vendredi 27 juin 2025

Émission de France culture « Intelligence service » présentée par Jean Lebrun

 date de l'émission samedi 23 octobre 2021

avec Jacob Rogozinski

en 1992 Jean-Luc Nancy transplanté du cœur en 1992


La déconstruction pour retrouver une énergie là où « la sédimentation des mots a recouvert les sources.


Il parle du fonds qu'il a atteint.


« je dirais qu'au fond du cœur c'est à dire aussi au fond du corps on peut toujours descendre plus bas ou plutôt il n'est pas question de descendre mais on est dans le vide le suspens qu'il y a entre les 2 côtés du battement lorsque le cœur bat lorsque l'on sent son cœur battre en fait ce qu'on sent c'est les coups mais entrez les coups la possibilité que ça s'arrête de battre. Et dans cette imminence de l'arrêt il y la possibilité je ne dirais pas de la mort encore une fois parce que la mort n'est pas de cet ordre là pour autant qu'on puisse dire quelque chose de la mort mais la possibilité ou peut-être alors peut-être je me ravise c'est la mort la possibilité simultanément de sentir justement exactement la vie comme telle et de rien sentir du tout »


anonymiser les dons


« On parle toujours du don d'organes on fait beaucoup campagne pour le don d'organes c'est bien bien sûr il faut le faire surtout qu'il y a un peu un ralentissement il semble surtout en France du don de plus en plus de gens qui meurent parce qu'on ne leur trouve pas un greffon mais l'idée du don d'organes elle repose sur l'appel à la générosité ça consiste à donner quelque chose quelque chose qu'on possède mais justement tout ça nous démontre que l'on ne possède pas notre corps une fois mort on n'a aucune raison de le considérer comme une propriété la greffe elle nous apprend qu'il y a un échange un partage une interconnexion de nos corps et c'est très bien si on peut prendre le cœur de quelqu'un de mort et le donner à quelqu'un d'autre ce serait mieux de parler de transmission de la vie si vous voulez plutôt que de don. »


il ne faut jamais céder au mauvais silence.


« sur quoi faut il qu'il y ait un accord de tous dans la décision finale ? Sur une survie qu'on ne peut considérer du strict point de vue d'une pure nécessité ? Où irait-on la prendre?qu'est ce qui obligerait à me faire survivre ? Cette question ouvre sur un grand nombre d'autres. Pourquoi moi ? Pourquoi survivre en général ? Que signifie survivre?est ce d'ailleurs un terme approprié ? en quoi une durée de vie est-elle un bien? j'ai alors 50 ans cet âge n'est jeune que pour une population de pays développés à la fin du XX° siècles. Mourir à cet âge n'avait rien de scandaleux il y a deux ou trois siècles seulement. Pourquoi le mot scandaleux peut il me venir aujourd'hui dans ce contexte ? et pourquoi et comment n'y a t il plus pour nous développés de l'an 2000 de juste temps pour mourir guère avant 80 ans. Et cela ne va pas cesser d'avancer ? Où sont ici la justesse et la justice ? Qui les mesure. Qui les prononce. Tout me viendra d'ailleurs et du dehors en cette affaire. »



« Je me rappelle bien être dans cette chambre stérile entouré de pleins d'appareils et de tuyaux plusieurs tuyaux qui sortaient delà, je crois, et c'était les drains pour la cicatrice mais instantanément en me réveillant il y avait la double certitude bon je sors de l'opération je suis vivant et la deuxième on m'a changé le cœur et ça je n'en vois rien je vois rien il y avait une certitude et une chose incroyable »


« c'était pour moi une réflexion sur le rapport que nous avons aujourd'hui avec la technique avec la manière dont un corps peut être entièrement disons instrumentalisés par la technique mais je le dis là dans un sens tout à fait positif vraiment passionnant d’être situé dans tellement au cœur de l'histoire de la technique qui est après tout véritablement l'histoire de l'homme depuis disons la première grande révolution technique c'est à dire le néolithique je crois maintenant en effet il y a vraiment une révolution technique importante à la fois formidable et redoutable terrible peut-être mais qui va jusqu'à ça jusqu'à nous mettre dans des organes étrangers toute sorte d'appareillage et de fonctionnement étranger dans le corps. »


absenthéiste : une pensée de dieu qui s'est absenté.


« Passé dix ans quinze ans maintenant ça va faire bientôt 18 ans de greffe on commence à se sentir fragile on dit combien quel est l'âge du plus vieux greffé du cœur qu'on connaît alors on entend 20 22 ah bon ça va au début pour moi 10 ans c'était un grand maximum c'est très étrange comme on peut se représenter 10 ans comme une éternité et quand on a passé les 10 ans on se dit oh mais je suis vieux greffé qu'est ce qui va m'arriver (oh mais vous avez l'air pas mal) oui oui non non maintenant je crois que je suis éternel. »


« alors il va y avoir bientôt 28 ans que j'ai été greffé du cœur maintenant ça va mais la prochaine fois ils vont encore dire qu'il faut autre chose ça devient une réparation interminable on se demande à quel moment on en finit de réparer de réparer ce que l'on a à réparé »


parle de la démocratie chacun est singulier mais il doit être pluriel tiré de son livre démocratie singulier / pluriel. Un récit


« il y a des hommes rassemblés et quelqu'un qui leur fait un récit. Ces hommes rassemblés, on ne sait pas encore si ils font encore une assemblée, si ils sont une horde ou une tribu. Mais nous les disons frères parce qu'ils sont rassemblés et parce qu'ils écoutent le même récit. Celui qui raconte on ne sait pas encore si il est des leurs ou si c'est un étranger. Nous le disons des leurs mais différent d'eux parce qu'il a le don ou simplement le droit ou à moins que ce soit le devoir de réciter. Il n'était pas rassemblés avant le récit, c'est la récitation qui les rassemble. Avant ils étaient dispersés c'est du moins ce que le récit parfois raconte se côtoyant coopérant ou s'affrontant sans se reconnaître. Mais l'un d'eux s'est immobilisé un jour peut-être est-il survenu comme revenant d'une absence prolongée, d'un exil mystérieux. Il s'est immobilisé en un lieu singulier à l'écart mais en vu des autres un tertre ou un arbre foudroyé et il a entamé le récit qui a rassemblé les autres. »


et au fond il leur a raconté leur histoire.


« Petit préambule d'activiste. Chômage comme si le plein emploi était le seul idéal. Chômage de masse, comme si un seul chômeur ne portait pas une masse d'angoisse. Gagner ou perdre comme si on ne pouvait rien faire d'autre. Écart croissant entre riches et pauvres comme si cet écart n'était creusé par les uns sur le dos des autres. Guerre et terrorisme comme si l'effroi n'était pas monté vers nous du fond de notre paix confortable. Catastrophe technique et naturelle comme si on pouvait encore distingué. Démantèlement des services publiques comme si les services n'étaient pas une marchandise de pointe. Choc de civilisations comme si il n'y en avait pas une seule éplorée de sa propre violence. Éboulement des valeurs comme si il n'y en avait d'autres que monnayables. Religions meurtrières comme si le meurtre n'était pas déjà rituel. Politique corrompue comme si elle n'était pas déjà rompue. Article vibrant pour une démocratie retrouvée comme si on l'avait jamais trouvée. Pétition pour solidarité, fraternité, justice, comme si c'était affaire de paraphes. Arrêtons ces discours courus d'avance, tout n'est-il pas déjà passé à la trappe, banalités de plus, alors on peut commencer mais ne vous contentez pas de lire, faites quelque chose. »

Aucun commentaire: