Extraits tirés de l'ouvrage : "De l'argent : la ruine de la politique" partie II
" La haine de l'argent était une politique. Mais il n'y a plus aucune politique pour s'ajuster à elle. Parce qu'il n'y a plus aucune politique. Parce qu'il n'y a pas de politique dont l'argent n'ait eu raison. Il n'y a pas de politique dont l'argent n'ait eu raison parce qu'il n'y a pas de politique dont l'argent ne décide. L'argent décide à c point de tout qu'il n'y a plus de politique, "même de l'argent".
Et c'est un cercle infernal. Dont on ne sortira pas sans sortir de tout ce qui fait horreur. Sans opposer à ce qui fait horreur la violence qui permettra d'en sortir. La violence la plus grande. La politique a, à ce point, disparu qu'il n'y aura pas même lieu de dire que cette violence sera si peu que ce soit "révolutionnaire."
" La politique a disparu et la domination est à peu près totale.
Quoi qu'on veuille dire, entrant dans les détails ou les tenants à distance (simplifiant), quelque démonstration qu'on puisse désirer apporter, il n'y en a pas un qui ne demande qu'on dise d'abord ceci : de la politique, il ne reste rien. C'est parce qu'il y en a plus ni n'en reste rien que la domination est totale.
La domination n'est pas une des formes possibles de la politique mais la forme entre toutes de sa disparition En quelques termes qu'on choisisse de le dire, la disparition de la politique n'a jamais témoigné d'autre chose que du triomphe de la police sur la politique. C'est le cas ici, si loin qu'on semble pourtant d'un cas de figure auquel on reconnaîtrait que la police l'a emporté sur la politique. Ainsi, dire que la domination n'est pas une forme de la politique nécessite qu'on dise aussi qu'il fallait que la politique disparaisse pour que la domination l'emporte. Si la domination était politique, c'est toute la possibilité de la politique qui demeurerait. Or, c'est tout le contraire qui se passe. La domination est sans partage Parce que la politique il n'y a plus de part. La politique a d'autant moins de part à la domination que c'est elle qui s'est employée à sa disparition définitive.
Mais une autre raison doit alors être invoquée, dont on ne sait pas, maintenant, s'il y a lieu d'y voir la chose la mieux concertée ou le résultat d'un hasard malheureux : la domination a étendu ses plans, réformé ces procédures, établi ses topographies au moment même où notre attention en était détournée.
N'avons-nous rien vu, rien compris, rien anticipé de ce que la domination établissait? C'est que notre attention était tout entière requise par ce qui était fait pour qu'on croie "que de la politique existait encore". Nous ne l'avons pas cru d'abord d'une façon à laquelle de l'attente, peut-être même de l'espérance, aurait été liée. En un sens seulement dont "l'angoisse" décidait. Ce constat s'impose : nous nous sommes encore occupés de politique, non pas quoi qu'il n'en existât déjà plus, mais parce que nous craignions que la seule qui restait fût la pire des politiques."
 
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