jeudi 12 juin 2025

10/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 De l argent. La ruine de la politique. Partie. 5


""Le capital s'est sorti à son avantage de ce jeu. Au point qu'on oublie qu'il n'est pas moins une idéologie que le communisme ne l'était. Qu'il est une idéologie comme le communisme l'était. Au point qu'on ne compte pas les morts qu'il a faits. On en est là. C'est étrange sans doute. L'histoire en est à ce moment, étrange entre tous, ou l'on ne compte les morts que d'un côté.

Et c'est ce qu'il a fallu qu'on comptant. Il fallait que tous ceux qui ont intérêt à discréditer les révolutions puissent compter les morts que celles-ci ont faits. Pour dire à la fin que seules les révolutions ont fait des morts. Que c'est même à cela à cela qu'il est possible de reconnaître les révolutions: aux morts qu'elles ont faits."


""Ce sont ceux à qui la démocratie n'est jamais suffisante qui aujourd'hui la menacent le plus. Ce sont ceux qui ont le plus vivement protesté tout un temps contre le fait qu'une telle démocratie ne soit que formelle qui aujourd'hui font tout ce qu'il est possible de faire pour qu'elle ne prétende pas à plus que les formes auxquelles on la reconnaît et l'identifie 

Que veulent-ils ils? Ils veulent la transparence, Il n'y a pas de jour qu'on ne nous demande de le croire. A qui veulent-ils que cette transparence s'administre? A tous sans doute, mais d'abord à ceux qui disposent des moyens de l'argent. Et pourquoi veulent-ils que ce soient d'abord ceux qui disposent de l'argent qui se prêtent à une transparence assez contraire aux habitudes que l'argent a toujours nourries? Sans doute pour que nul ne puisse plus douter que l'argent lui aussi est fait pour être transparent. Et, ne doutant plus qu'il est, ne doute pas que c'est au moyen de l'argent qu'est le plus susceptible d'être réalisé ce que tout s'attendait que la révolution réalise. (De là qu'on voie le capital vouloir démontrer qu'il est vertueux. Parce qu'il s'agit pour lui de priver l'esprit de révolution de ses motifs de prédilection. Vertueux, il n'en devient sans doute pas pour autant pour tous égal. Il accrédite seulement l'idée selon laquelle la "fatalité de l'égalité" pèse sur tous, quand bien même elle ne comble pas encore tout le monde également.)"


""Cet équilibre s'est établi qui a voulu que l'argent ne soit plus ce qu'on croyait capable de menacer "les" libertés, mais ce au moyen de quoi on a cru alors - et on l'a cru sans doute, on a dû le croire massivement puisque cela est arrivé - que c'était toutes des libertés qui était assurées. Entre tous les retournements auxquels il nous a fallu assister, même impuissants, même avec haine, c'est le plus considérable.

Fin des idéologies, ont dit partout, avec aplomb, ceux qui étaient en effet hypocritemenr intéressés à ce qu'elles finissent. Les idéologies ne finissaient pas pourtant: simplement, de plus grandes l'emportaient sur celles qui avaient été impuissantes à faire qu'on les choisisse plus longtemps. Il a pu exister un temps où on ne voulut pas que l'argent s'imposât à ce point à tout ce qui était. D'aucuns ne le voulaient pas au point de prétendre même qu'un temps que l'argent régirait sans partage ni condition resterait entre tous les temps qu'on pouvait ou imaginer ou craindre, le pire. Ce qui est extraordinaire, ce n'est pas tant que cela soit devenu possible; ce qui est extraordinaire, c'est quand tel temps ait pu arriver et faire qu'on dise de lui, non pas qu'il est le pire des temps possibles, mais le meilleur."


""Qu'arrêtait-on en arrêtant quelqu'un que la presse ou la justice convainquait de pratiques illégales ( bourgeois, élu, entrepreneur)? On n'arrêtait rien, en réalité. Le capital ne s'est jamais sérieusement soucié de ceux auxquels il devait de fonctionner. Quelques-uns pouvaient-ils être convaincus de prendre avec la légalité qu'il rêve de représenter des libertés telles qu'on pourrait être amené à douter qu'il soit le seul à pouvoir prétendre garantir la liberté? Qu'on les sacrifie alors. Qu'on les jette en pâture à ceux qui ne sont plus en mesure de mener la guerre contre le capital: que ceux-ci continuent de croire qu'ils s'en prennent au capital quand ils ne s'en prennent qu'à ceux dont lui-même n'est que trop content de se débarrasser.

Le capital a en fait saisi l'occasion que lui fournissaient ceux qui s'étaient jusque-là dressés contre lui pour se dresser lui-même (et dresser ses règles) contre ceux des seins qui l'empêchaient de prétendre être, entre tous les systèmes le plus juste. De le devenir du moins. Au point. Qu'il n'y en ait plus d'autre pour pouvoir le prétendre. Encore moins l'être. Quelques-uns, qui ont renoncé à renverser le capital, se contenteraient il de le discréder en démontrant qu'il n'est pas aussi juste ni aussi pur qu'il le prétend? Il suffirait à celui-ci, en ce cas, de démontrer qu'il a, en commun avec eux, la volonté de se débarrasser des excès qui compromettraient son principe de justice.

Entre toutes les alliances contre nature, celle-ci est la plus remarquable m. Et c'est de bonne foi sans doute qu'elle s'est formée. Avant que ceux qui étaient le moins intéressés à ce qu'elle se format voient quel parti il leur serait possible d'en tirer.

Si l'hypothèse de la bonne foi ne peut pas être tout à fait écartée, s'agissant des débuts de cette alliance contre nature, elle doit l'être absolument pour tout ce qui a suivi. Ceux qu'on a vus la maintenir, qu'ils aient ou non été ceux qui l'ont formée les premiers, peuvent et doivent être accusés d'avoir pactisé. Ils seraient de gauche, sans doute, puisque c'est ce qu'ils ne cessent pas d'affirmer. Il serait même d'extrême gauche. De gauche ou d'extrême gauche, ils ne cesseraient pas cependant de faire très exactement ce que le régime le plus dur de l'argent était le plus intéressé à les voir faire. Et ils continueraient de le faire sans voir qu'il continueraient de faire ce qu'il fallait pour que le régime de l'argent s'affermisse; et s'impose sans réserve.

La domination est le résultat de cette alliance politiquement inédite."

Aucun commentaire: