« Toutes les religions sont cruelles, toutes sont
fondées sur le sang, car toutes reposent principalement sur l'idée
du sacrifice, c'est-à-dire sur l'immolation perpétuelle de
l'humanité à l'inextinguible vengeance de la Divinité. »
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