dimanche 29 juin 2025

27/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

  Cinquième volet de la série : "De la domination" de Michel Surya "Les singes de leur idéal : sur l'usage récent du mot "changement". Partie VI

68/ Plus rien ne doit pouvoir dépendre d'elle: c'est la condition à laquelle elle s'est fait élire. La démonstration qui lui incombe de faire, c'est qu'il ne dépend "politiquement" de personnes que quoi que ce soit soit possible, surtout pas d'elle- sinon, la politique recommencerait, et il n'y a rien que la "gauche" veuille moins, d'accord en cela une fois encore avec la droite.




69/ L'hypercapitalisme n'invente pas politiquement tous les jours quelque chose de nouveau (il n'en a nul besoin, n'étant pas lui-même une politique). Il est même rare qu'il invente quoi que ce soit. Il n'en reste pas moins très en avance sur tout ce qui prétend s'opposer politiquement à lui, qui n'invente plus rien non plus, et depuis longtemps. Qui montre même à ne rien inventer une persévérance qui tranche avec la prétention qu'il a du contraire.




73/ On peut en faire le pari: la "gauche", dans cinq ans, perdra les élections, et les perdra au profit de la droite, non sans pouvoir cependant afficher la fierté d'avoir "assaini" la situation et laissé des comptes "à l'équilibre" - vieille fierté que celle-ci tire toujours péniblement de ses rares passages par le pouvoir.




74/ Il n'y a que la gauche (toute la gauche, y compris syndicale) pour ne pas voir comment la conflictualité par laquelle elle se définit, à laquelle elle se reconnaît - "mon adversaire, c'est la finance" - est une conflictualité fausse ou feinte, qui sert en dernier ressort les intérêts de la domination. Qui les sert en cela : elle établira pour finir de nouveaux rapports de domination, dont il sera peut-être possible de dire qu'ils seront plus justes, mais dont il est déjà certain qu'ils seront plus durs (ayant obtenu l'assentiment de tous ceux qu'ils intéressent). Toute négociation, en ce sens, est aujourd'hui de nature à les conforter.


La droite n'a jamais su passer qu'en force. Or, il n'y a rien que la domination n'exècre maintenant comme l'évidence de cette force (maintenant que l'apaisement est sa règle, par lequel se définit dorénavant la démocratie avancée). A quoi elle préfère de beaucoup la réciprocité apparente de la négociation.




75/ La politique de la négociation sociale que la "gauche" nouvellement élue veut également faire entrer dans la loi (qu'elle veut aussi constitutionnaliser) ne dit pas autre chose : qu'il faut que chacun consente à ce à quoi il faudra de toute façon qu'il se résigne. Suivant le théorème politologique qui veut qu'il y ait de démocratie qu'apaisée (l'alternance), il ne doit y avoir de démocratie sociale qu'elle aussi apaisée, autrement dit qui ne se "négocie" (table ronde, "grand messe", Grenelle etc).

26/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 Cinquième volet de la série : "De la domination" de Michel Surya "Les singes de leur idéal : sur l'usage récent du mot "changement". Partie V



57/ Un soupçon s'immisce, qui veut qu'on demande: qu'est-ce qui distingue par nature le tranvail sexuel du travail en général? Que le sexe y est engagé? Mais en quoi le fait que le sexe y soit engagé distingue ce travail de tout le travail où tout le corps n'est pas moins engagé, le sexe excepté? Où l'on voit qu'il s'agit d'opérer une distinction morale au cœur de l'exploitation. Une distinction de nature idéologiser l'exploitation par le travail, séparant entre celle qui satisferait aux exigences des droits de l'homme ( du capital) et celle qui n'y satisfait manifestement pas."


59/ 1. Que les filières, trafics, passeurs, etc existent aussi pour le travail non sexuel, voilà ce dont la porte-parole du gouvernement de "gauche" ne semble opportunèment pas s'être avisée.

 2. Parce qu'en tant que le proxénétisme serait sexuel, il ne serait aucunement capitaliste. Représentation sur laquelle s'accorderont et la droite et la gauche, ni l'une ni l'autre n'étant à l'évidence prêtes à s'accorder sur cela qu'il n'y a de capitalisme en tant que tel que proxénétique? (On rappellera cependant pas sans arrière-pensée que "proxénitès" était celui qui s'entremêttait dans un marché, hors de toute acception sexuelle, autrement dit ce qu'on appelle encore un "courtier" 

3. La prostitution a pourtant de tout temps préfiguré ce que le capitalisme a, il y a peu, conçu et disposé légalement sous le titre aussi exact qu' éloquent de "l'auto-entreprise" asymptote de la réification entrepreneuriale."


60/ Auto-entrepreneur: celui qui "s'entreprend" lui-même dans l'échange ou le service; et s'identifie au rapport qu'il établit par leur moyen. Sans médiation, c'est-à-dire sans reste (se fait courtier de lui-même). Tout entier ce qu'il fait et dans la mesure où ce qu'il fait l'identifie indistinctement à ce qu'il est. La figure est parfaite qui parachève le modèle de l'exploitation.

Franz kafka: "La bête arrache le fouet au maître et se fouette elle-même pour devenir maître et ne sait pas que ce n'est là qu'un fantasme produit par un nouveau nœud dans la lanière du maître"."


61/ 1. Excepter le travail sexuel " seul"du travail en général n'est d'ailleurs pas "juste" (ne rend pas justice à l'économie dite réelle). Pourquoi n'en pas excepter aussi, sinon autant (nul ne songe d'ailleurs à la possibilité de l'abolir) le commerce clandestin des drogues? Lequel en appelle a plus de police encore (mais à une moindre réprobation). Qu'on n'attende pas de la gauche, même "nouvelle" qu'elle le "libéralise" si peu que ce soit (même celui des drogues "douces"). L'intention qu'on lui prête (à laquelle elle prétend) pour les quartiers dits défavorisés ne saurait aller jusqu'à libéraliser un travail qui ne contredit pourtant pas aux valeurs du commerce, qu'elle a si bien fait siens. Qui présente peut-être seulement le tort de rendre celles-ci un peu trop explicites: d'en montrer la laideur implacable.

2. La drogue: même trafics, mêmes filières ou presque que celles que la prostitution? Le soupçon vient à la fin qu'il y a de commerce proscrit par le capital que celui qu'il ne circonvient pas (dont il ne tire pas du bénéfice phénoménal qu'il réalise la part qui lui serait due).

3. Une distinction persisterait donc, qui sépare entre le travail clandestin et le travail déclaré. Que peut en effet vouloir dire, du point de vue du droit au (et du) travail, qu'un ministère veuille que disparaisse (abolir) un travail qu'il reconnaît et qu'il soumet à l'impôt (la prostitution) quand il ne prétend pas à la disparition d'un autre qu'il traque et qui échappe à l'impôt (l'économie souterraine des territoires sans économie)?


64/ Il faudrait, pour se faire l'adversaire de la finance, ce qu'il a pourtant dit qu'il serait, un renversement. Mais le slogan de campagne n'était pas: "Le renversement, c'est maintenant". On s'en serait avisé. Tout au plus; le changement. Or la domination n'a jamais rien eu contre le changement, fût-il assorti d'une menace portée contre ce qui la constitue en propre: la finance. Elle sait d'expérience qu'un tel changement, fût-il assorti de menues et momentanées menaces, est de nature au moins à la revigorer, au mieux à la rénover. Le fait n'est pas niable: c'est la gauche qui a toujours revigoré ou rénové la domination, et la finance en tant qu'elle la constitue. Les obligeant à trouver des solutions que, sans elle, elle eut négligé de chercher (point de vue depuis lequel la droite, pour constituer un allié naturel, constitue aussi un danger, qui ne conflictualise qu'insuffisamment les rapports).


67/ La "gauche" élue craint-elle les agences de notation. Au contraire, elle les bénit. Sitôt apparues (apparition récente), celles-ci ont constitué la transcendatalité à laquelle l'hypercapitalisme aspirait depuis 1989. A la règle d'airain, à la règle d'or, c'est à elle qu'il revient dorénavant de rappeler tous les gouvernements (de droite comme de gauche; de gauche à fortiori) qui seraient enclins à se montrer ingénument généreux avec ceux qui les ont élus (à se tenir pour leurs obligés). Ce que la "gauche" ne sera pas, qui pourra pourtant dire qu'elle l'aurait été, s'il n'avait dépendu que d'elle?"

25/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 Cinquième volet de la série : "De la domination" de Michel Surya "Les singes de leur idéal : sur l'usage récent du mot "changement". Partie IV

47/ Quel gouvernement même "de gauche", pour dire la vieille noblesse qui voulait que ce fût au travail, et pas au commerce, qu'allât l'argent, au titre de sa juste rémunération? Le travail n'est plus en mesure d'attirer que l'argent qu'il vaut, somme toute sa plus petite quantité possible. Chacun le mesure, que le travail qu'il a humilie. Chacun mesure à son détriment que ce n'est pas à la rémunération du travail que va le plus d'argent, l'argent dans sa plus grande quantité possible, mais à ce qu'il l'a déclassé: le commerce, le divertissement, la spéculation etc. Il en résulte ceci pour ceux qui n'ont que le travail pour avoir l'argent qu'ils ont : qui ne l'aiment que plus depuis qu'ils comptent qu'il n'y aura pas jusqu'à leur travail à ne pas suffire à le gagner (depuis qu'ils doivent en outre compter avec le fait qu'ils ne sont plus sûrs de le garder). De tous les tours que le capital était susceptible de jouer, c'est sans doute l'un des plus retors.


49/ Il n'y a pas de parti à occuper le pouvoir aujourd'hui, à la tête de quelque état que ce soit (la France dans le cas présent), qui ne soit constitutivement de droite (capitaliste) du point de vue du modèle "démocratique" (parlementaire) qui lui a permis de s'y porter.


50/ la gauche n'existe plus, partout, qu'à l'état aléatoire de vieille mauvaise conscience. Lequel lui fait certes adopter des mesures taxant les très hauts revenus; et promettre de taxer en outre, mais c'est très incertain, les flux financiers. C'est là qu'ont promis le président et l'assemblée nouvellement élus. A quoi on a mesuré leur audace politique (tant d'audace ne méritait certes pas moins que la liesse qui a accueilli leurs élections). La vérité est qu'il n'y a personne à "gauche", présidence, gouvernement ou assemblées, pour tenir si peu que ce soit le modèle qu'ils corrigeraient ainsi à la marge pour consubtantiellement inique.

Le tenir pour inique, ce serait pour eux faire montre d'idéologie. Or il n'y a rien comme l'idéologie dont Ils n'aient été une fois pour toutes guéris par la valeur suréminente de l'argent. Parce qu'il n'y a rien comme cette valeur suréminente de l'argent pour que tout autre passe pour ce qu'elle est en effet: idéologique - étant une fois pour toute admis que toute "valeur" est idéologique hormis celle que l'argent constitue. De ce point de vue, la "gauche" accomplira idéalement le destin du capital, qui consiste à idéologiser toute représentation, la sienne exceptée. Idéologisation "à contrario" qu'il l'établira mieux que le droit ne l'a jamais fait."


51/ Un président "normal". Normalité qu'on prétend étendre à la totalité de l'exercice du pouvoir (base de la communication du nouveau pouvoir au moment de son installation et des premières semaines de son mandat - communication pauvre, aussi pauvre que le slogan: "le changement, c'est maintenant"). Quand on ne sait pas amuser de cette affirmation, on s'est satisfait de l'interpréter comme rupture avec l'anormalité, il est vrai déterminante, de l'ancien pouvoir (Sarkozy et sa clique). On s'est gardé cependant de l'interpréter ainsi: qu'il n'aura pour effet que tout exercice "normal" du pouvoir "normalisera" celui-ci en tant que tel - que son exercice cessera d'être l'exception qu'il est pourtant devenu. Normalisant un pouvoir qu'il détient du capital et qu'il exerce à son bénéfice, Hollande, Ayrault (les autres à leur suite) normaliseront le capital, ce que la gauche a toujours fait avec un scrupule qui l'honore de son point de vue; qui la déshonore du point de vue d'une partie de ceux qui le lui ont confié".


53/ "Normalisation": procédure par laquelle un pouvoir généralement obtenu par les moyens de la force s'emploie à satisfaire après coup aux formes et aux règles qui régissent les pouvoirs dits démocratiques. Il n'y a apparemment que la gauche nouvellement élue à ne pas voir l'incongruité que se soit-elle qui l'aide à y satisfaire, qui ne s'en est pourtant pas emparée par la force, seulement par la ruse (qui ne s'est emparé que de ses formes apparentes).


55/ C'est ce que recherche l'hystérisation récente du capital, son hégémonisation une fois achevée: que ce que la droite ne pouvait pas suffire à faire, la gauche le fasse à sa place. Ce que la gauche fera que la droite n'aura pas su faire: au moins réduire les syndicats, en négociant avec eux les conditions renouvelées de l'assujettissement des populations qu'ils représentent (les syndicats, tout ce qu'il resterait dans l'ancienne protestation contre l'hégémonie). Surtout: que ceux-ci idéologisent cette hégémonie, en lui ajoutant le "supplément moral" dont, seul, le capital est impuissant à se doter.


vendredi 27 juin 2025

Émission de France culture « Intelligence service » présentée par Jean Lebrun

 date de l'émission samedi 23 octobre 2021

avec Jacob Rogozinski

en 1992 Jean-Luc Nancy transplanté du cœur en 1992


La déconstruction pour retrouver une énergie là où « la sédimentation des mots a recouvert les sources.


Il parle du fonds qu'il a atteint.


« je dirais qu'au fond du cœur c'est à dire aussi au fond du corps on peut toujours descendre plus bas ou plutôt il n'est pas question de descendre mais on est dans le vide le suspens qu'il y a entre les 2 côtés du battement lorsque le cœur bat lorsque l'on sent son cœur battre en fait ce qu'on sent c'est les coups mais entrez les coups la possibilité que ça s'arrête de battre. Et dans cette imminence de l'arrêt il y la possibilité je ne dirais pas de la mort encore une fois parce que la mort n'est pas de cet ordre là pour autant qu'on puisse dire quelque chose de la mort mais la possibilité ou peut-être alors peut-être je me ravise c'est la mort la possibilité simultanément de sentir justement exactement la vie comme telle et de rien sentir du tout »


anonymiser les dons


« On parle toujours du don d'organes on fait beaucoup campagne pour le don d'organes c'est bien bien sûr il faut le faire surtout qu'il y a un peu un ralentissement il semble surtout en France du don de plus en plus de gens qui meurent parce qu'on ne leur trouve pas un greffon mais l'idée du don d'organes elle repose sur l'appel à la générosité ça consiste à donner quelque chose quelque chose qu'on possède mais justement tout ça nous démontre que l'on ne possède pas notre corps une fois mort on n'a aucune raison de le considérer comme une propriété la greffe elle nous apprend qu'il y a un échange un partage une interconnexion de nos corps et c'est très bien si on peut prendre le cœur de quelqu'un de mort et le donner à quelqu'un d'autre ce serait mieux de parler de transmission de la vie si vous voulez plutôt que de don. »


il ne faut jamais céder au mauvais silence.


« sur quoi faut il qu'il y ait un accord de tous dans la décision finale ? Sur une survie qu'on ne peut considérer du strict point de vue d'une pure nécessité ? Où irait-on la prendre?qu'est ce qui obligerait à me faire survivre ? Cette question ouvre sur un grand nombre d'autres. Pourquoi moi ? Pourquoi survivre en général ? Que signifie survivre?est ce d'ailleurs un terme approprié ? en quoi une durée de vie est-elle un bien? j'ai alors 50 ans cet âge n'est jeune que pour une population de pays développés à la fin du XX° siècles. Mourir à cet âge n'avait rien de scandaleux il y a deux ou trois siècles seulement. Pourquoi le mot scandaleux peut il me venir aujourd'hui dans ce contexte ? et pourquoi et comment n'y a t il plus pour nous développés de l'an 2000 de juste temps pour mourir guère avant 80 ans. Et cela ne va pas cesser d'avancer ? Où sont ici la justesse et la justice ? Qui les mesure. Qui les prononce. Tout me viendra d'ailleurs et du dehors en cette affaire. »



« Je me rappelle bien être dans cette chambre stérile entouré de pleins d'appareils et de tuyaux plusieurs tuyaux qui sortaient delà, je crois, et c'était les drains pour la cicatrice mais instantanément en me réveillant il y avait la double certitude bon je sors de l'opération je suis vivant et la deuxième on m'a changé le cœur et ça je n'en vois rien je vois rien il y avait une certitude et une chose incroyable »


« c'était pour moi une réflexion sur le rapport que nous avons aujourd'hui avec la technique avec la manière dont un corps peut être entièrement disons instrumentalisés par la technique mais je le dis là dans un sens tout à fait positif vraiment passionnant d’être situé dans tellement au cœur de l'histoire de la technique qui est après tout véritablement l'histoire de l'homme depuis disons la première grande révolution technique c'est à dire le néolithique je crois maintenant en effet il y a vraiment une révolution technique importante à la fois formidable et redoutable terrible peut-être mais qui va jusqu'à ça jusqu'à nous mettre dans des organes étrangers toute sorte d'appareillage et de fonctionnement étranger dans le corps. »


absenthéiste : une pensée de dieu qui s'est absenté.


« Passé dix ans quinze ans maintenant ça va faire bientôt 18 ans de greffe on commence à se sentir fragile on dit combien quel est l'âge du plus vieux greffé du cœur qu'on connaît alors on entend 20 22 ah bon ça va au début pour moi 10 ans c'était un grand maximum c'est très étrange comme on peut se représenter 10 ans comme une éternité et quand on a passé les 10 ans on se dit oh mais je suis vieux greffé qu'est ce qui va m'arriver (oh mais vous avez l'air pas mal) oui oui non non maintenant je crois que je suis éternel. »


« alors il va y avoir bientôt 28 ans que j'ai été greffé du cœur maintenant ça va mais la prochaine fois ils vont encore dire qu'il faut autre chose ça devient une réparation interminable on se demande à quel moment on en finit de réparer de réparer ce que l'on a à réparé »


parle de la démocratie chacun est singulier mais il doit être pluriel tiré de son livre démocratie singulier / pluriel. Un récit


« il y a des hommes rassemblés et quelqu'un qui leur fait un récit. Ces hommes rassemblés, on ne sait pas encore si ils font encore une assemblée, si ils sont une horde ou une tribu. Mais nous les disons frères parce qu'ils sont rassemblés et parce qu'ils écoutent le même récit. Celui qui raconte on ne sait pas encore si il est des leurs ou si c'est un étranger. Nous le disons des leurs mais différent d'eux parce qu'il a le don ou simplement le droit ou à moins que ce soit le devoir de réciter. Il n'était pas rassemblés avant le récit, c'est la récitation qui les rassemble. Avant ils étaient dispersés c'est du moins ce que le récit parfois raconte se côtoyant coopérant ou s'affrontant sans se reconnaître. Mais l'un d'eux s'est immobilisé un jour peut-être est-il survenu comme revenant d'une absence prolongée, d'un exil mystérieux. Il s'est immobilisé en un lieu singulier à l'écart mais en vu des autres un tertre ou un arbre foudroyé et il a entamé le récit qui a rassemblé les autres. »


et au fond il leur a raconté leur histoire.


« Petit préambule d'activiste. Chômage comme si le plein emploi était le seul idéal. Chômage de masse, comme si un seul chômeur ne portait pas une masse d'angoisse. Gagner ou perdre comme si on ne pouvait rien faire d'autre. Écart croissant entre riches et pauvres comme si cet écart n'était creusé par les uns sur le dos des autres. Guerre et terrorisme comme si l'effroi n'était pas monté vers nous du fond de notre paix confortable. Catastrophe technique et naturelle comme si on pouvait encore distingué. Démantèlement des services publiques comme si les services n'étaient pas une marchandise de pointe. Choc de civilisations comme si il n'y en avait pas une seule éplorée de sa propre violence. Éboulement des valeurs comme si il n'y en avait d'autres que monnayables. Religions meurtrières comme si le meurtre n'était pas déjà rituel. Politique corrompue comme si elle n'était pas déjà rompue. Article vibrant pour une démocratie retrouvée comme si on l'avait jamais trouvée. Pétition pour solidarité, fraternité, justice, comme si c'était affaire de paraphes. Arrêtons ces discours courus d'avance, tout n'est-il pas déjà passé à la trappe, banalités de plus, alors on peut commencer mais ne vous contentez pas de lire, faites quelque chose. »

mercredi 25 juin 2025

24/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 Cinquième volet de la série : "De la domination" de Michel Surya "Les singes de leur idéal : sur l'usage récent du mot "changement".   Partie III


35/  On voit aimer l'argent ceux-là même que l'argent a réduit à l'état où on les voit ne pas en voir. C'est un sujet d'émerveillement nouveau, dont il n'est pas sûr qu'on ait tiré tout ce que la pensée permet: même la privation d'argent plaide pour la valeur souveraine de l'argent.


37/  C'est une évidence qui s'est établie entre-temps: le temps est révolu où il fallait imaginer que le partage d'argent était ainsi fait qu'il devait y avoir ceux qui en avaient en une quantité telle que c'était au prix que d'autres n'en aient pas. En réalité, c'est avec l'idée même de "partage" qu'on en a maintenant fini. l'évidence serait qu'il y a assez d'argent pour que tous en aient. Elle est même qu'il n'y a que de l'argent - donné à ceux qui l'ont déjà reçu, offert à ceux qui attendent après . En somme, ce serait affaire de temps et de circonstances ( en somme ,il suffirait de "jouer puisque que ce serait sur le modèle du jeu que se seraient dorénavant établis les rapports du don hasardeux d'argent).


38/  et l'on voit se produire toutes les prosternations que cet amour nouveau commande. Cette assurance s'est affermie : ce ne sera pas au moyen du travail que s'établira l'égalité. Ce ne sera pas davantage au moyen des luttes. Non: ce sera au moyen de tout ce que la fortune ( les signes, le jeu, les chiffres, la chance, etc.)est susceptible d'assembler. Il n'y a rien qu'on ne soit prêt à sacrifier (soi-même, sa dignité, etc.) pourvu que ceux qu'on imagine disposer de l'argent le concèdent à qui se le croit dû au titre de sa prosternation.


42/  Il ne convient certes pas d'attendre qu'un gouvernement de "gauche', aujourd'hui, aille là contre. Et celui que la France a élu davantage qu'un autre. De quoi parle-t-il? De relance, de redressement (productif), de croissance...Pour parler de quoi? De ce que sera ainsi que (de) l'argent sera rendu à ceux qui n'en ont pas (ou pas assez). Pour ne pas parler de ce qui est en jeu, en réalité :  qu'il n'y aura pas de relance, de redressement (productif) ni de croissance qui aillent contre l'évidence que l'argent s'est une fois pour toutes séparé du travail. Que, pour autant que les possibilités de l'argent ne manquent toujours pas, ce n'est pas à la rémunération du travail que celui-ci ira, mais à celle de la spéculation et du divertissement, qu'il n'y a plus qu'elles à dégager, et en des quantités en effet considérables.



43/  Parce que ces possibilités ne manquent pas davantage, en effet. Nul ne l'a statistiquement encore établi, mais il n'en semble pas moins qu'il n'y a, tout compte fait, jamais eu autant d'argent. Des états ont beau en manquer, qu'on prétend en quasi-faillite, parlant d'eux comme on parle d'entreprises, mais c'est pour :

1/ qu'on ne s'avise pas que ce sont les entreprises qui disposent maintenant de l'argent dont manque les états;

2/ que c'est sur le modèle de l'entreprise qu'il faut que les états soient organisés et gérés pour qu'ils n'en manquent pas.

C'était peu de chose, selon toute apparence, tout au plus une extension supplémentaire du domaine de la lutte entrepreneuriale. Or tout s'en est trouvé changé.

23/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

  Cinquième volet de la série : "De la domination" de Michel Surya "Les singes de leur idéal : sur l'usage récent du mot "changement".   Partie II

14/  Parce que la politique s'est tout entière spectralisée. Spectralisation (autre mot pour qualifier, mais sombrement, le divertissement) à peu près identique à celle de Dieu, après que Nietzsche en eut pourtant constaté la mort; dont il annonçait - annonce aussitôt ignorée - qu'on ne cesserait pas pour autant d'en montrer partout les spectres, devant lesquels on ne se prosternerait pas moins que devant Dieu lui-même vivant.

C'est ce qui est fascinant, en somme: qu'on ne cesse pas de croire à ce à quoi il ne devrait plus y avoir personne à pouvoir réellement croire. Que la croyance se soit elle-même entre-temps spectralisée (spectralisation à la puissance deux). Se prosternant devant elle-même, faute de disposer de la puissance de former quelque figurer nouvelle que ce soit. Se prosternant à défaut devant ses figures perdues, seulement pourque ne cesse pas sa prosternation.

La prosternation : état dans lequel la croyance doit se maintenir pour continuer d'espérer que quelque figure éventuellement en résultera - qui la justifie et, à fortiori, la sauve.


16/  L'assujettissement : ce dont chacun est invité à jouir, et jouit. de quoi a-t-il peur quand il a peur? Que sa liberté soit subitement sans emploi. La liberté: autrement, dit, ce dont la politique s'est justement affranchie, quand celle-ci consistait en son principe en l'affranchissement de toute sujétion. Dont elle s'est affranchie au bénéfice des marchés qui l'ont reçue en héritage.

les marchés où l'assujettissement se donne nûment comme jouissance.


18/  Les bourses, les agences de notation, le Fonds monétaire international, la banque centrale européenne, le fonds européen de stabilité financière, etc tiennent la politique en laisse qui l'ont parfaitement domestiquée. La politologie, science aussi loquace qu'exacte de cette domestication, dispose d'un syntagme pour mesurer la longueur de cette laisse : "les marges de manœuvres" ( la dette, les déficits, la récession, etc.). Lesquelles sont nécessairement "étroites" ou "restreintes" (euphémisation en usage pour qualifier la nouvelle vassalité). La politique s'en plaindra-t-elle? C'est douteux. Somme toute, il ne déplait pas que, faute de pouvoir tout promettre, elle soit sûre qu'il ne dépendra pas d'elle de ne pas pouvoir rien tenir.


23/  C'est par là que la politique va d'abord revenir ( revient) - autrement dit, par cette tromperie : tous ne jouiront pas auxquels on l'avait pourtant promis. Cette tromperie fera que la politique reviendra par son versant violent (fasciste). Par le ressentiment (fascisant) détrompant cette promesse à laquelle tout le monde a cru. Variante moderne du ressentiment (du fascisme) : tous ceux qui voulaient croire et qui sont maintenant avertis que "jouir" ne leur sera pas autant ni pareillement donné qu'on le leur avait promis. Ceux-ci ne se désassujettiront qu'au moyen d'un assujettissement plus puissant encore. Ironie délétère de l'histoire ( toujours la même en son principe!) Ou l'histoire comme retour délétère du ressentiment ( laquelle ne revient jamais "d'abord", quand elle revient, sur son versant égalitaire)!


24/ Autrement dit, c'est cette inégalité essentielle qui va en produire une plus grande encore. Qui va produire le désir d'une inégalité plus grande encore, mais cette fois revendiquée. Où la liberté trouvera à se satisfaire. Et la jouissance aussi (on sait laquelle). Nul ne doutant que la liberté est en effet possible, mais tous doutant que l'égalité le soit, on se mettra à opposer à l'égalité en son principe des égalités encore, mais restreintes, de plus en plus restreintes: raciales, nationales, régionales, etc. Donc plus violentes. l'assujettissement régionaliste, nationaliste, racialiste : tout ce qu'il restera du principe d'égalité après que celui de la liberté en aura réduit les possibilités prétendument illimitées.


26/ Personne pour reprendre la politique à partir d'eux. Autrement dit, depuis le point le plus bas auquel la politique est régulièrement réduite dans l'histoire. Et depuis lequel c'est l'histoire qui, régulièrement, recommence. Qui recommence sur son versant ressentimental.

Que fait un pauvre qu'on prive soudain de son instrument de travail ( soudain délocalisé)? Il en accuse celui au profit de qui on l'en a privé. D'abord. Ensuite seulement, celui qui aura ainsi arbitré à son détriment entre deux pauvretés - qui les aura opposées l'une à l'autre, et pour les aggraver.

Pas un syndicat pour reconstituer l'évidence de cette universalité substitutive, effective celle-là, du profit ( de ce point de vue-là, et depuis des décennies, pas un syndicat qui soit substantiellement marxiste).Les travailleurs ne votent plus pour les partis communistes, mais pour les partis nationalistes. Et il n'y a personne qui s'en étonne. Qui ne s'étonne qu'il n'y ait qu'eux à ne s'être pas encore rendus ou réduits aux lois du marché, les seules "internationalistes" aujourd'hui.

samedi 21 juin 2025

"Humain, trop humain II" par Friedrich Nietzsche

 98. Historisme et bonne foi des incrédules. 

Il n’y a pas de livre qui contienne avec plus d’abondance, qui exprime avec plus de candeur ce qui peut faire du bien à tous les hommes — la ferveur bienheureuse et exaltée, prête au sacrifice et à la mort, dans la foi et la contemplation de sa « vérité » — que le livre qui parle du Christ : un homme avisé peut y apprendre tous les moyens par quoi l’on peut faire d’un livre un livre universel, l’ami de tout le monde et avant tout le maître-moyen de présenter toutes choses comme trouvées et de ne pas admettre que quelque chose soit encore imparfait et en formation. Tous les livres à effet tentent à laisser une impression semblable, comme si l’on avait ainsi décrit le plus vaste horizon intellectuel et moral, comme si toute constellation visible, présente ou future, devait tourner autour du soleil que l’on voyait luire. — La raison qui fait que de pareils livres sont pleins d’effets ne doit-elle pas rendre d’une faible portée tout livre purement scientifique ? Celui-ci n’est-il pas condamné à vivre obscurément parmi les gens obscurs, pour être enfin crucifié, pour ne jamais plus ressusciter. Comparés à ce que les hommes religieux proclament au sujet de leur « savoir », de leur « saint » esprit tous les hommes probes de la science ne sont-ils pas « pauvres d’esprit » ? Une religion, quelle qu’elle soit, peut-elle exiger plus de renoncement, exclure avec moins de pitié les égoïstes que ne fait la science ? — Voilà à peu près comme nous pourrions parler, nous autres, et certainement avec quelque fondement historique, lorsque nous avons à nous défendre devant les croyants ; car il n’est guère possible de mener une défense sans un peu de cabotinage. Mais, lorsque nous sommes entre nous, il faut que le langage soit plus loyal : nous nous servons alors d’une liberté que ceux-ci ne sauraient comprendre, fût-ce même dans leur propre intérêt. Foin donc de la calotte du renoncement ! Foin de ces airs d’humilité ! Bien mieux et tout au contraire : c’est là notre vérité ! Si la science n’était pas liée à la joie de la connaissance, à l’utilité de la connaissance, que nous importerait la science ? Si un peu de foi, d’amour et d’espérance ne conduisait pas notre âme à la connaissance, que serait-ce qui nous attirerait vers la science ? Et, bien que, dans la science, le « moi » ne signifie rien, le « moi » inventif et heureux, et même déjà tout « moi » loyal et appliqué, importe beaucoup dans la république des hommes de science : l’estime de ceux qui confèrent l’estime, la joie de ceux à qui nous voulons du bien, ou de ceux que nous vénérons, dans certains cas la gloire et une modique immortalité de la personne : c’est là le prix que l’on peut atteindre pour cet abandon de la personnalité… pour ne point parler ici de résultats et de récompenses moindres, bien que ce soit justement à cause de ceux-ci que la plupart des hommes ont juré fidélité aux lois de cette république, et en général à la science, et qu’ils continuent toujours à y demeurer attachés. Si nous étions restés, en une certaine mesure, des hommes non scientifiques, quelle importance pourrions-nous encore attacher à la science ! Somme toute, et pour exprimer mon axiome dans toute son ampleur : pour un être purement connaisseur la connaissance serait indifférente. — Ce n’est pas la qualité de la foi et de la piété qui nous distingue des hommes pieux et croyants, mais la quantité : nous nous contentons de peu. Mais, nous répondront ceux-ci, — s’il en est ainsi soyez donc satisfaits et donnez-vous aussi pour satisfaits ! — À quoi nous pourrions facilement répondre : « En effet, nous ne faisons pas partie des mécontents ! Mais vous, si votre foi vous rend bienheureux, donnez-vous aussi pour tels ! Vos visages ont toujours nui à votre foi, plus que nos arguments ! Si le joyeux message de votre bible était écrit sur votre figure vous n’auriez pas besoin d’exiger, avec tant d’entêtement, la croyance en l’autorité de ce livre : vos paroles, vos actes devraient sans cesse rendre la bible superflue, une nouvelle bible devrait sans cesse naître de vous ! Mais ainsi toute votre apologie du christianisme a sa racine dans votre impiété ; par votre défense vous écrivez votre propre accusation, Si pourtant vous désirez sortir de cette insuffisance de votre christianisme, l’expérience de deux mille ans devrait vous amener à une considération qui, revêtue d’une discrète forme interrogative, pourrait être la suivante : « Si le Christ a vraiment eu l’intention de sauver le monde n’a-t-il pas manqué son entreprise ? »

vendredi 20 juin 2025

22/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 Cinquième volet de la série : "De la domination" de Michel Surya "Les singes de leur idéal : sur l'usage récent du mot "changement".  Partie I

Pourquoi ce titre? La citation de Nietzsche, peut-être : "Le désillusionné parle - j'ai cherché des grands hommes, mais je n'ai trouvé que des singes de leur idéal."


En avant-goût, je vous offre la dernière page de couverture. Je cite :

"L'assujettissement n'est entier qu'à la condition que les parties d'alternance l'assument à tour de rôle, administrant par là la démonstration de sa perfection sans alternative.

En quoi la domination est-elle parfaite? En ayant réduit son alternative à l'état d'illusion. Illusion elle-même parfaite qui veut que pensent voter contre la domination ceux-là mêmes qui la reconduisent à l'identique (ou presque: ses excès exceptés)."


Je lis maintenant l'avertissement toujours nécessaire pour savourer l'ouvrage et déjà, on a une idée précise de ce que l'on va trouver :

"Les 91 variations qui suivent ont été écrites du 06/05/2012 au 31/08/2012. Précisément, de l'élection du nouveau président de la république,  de "gauche" - bientôt suivie de celle d'une nouvelle majorité au parlement, elle-même de "gauche" -, au discours prononcé par celui-ci à Châlon en Champagne, dans lequel il revenait, à peine plus de cent-jours après l'élection, sur l'essentiel de ses engagements de campagne, notamment en reconnaissant l'exceptionnelle gravité de la situation économique et en annonçant une politique d'austérité pour l'essentiel inspirée des recommandations des grandes instances internationales. Autrement dit, en remplaçant purement et simplement le mot "changement" sur lequel il s'était fait élire, par le mot "crise" au moyen duquel il gouvernerait. Continuer au-delà n'aurait pas eu de sens, sinon celui d'ajouter le divertissement au divertissement. C'est du mot "changement" qu'il devait être question ici et il ne pouvait en être fait authentiquement une question qu'aussi longtemps qu'il n'avait pas encore été révoqué par celui-là même qui en avait pourtant fait une promesse.

13 de ces 91 variations ont paru (en juillet 2012) sous le titre:  "13 variations brèves sur le mot "changement", dans le 1er numéro du journal A, supplément de la revue M. Mouvement. 10 autres ont paru dans le numéro 2 (novembre décembre 2012) sous le titre (de la rédaction) "De la domination. Sur l'esprit du commerce".  Ils ont été écrits à l'invitation de son directeur,  Jean-Marc Adolphe, que je remercie.

N.B.  Pour la plupart, les notes de bas de pages datent de l'écriture elle-même de ces fragments. Quelques-unes ont cependant été ajoutées "a posteori" dès lors que des déclarations ou des décisions intervenues ultérieurement, en septembre et octobre, confirmaient ce que ceux-ci annonçaient. Elles sont indiquées comme telles.


2/   Longue séquence survitualisée :campagne, débat, scrutins, résultats, etc. Faites pour que tout le monde soit justifié de parler de "politique" et de "démocratie" - que nul ne doute davantage de l'une que de l'autre.

La "politique"? En entretenir l'illusion. Qu'on ne sache pas que le sort en a été une fois pour toute réglé ( par les marchés). Dire: L'hypercapitalisme a eu raison de toute politique, ce serait dire en effet qu'il n'y a de politique encore, si tant est qu' il puisse encore y en avoir, qu'en tant qu'anti-hypercapitaliste (mais dans un sens ou l'autre, c'est n'en rien dire). 

La démocratie? La dire "apaisée". Ne la dire qu'apaisée,  avec une satisfaction les uns des autres, pour se dire à soi-même et montrer à tous la maturité enfin atteint de ses processus - pour n'avoir pas à confesser leur extinction.


4/ La passation des pouvoirs, ou la "continuité de l'état",  selon les éléments de langage que les élites - politiques et médiatiques - ont en partage. Eloquent partage grâce auquel nous devions par avance de savoir que cette continuité serait assurée, à quelques changements qu'on l'ait su exposée. Les médias n'ont d'ailleurs pas attendu les résultats des élections pour témoigner au nouveau pouvoir annoncé un attachement au moins égal à celui qu'ils avaient d'abord montré à l'ancien. On peut d'ailleurs en faire l'hypothèse:  ce sont les élites médiatiques qui ont maintenant en charge cette continuité sans laquelle les apparences de la politique ne pourraient pas être sauvées. 

Il y a 10 ans, on aurait dit d'elle:  pour ne pas rester plus longtemps sans maitre;+ il faut dire aujourd'hui:  pour que quelque pouvoir que ce soit sache quelle maître il a 


5/  Il est somme toute logique que ce soit 16 élites récentes (médiatiques) qui aient ce pouvoir en charge, qui ont fait de la politique ce divertissement qu'il est m. C'est donc à elles qu'il revient qu'elle en reste un. Elles ont pris pour cela toute la part qui leur incombait dans ce que la gauche s'est entêtée à tenir pour un "changement", mais qui ne constituait tout au plus pour elle qu'un "échange"; échange aux termes duquel la gauche constituerait en effet ce divertissement que Sarkozy et les siens avaient grandement nourri, avant, à la fin, de le décevoir.


7/   Il peut donc arriver que le grand coït te électorale accouche une fois ou l'autre en France ( tous les 5 ans tout au plus) de l'"alternance" (liesse, larmes etc.) dans laquelle les congratulations des vainqueurs se plaisent  à voir la validité du changement,  quand on n'y doit tout au plus voir que la variété de l'assujettissement (la diversité de ses formes possibles).


8 /   "Le changement, c'est maintenant". Slogan pauvre (ce qu'on a beaucoup dit)? Au contraire, slogan parfait, que la versatilité de l'opinion était libre d'interpréter comme le programme d'une politique possible, réellement promise de "changer" (changer quoi ? c'est ce qu'on s'est précautionneusement abstenu d'annoncer),  quand il ne s'agissait en réalité que de procéder au changement des élites susceptibles de conférer à la même politique (à peu près) la variante qui la sauverait.

21/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 "Portrait de l'intermittent du spectacle en supplétif de la domination". Partie III


44/ Que l'art s'affirme toujours comme révolutionnaire, la domination l'admet d'autant plus volontiers que cette affirmation le gratifie d'une valeur supplémentaire inespérée - de nostalgie ou d'espérance - dont elle ne peut que sortir affermie.

Si bien qu'il est possible d'affirmer, une fois parachevée la domination, qu'aucun art ne saurait y être révolutionnaire, empruntât-il à ceux qui le furent en effet tout ou partie de leurs apparences.


45/ Qu'il n'y ait pas d'art qui puisse être ou rester révolutionnaire, c'est ce que la domination sait - et obtient de tous sitôt qu'elle leur confère les moyens dont ils ont besoin, qu'ils ne savent plus où trouver.


49/ Printemps 2006, Paris: énième animation de rue (la "sculpture" de rue equivalent du théâtre, lui-même de rue), pour la plus grande joie des touristes français et étrangers - c'est à dire: pour la joie de quiconque traverse le monde en touriste; c'est-à-dire : pour la joie d'à peut-être tout le monde depuis que le modèle touristique est maintenant pour tous la règle. Niaiserie organisée par les autorités représentatives ( culturelles "et" touristiques) en plein accord avec les plasticiens sollicités.

Crux-ci n'hésiteront à dire (se defaussant) : le peuple n'allant pas à l'art, il fallait que l'art allait au peuple. Celles-là parleront d'"animation urbaine", ludique et éphémère, de nature à faire de la capitale nationale le lieu consolidé des rvenements en tous genres- autrement dit : un parc d'attractions. Exemple sempiternellement recommencé, à Paris Et partout, mais qui n'indique que trop parfaitement comment c'est une immense partie de l'art qui est peu à peu devenu "ludique" en effet, et éphémère, c'est-à-dire envisagé, conçu et propagé. Pour la plus pure puerilisation des masses ( c'est-à-dire pour que celles-ci en soient réduites, ce qu'elles sont, à s'imaginer vivre sans un jardin d'enfants).

On ne le remarque pas assez: ce qui se donne pour l'art aujourd'hui et qu'en effet les instances représentatives (administrations, d'état ou territoriales) élisent comme tel, qu'elles élisent pour les "masses" (là où l'on trouve encore quelque chose comme des "masses", où l'on trouve du moins ce qui reste d'elles: dans la rue, sur les places, dans les stades, etc.), s'accorde mot pour mot au discours dit "sécuritaire" qu'allègue et met en scène, de même toujours et partout, la domination. Ce qui passe pour l'art aujourd'hui n'est pas moins paterne et puérilisant que ce discours sécuritaire lui-même qui ne passe pour politique que faute que la domination n'ait d'autre politique qu'économique.


56/ L'association de l'art et du divertissement est maintenant consommée - au bénéfice du second, cela va sans dire, comme il apparaît d'une façon dont on ne saurait plus douter. 

Il n'y a plus d'art, dorénavant, qui ne soient menacé de se transformer en divertissement. C'est pourquoi il n'y a plus de divertissement qui ne puisse pareillement passer pour de l'art. Une confusion résulte de cette réciprocité, dont bénéficient tous ceux qu'on voit résolus à se faire les liquidateurs de l'art et les propagateurs du divertissement de masse - à la condition cependant que celui-ci tienne lieu de celui-là.


62/ La réciproque est dorénavant établie il a permis que la consommation constituât une culture (les valeurs, la civilisation, etc ) qui permet maintenant que la culture (les valeurs, la civilisation, etc ) s'abolisse dans la consommation.


80/ On regardera un jour cette époque comme celle qui, au moyen du marché, soumit l'art aussi parfaitement que, quelques siècles plus tôt, les princes et le clergé le soumettaient absolument. Le patient et difficile mouvement par lequel l'art s'est affranchi puis sécularisé a pris tout à fait fin il y a peu : depuis qu'on ne le voit plus revendiquer quelque sécularité que ce soit; depuis qu'au contraire ils réclament des princes et du clergé actuels les moyens dont il a besoin pour que se perpétuent ses formes anciennes à défaut que se renouvelle les modernes.


81/ Que les travailleurs intermittents de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse se veuillent aveugle aux conditions sociales dans lesquelles ils accomplissent leur "mission", ainsi qu'ils disent avec forfanterie, suffit à définir et révéler leur lutte comme caractéristiquement corporatiste. Mais qu'en outre ils en appellent à la politique pour justifier cette lutte suffit à révéler et définir leur duplicité comme explicitement cynique.

Eux seuls l'auraient pu pourtant, profitant du trouble ambiant qui veut que nul ne sache plus ce qui est politique ni si quelque politique que ce soit existe encore.


82/ En effet, rares restent ceux à pouvoir faire que "de la politique" reprenne (comme le feu sous la cendre refroidie). Et les travailleurs intermittents de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse en font partie d'une façon spécifique (histoire, fonction symbolique...). Il eût suffit pour cela que leur lutte fût placée d'emblée sur un plan général, qui n'exclût aucune autre lutte;qui se justifiât au contraire de toutes les autres pour attester d'une exemplarité de principe. D'une telle lutte, sciemment symbolisée, eût pu découler que toutes les autres, qui ne savaient pas elles-mêmes comment redevenir politiques, le redevinssent à leur tour et à son exemple.


86/ L'échange est entier et permanent qui permet au public de tenir pour indifférent qu'un imitateur passe pour un artiste et un artiste pour son imitateur. Le vrai n'est plus seulement un moment du faux, comme l'a dit Debord retournant Hégel; le faux est le vrai lui-même, sans plus de réalité propre cependant pour l'établir. Sans plus ni moins surtout de capacité à passer pour réel et tenir du réel la valeur discriminante dont se recommande de tout moment, dans quelque processus que ce soit, "a fortiori" de vérité.


95/ Bien sûr, nul ne doutait qu'une telle fracture existât (encore que le mot était absurde qui cherchait pauvrement à faire oublier qu'on avait parlé jusque-là de: "lutte de classe"). De quelques noms qu'on l'appelât alors ou qu'on l'appelle depuis, rien ne pouvait plus faire que des intellectuels "réputés" de gauche ne s'en fussent entretenus avec un homme dont nul, hormis eux selon tout apparence, n'ignorait qu'il s'en souciait comme d'une guigne.


97 Un pas restait cependant à franchir pour que leur servilité ne fit plus de doute. Qu'ils ont franchi depuis avec allégresse. Le futur président les avait-il sollicités? ils avaient accouru. Le patronat les solliciterait-il? Ils accoureraient.

Et l'on a vu alors des "intellectuels" - pour plusieurs d'entre eux d'anciens gauchistes démarchés par un ancien maoïste - répondre à cette invitation, moderne s'il en est : s'entretenir publiquement avec des "grands patrons", non plus de la fracture sociale - il ne faisait déjà plus de doute que le slogan avait rendu tous les services dont il était capable - mais selon le mot d'ordre du Médef lui-même, de "refondation sociale".


98 Refondation: on sait en quel sens l'entendait le président du Médef d'alors, en quel sens l'entendent ses successeurs depuis n. Non, ce n'est pas assez dire sans doute que d'anciens révolutionnaires "refondent", il faut dire encore qu'ils le font avec un patronat "enragé" (l'enragement a lui aussi changé de camp) qui s'est donné pour mission de dissocier le travail (dont dépend la prospérité) du droit (qui l'entrave). 

C'est dire quelles mains ces animaux si parfaitement domestiqués sont prêts à lécher pour ne pas rester plus longtemps sans maître.


103 A l' été 2004, le PDG d'une entreprise de communication dominante a déclaré ceci qui a été beaucoup reproduit, déjà: "le métier de TF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre 2 messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible." (Patrick le Lay, "Les dirigeants face au changement", Paris, édition du huitième jour, 2004). Comme il était inévitable, on n'a pas cité ni reproduit cette déclaration sans s'en indigné".

dimanche 15 juin 2025

20/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

  "Portrait de l'intermittent du spectacle en supplétif de la domination". Partie II


3 il faut s'en expliquer encore, sans doute. L'été, les travailleurs intermittents du spectacle - du théâtre, de la danse, de la musique, du cinéma et de la télévision, que, par commodité polémique, nous appellerons dorénavant "les travailleurs intermittents de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse" cessent d'étre des intermittents pour être des travailleurs à temps (presque) plein. C'est pourquoi ceux-ci ne se mettent en grève qu'à l'été, faute que l'été dure assez pour que cesse leur intermittence.



7. Pas du travail, à en juger par le fait qu'on n'avait pas entendu ces travailleurs intermittents de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse parler, avant, "du travail en général" (des conditions des autres travailleurs, entre autres, de ceux avec lesquels les leurs présentaient pourtant plus d'un point commun - à l'intermittence près); pas davantage de la "valeur" travail en tant que telle, à laquelle, au contraire ils en appellent sans gêne (comme, on le verra bientôt, toute la gauche après eux). Et dès l'instant qu'on ne les entendra parler du travail "en général" que tardivement, et pour tenter d'administrer la preuve que leur conflit aurait été politique "aussi".


8. Or, le fait est qu'il n'y eût pas moins "politique" que le conflit des travailleurs intermittents de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse, une preuve "a posteriori"? On n'a pas entendu ceux-ci dire depuis - c'est-à-dire depuis qu'un accord provisoire (ou lui-même intermittent?) est intervenu entre eux et leur "autorité de tutelle" comme ils consentent les premiers de dire - que serait, par exemple inacceptable le chantage aux moyens duquel le patronat privé a obtenu et obtient (en Allemagne, en France...) ce que le patronat public (l'état) n'a pas même encore obtenu d'eux: que les employés votent eux-mêmes l'aggravation des conditions de leur "employabilité".


9 Le "nouveau" capital montre en effet des raffinements dont l'"ancien" eût été incapable. Par exemple, il persuade ses salariés, c'est selon, qu'ils ne travaillent pas assez ou qu'ils gagnent trop (parfois les deux). Il les invite alors à voter eux-mêmes une augmentation de leur temps de travail ou une diminution de leur salaire (parfois les deux). Qu'il assortisse cette votation d'un ultimatum - délocalisation de l'activité ou fermeture de l'entreprise - n'affecte pas significativement un progrès qu'on tiendra bientôt pour décisif dans la voie vers la démocratie participative de marché.


10 La grève des travailleurs intermittents de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse nous a donné l'occasion d'assister à des instants de la lutte de classes à tous égards inédits : ce sont, par exemple, des "travailleurs bénévoles" qui se sont faits contre les "travailleurs salariés", les défenseurs des prérogatives et des intérêts de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse.


11 Par exemple: à Carhaix, en Bretagne, où des milices constituées de travailleurs bénévoles, mais participatifs, ont patrouillé pour empêcher que des travailleurs salariés, mais grévistes, perturbent le festival (dit "des vieilles charrues") dont aurait dépendu - c'est aussitôt ce qu'ils ont dit, sans qu'on s'en étonne outre mesure, encore moins qu'on s'en offusque - la santé économique de la région auquel leur bénévolat sacrifiait ses loisirs.


12 L'idée que des personnes déclarativement bénévoles fassent de leurs loisirs le moyen que le loisir des autres permette la prospérité de la région à laquelle ils se sacrifient ainsi, est une idée manifestement nouvelle, dont devraient utilement s'inspirer tous ceux qui ont la prospérité à cœur, quelle qu'elle soit, d'une région ou d'une entreprise.


19 Qu'il n'y a "nulle part" dont on ne puisse faire le lieu même qui, une fois animé, animera la région elle-même (ses politiques, ses commerçants et ses intermittents), le quotidien régional Ouedt France en fournit un exemple édifiant qu'il y a lieu de reproduire ici avec un scrupule extrême: "Bâtie sur un promontoire, la forteresse domine la Sèvre nantaise [...] Nous sommes à Tiffauges, chez le terrible Gilles de Rais. Seigneur de guerre, compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, alchimistes et assassins de centaines d'enfants, le personnage n'a pas fini de fasciner les visiteurs[...] Plus grand site médiéval animé de la région, le château de Tiffauges recèle, en ses différentes salles et cours, plusieurs spectacles : expériences d'alchimie, théâtre d'ombres, récit de la vie de Gilles de Rais. Le spectateur devient acteur d'un spectacle mêlant histoire, humour et magie." (27/07/2003).

Où l'on voit enfin sans mal ce que serait un monde qu'on confierait aux appétits incontinents des politiques territoriales, des petits commerçants et des travailleurs intermittents de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse : la "figure" par excellence de la pédophilie médiévale triomphante ainsi que son repère "s'animant" pour la plus grande satisfaction de la petite et moyenne bourgeoisies et de leurs enfants.

Étant donné l'accélération où tout est entraîné, la cave de Dutroux ne devrait pas attendre longtemps pour ouvrir la Belgique les délectations touristiques auxquelles elle n'a pas moins droit.

Le rédacteur ou la rédaction à sa place. ont titré, sans malice ni ironie selon toute droit vraisemblance : "Barbe bleue ravit les enfants"!


22 Le syndicalisme est toujours à la fin la trahison de la politique : qu'il s'agisse des travailleurs intermittents de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse ou qu'il s'agisse de n'importe quels travailleurs - de ceux du textile, par exemple, encore que, à la différence de ceux-là, ceux-ci n'est pas à redouter les effets de quelque délocalisation que ce soit. La crainte n'a pas encore réellement percé, en effet, que des travailleurs de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse "étrangers" puissent venir occuper les emplois des travailleurs de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse "français" : nul doute, d'ailleurs, si cela devait se produire, qu'on en appellerait alors solennellement à "l'exception culturelle française".



24 parce que, bien sûr, il n'y a rien comme ce qu'on a appelé il y a longtemps "le théâtre" qui pourra survivre à l'économisme auquel on veut qu'il s'accommode. Lequel économisme n'est aucunement économique, au sens entendu du terme. On ne demande rien au théâtre en soi : pas même d'être rentable -surtout pas d'être rentable (on aurait tort de le prétendre). On veut bien que le théâtre continue de constituer la dépense qu'il a toujours été, une dépense somptuaire, mais à la condition qu'ils génèrent les bénéfices secondaires (nuitées, couverts, et cetera ) auxquelx il n'est désormais pas moins soumis que, par exemple, un parc d'attractions. De ce point de vue, une fête du cidre, une journée de la bourrée, un stage de rempaillage, une randonnée pédestre, un vide grenier, un concours de scrable, un son et lumière, une reconstitution historique, etc. sont en tout point identiques à : un concert de rock, un festival de jazz, une "folle journée musicale", un "marathon du livre". Ils constituent une économie sporadique intégrée à une économie durable, dont les succès nourriront ou non la prospérité générale.

(A un débat récent portant pour titre : "culture publique. La politique culturelle française" est invité un directeur adjoint "chargé de la culture, de l'environnement, de la jeunesse et des sports et du tourisme du conseil régional du..." . Ce titre pléthorique dit avec exactitude que c'est aujourd'hui la même chose du point de vue des administrations nationales et territoriales, que : la culture, l'environnement, la jeunesse, les sports et le tourisme. On ajoutera bientôt : le développement).



29 Le fait que les travailleurs de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse n'aient jamais fait état de cette similitude, de nature et de condition, entre leur situation et celle (par exemple) des travailleurs transporteurs routiers, et qu'ils aient moins encore songé à se solidariser avec eux, tend à démontrer, c'est selon:

- qu'ils n'en ont eu aucune connaissance et qu'ils ont mené et mènent une lutte qui n'est rien moins que politique, contrairement à ce qu'ils affirment;

- qu'ils en ont eu connaissance, mais qu'ils ont cyniquement opté et continuent d'opter pour le principe d'une exception sociale qui tiendrait lieu d'exact équivalent de ce que les mêmes, pour quelques-uns et d'autres, pour le reste. ont théorisé sous le titre de "l'exception Culturelle".



30. Un soupçon confirme cette seconde éventualité : les travailleurs de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse se sont précautionneusement tenus à l'écart de chacun des évènements politiques dominants survenus depuis le commencement de leur lutte :

- le non à l'adoption du projet référendaire de constitution européenne;

- le soulèvement des banlieues;

- la lutte sociale, syndicale et politique contre le loi et décret de loi visant à la généralisation de la précarisation des statuts du travail (CNE puis CPE);

- le surgissement sur le devait de la scène politique de la figure, éminente et emblématique, du travailleur immigré sans papiers.

On a vu, dans aucun de ces cas, ceux-ci montrer une solidarité de principe qui eût fait de l'exception à laquelle ils prétendent une exception qui dût valoir pour tous. On les a bien plutôt vu faire de leur exception la raison d'une différenciation de principe: le travail ne serait pas le même selon que celui-ci se place sous le signe de la règle ou qu'il s'en excepte."

samedi 14 juin 2025

19/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 Ce troisième ouvrage a été lu en 1 seul jour. Par il y va, non seulement de l'éducation et du partage, mais du plaisir non dissimulé. Surya est celui qui a su mettre en mot ce que, confusément, je pensais. 

Nous voilà arrivé au quatrième ouvrage de la série qui a pour titre : "Portrait de l'intermittent du spectacle en supplétif de la domination".  Partie I

Je vous mets en appétit en vous proposant la postface : 

"Il n'y a rien en effet comme la fin de quelque intermittence que ce soit qui soit moins à l'ordre du jour. C'est tout le contraire même. l'instance représentative du patronat (le Médef) regarde le statut de l'intermittence des travailleurs de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse comme le modèle "par excellence" et comme, par anticipation, celui sur lequel aligner toute la législation du travail, dorénavant.

Si bien qu'il faut dire ceci : les travailleurs intermittents de l'industrie du spectacle et du divertissement de masse eussent fait montre de lucidité politique en s'avisant que, au lieu de continuer à prétendre à l'exception qui était la leur, ils constituaient en réalité déjà une règle à laquelle il n'y aurait bientôt plus de travailleur, de quelque sorte que ce soit, à pouvoir s'excepter."


I. Les travailleurs intermittents du spectacle ont repris (en 2004) le travail qu'ils avaient interrompu (en 2003). Bien sûr, on n'est pas sans rire tenté de dire que la reprise d'un travailleur "intermittent" n'appaarait pas, par force, aussi nettement que la reprise de n'importe quel autre travailleur - de n'importe quel travailleur à qui la chance n'est ^pas donnée de ne travailler que par "intermittence". La question se pose alors : comment désigner le mouvement par lequel un travailleur intermittent du spectacle a, d'abord, interrompu son travail? Et comment désigner celui par lequel il l'a, ensuite, repris? Le bon ordre de la langue voudrait qu'on parle, d'un côté, d'une interruption intermittente; de l'autre, d'une reprise elle-même intermittente.

Mais tel n'est vraisemblablement pas le cas; et tel n'est vraisemblablement pas le as d'une façon à tous égards nouvelle, qu'il nous faut voir aussi.

18/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 Extraits du troisième ouvrage intitulé "Portrait de l'intellectuel en animal de compagnie" de la série "De la domination".    Partie III


"Que demanda la domination aux intellectuels qui la ralliaient? Qu'ils disent, c'était bien le moins, que ce qu'ils avaient tenu pour la démocratie tout le temps qu'ils avaient absurdement tenu le communisme pour démocratique en était le contraire; le communisme et tout ce que de ce côté-ci d'un capitalisme sans nuance on avait tenu pour communiste (n'eût-il rien à voir avec, sinon qu'il niait que le capitalisme fût démocratique lui-même).
La domination demanda un peu plus cependant : il a fallu à ceux-ci dire que les libertés formelles qu'ils avaient si volontiers décriées - qu'ils avaient si volontiers décriées parce qu'elles n'étaient que "formelles" - , et qui permettaient que le marché prospérât si spectaculairement, obligeaient de convenir que c'était le marché qui faisait par le coup que ces libertés n'étaient pas que formelles. En d'autres termes, et quand bien même ne fût on aucunement sûr que le marché était démocratique, encore moins qu'il garantissait les conditions d' une "démocratie politique", il leur fallut convenir qu'il n'y avait de démocratique que le marché."


"Il dispose aujourd'hui d'un pouvoir tel qui peut avec cynisme faire valoir que ces libertés ne sont pas de la même nature selon que ce sont des siennes qu'on parle ou de celles que les travailleurs pourraient prétendre lui opposer. Il y a vingt ans maintenant qu'on entend partout des intellectuels démontrer que les libertés auxquelles il n'y a pas d'intellectuels qui ne soit attaché sont satisfaites et le sont par le capitalisme. Il était arrivé pendant longtemps que d'autres (les mêmes le plus souvent) avaient prétendu qu'il dépendait du communisme qu'elles fussent satisfaites. On ne sait plus aujourd'hui quelles libertés sont possibles; on ne sait pas même si aucune l'est vraiment; en même temps, on n'a jamais autant parlé de libertés depuis que ce sont des marchés que parlent ces intellectuels quand ce sont des libertés que parlent ceux que les marchés laissent parler."


"C'est l'une des très grandes étrangetés sur lesquelles il bute: la domination qu'il a ralliée l'a emporté au point qu'elle semble de force à exiger de lui une humiliation dont il ne voit pas la fin. Dont il voit moins encore le profit pour lequel il l'a entreprise. Il s'est humilié sans doute, mais pour rien dont il puisse faire après coup une raison.
On n'a jamais vu personne renoncer à soi-même avec moins de raison ni de profit l'intellectuel depuis maintenant vingt ans. De tous les sujets auxquels cette époque prête tristement à penser, c'est le plus remarquable sans doute. Et contre lequel il ne sert à rien d'en appeler à tous ceux qui auraient mieux aimé mourir qu'admettre jamais que rien pourrait les domestiquer. Leurs noms sont innombrables pourtant, qu'il ne sert à rien d'opposer au nombre de ceux qui sont aujourd'hui pour la domination comme sont les animaux de compagnie."


"Une chose n'a pas été assez dite: la domination sait mieux que jamais (et quiconque) quelle sauvagerie est la sienne. Elle le sait assez pour ne pas vraiment vouloir qu'il n'y ait plus personne pour la dénoncer.
Autrement dit, la domination est une machine de guerre : elle peut désirer donner l'impression que rien n'est fait pour lui résister réellement, rien ne lui résisterait il plus que ce serait, du coup, sa propre possibilité guerrière qui s'en trouverait gravement amoindrie . Partant, elle-même.
Il faut, en ce cas, en former l'hypothèse : elle s'inventera des ennemis dès l'instant qu'elle ne s'en connaîtra plus. C'est-à-dire : elle s'en inventera qui donneront le change (trompe-l'oeil supplémentaire dans sa machinerie générale).
Se ralliant, tous ou presque, les intellectuels auront à la fin permis que la domination s'invente les "intellectuels" dont elle aura besoin. Non pas cette fois les intellectuels qui la loueront tous et comme un seul homme. Mais des intellectuels qui feront comme s'ils ne la louaient pas tous sans condition. Comme si persistait la possibilité qu'existât une intellectualité qui niât "réellement" les desseins qu'elle ne voudrait pas voir personne nier sérieusement. Il faut en ce cas en déduire ceci : c'est par le même mouvement que disparaîtront les intellectuels la contestant réellement qu'apparaîtront des intellectuels dont on devra croire qu'ils la contestent. Les premiers se seront domestiqués d'eux-mêmes : les seconds naîtront domestiqués."



17/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 Extraits du troisième ouvrage intitulé "Portrait de l'intellectuel en animal de compagnie" de la série "De la domination".    Partie II


"En même temps la domestication des intellectuels, c'est-à-dire ce qui fait que des intellectuels que rien ne semblait pouvoir convertir aux valeurs d'un monde d'abord déclaré révolu sont depuis devenus ses premiers faire-valoir, c'est-à-dire ce qui fait qu'ils sont devenus les premiers à faire valoir les vertus qui sont les siennes et qui le sont "à fortiori" depuis qu'eux-mêmes les ont ralliées, cette domestication reste en partie énigmatique.

Il a fallu, pour qu'elle ait lieu, qu'ils s'avisent que la guerre qu'ils avaient jusqu'alors menée contre ce monde, et qu'ils avaient mené pour qu'arrive un jour où il n'en resterait rien, n'avait plus aucune chance de l'emporter; qu'ils s'avisent que cette guerre n'était donc plus d'aucune façon susceptible de leur valoir les positions qui les justifiaient à le vouloir...

A vouloir quoi? Sinon changer de monde, du moins prendre le pouvoir dans celui-ci.

Il faut dans ce cas le supposer : une conversion aussi tardive qu'entière devait à l'intérêt, et il ne pouvait devoir à rien d'autre. le pouvoir ne changerait pas de mains, sans doute; il suffirait que changent alors ceux qui tendaient les leurs vers le pouvoir.

On peut être d'abord tenté de dire qu'il n'y a cela rien de nouveau; que la victoire a de tout temps rallié à elle ceux qui étaient le moins susceptibles d'y souscrire. Quelque chose d'autre a cependant eu lieu cette fois-ci qu'ont permis et ce temps et les moyens qui sont les siens. Et qui oblige à dire aussi que ce sont et ce temps et les moyens qui sont les siens qui ont changé.

Se ralliait-on à la victoire? Oui, si l'on en juge selon l'ancienne représentation. En réalité, c'est le contraire qui a eu lieu : c'est le ralliement de ceux que tout opposait à cette victoire qui a fait que cette victoire est celle qui a donné à ce temps les moyens qu'il a.

Des moyens que rien ne semble plus pouvoir borner. Qu'il n'y a plus personne à le vouloir. Ni le pouvoir."


"Et cela change ) peu près tout. D'abord parce qu'il reste possible de dire que cette victoire n'aurait pas été possible, du moins qu'elle n'aurait pas connu une ampleur pareille, si elle n'avait été ralliée par ceux qui la contestaient le plus. Ensuite parce que c'est la victoire elle-même qui a été modifiée par ce ralliement.

Le capital devait l'emporter, ce n'était depuis plus douteux. Mais la domination n'est pas née de cette victoire inévitable du capital. Elle est née de quelque chose de plus : de l'appui que ceux qui l'avaient combattu lui apportèrent soudain. De l'appui des juges, on le sait, il n'y a pas de jour qu'on ne le voie. De celui des journalistes tout autant ( si tant est qu'un nombre représentatif de juges et de journalistes le combattirent jamais, ce qu'ils voudraient qu'on croie après coup).

La domination forme cette somme idéale qu'étaient seuls susceptibles de produire "ensemble" ceux qui disposaient du capital (c'est l'évidence); "plus" ceux dont dépendrait dorénavant que soient prononcés les jugements touchant à la "légalité" du partage du capital (aucunement à son "égalité); "plus" ceux dont dépendrait que ne restent pas ignorées les opérations susceptibles de porter tort à l'esprit de justice que le capital cherche à représenter en propre. Représenter qu'il n'y a d'opération du capital qui n'ait à coeur de démontrer que c'est toute opération du capital qui a à coeur la légalité dès l'instant que la légalité est ou doit être "l'égale de l'égalité"."

16/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 Extraits du troisième ouvrage intitulé "Portrait de l'intellectuel en animal de compagnie" de la série "De la domination".    Partie I


"De quoi accusait-on les intellectuels? De rien au demeurant. On ne s'en est pas immédiatement avisés: ce sont les intellectuels qui se sont accusés les premiers. Avant que quiconque les accusât."


"Comment comprendre la haine que ceux-ci ont soudain montrée? Et qu'ils ont montré pour eux-mêmes plus qu'ils ne l'ont montrée pour ceux des leurs qui leur auraient semblé les avoir trahis? C'est très étrange, en effet : les intellectuels qui ont commencé de haïr l'intellectualité n'ont alors haï personne en propre; c'est-à-dire ils n'ont haï personne d'autre qu'eux-mêmes. Et c'est sans doute ce qui a permis que tous se mettent à se haïr à ce point et qu'il n'y ait plus eu dès lors de possibilité pour quiconque de reconnaitre à la fois qu'il était intellectuel et de prétendre qu'il était innocent. C'est l'évidence alors : s'ils ne haïssaient personne en particulier, c'est qu'ils haïssaient tout ce à quoi ils se reconnaissaient eux-mêmes. Autrement dit, ils haïssaient la trahison qu'ils s'apprêtaient à opérer."


"Haïssaient-ils ce qu'ils avaient été? C'est ce qu'ils auraient en effet voulu qu'on croie. Pour qu'on aime d'avance qu'ils s'apprêtaient secrètement à devenir? Surtout, parce qu'ils haïssaient d'avance ce que leur lâcheté les faisait devenir. One ne renonce pas à si peu de frais à l'orgueil d'avoir été si peu que ce soit libres. Encore moins d'avoir à toute force voulu l'être."

"Tout avait-il échoué? Peut-être.

Plus rien n'était-il possible de ce à quoi ils avaient attaché leur jeunesse? Sans doute.

Il faudrait alors qu'ils comptent au nombre de ceux qui l'avaient toujours prédit ou prétendu. Qui avaient toujours prédit ou prétendu que cette histoire était faite pour ne pas réussir; qui avaient prédit ou prétendu qu'il n'y a que la jeunesse et ce que celle-ci a de tout temps eu de simple ou d'inconséquent pour croire que des libertés existent ou sont possibles qui soient qui grandes qu'elles donnent "a posteriori" raison à ceux qui  diront après qu'elles l'étaient trop, qu'elles étaient en exorbitantes."


"On admira leur "repentance" : renier ce qu'eux-mêmes avaient cru, pour applaudir à ce à quoi ils ne croyaient plus!

On admira l'inspiration qui la leur dicta : se repentir demande de la hauteur et ils surent donner à leurs repentirs successifs les raisons qu'il fallait pour qu'on crût qu'une passion nouvelle chassait chez eux une passion ancienne et compromise.

Quand ce qu'on aurait dû admirer, c'est l'art consommé du trompe-l'oeil qui sut faire passer calcul pour une inspiration."


"On l'a vu entre autres à cela que ce seraient les mêmes qui avaient voulu que le vieux monde disparût qui se sont employés soudain à faire qu'il ne disparaisse pas. Qui se sont non seulement employés à faire qu'il ne disparaisse pas mais qui ont aussi su faire en sorte que celui qui le continuerait ne lui cèderait sur rien ( quant à la violence, quant à l'horreur...). Autrement dit, ils ont pris au fait que le monde ancien non seulement ne disparaitrait pas, mais empirerait, une part déterminante."


"Ce seraient eux et eux seuls qui diraient dorénavant comment ce monde méritait en effet qu'on le défendît. Et nul ne serait plus qu'eux justifié à le défendre alors, nul n'ayant autant qu'eux fait de chemin vers lui pour le dire, tout simplement."


Ils l'ont dit à leur place, c'est-à-dire ils l'ont aussi dit là où cela pouvait se dire (où le dire avait le plus de chances d'être entendu) : dans les médias.

Les médias? Le mot est fait pour simplifier (pour suggérer l'évidence).

Ni plus ni moins que le mot "intellectuels". Tout est beaucoup pus équivoque. Les intellectuels n'occupent plus un espace que les médias n'aient modifié ( y introduisant de leurs méthodes); et les médias ne sont pas sans accueillir régulièrement les intellectuels (ou ce qui en tient lieu)."


"Elle suppose le tort "a priori" des médias. Ce tort n'est pas exclu. Il est vraisemblable même. Il ne suffit pas cependant. Le tort n'est pas moins celui de certains intellectuels qui ont eu tôt fait de s'emparer de ce tort supposé des médias pour affirmer le leur.

Le leur? Celui qu'on leur prête? Plus sûrement qu'eux-mêmes se prêtent. Duquel ils s'accusent par le même mouvement qu'on les en accuse. Il faut en revenir à ceci : un procès a été instruit, longtemps, qu'on ne voit pas finir, qui fait de l'intellectualité -constitutivement- "un tort". Des intellectuels se sont convaincus de ce tort qu'on leur imputait (l'engagement, le communisme, le trotskisme, le surréalisme, l'anarchisme, l'anticolonialisme, etc...). Convaincus qu'il était juste qu'on fasse de ce tort un crime."


"Et c'est dans les médias que ces intellectuels "domestiques" (comme on dit des animaux de compagnie) sont allés dire leur accommodement récent. Où l'auraient-ils mieux pu, les médias étant eux-mêmes des lieux que la domination a domestiqués? Quoi qu'ils en aient : qu'elle tient. Elle ne les tient pas, d'ailleurs, de l'extérieur (vénalement ou par mesure de police). C'est-à-dire, sur le mode qui consiste à sous-entendre que les médias sont serviles à l'égard du pouvoir, et qu'ils le sont par peur ou par intérêt. Il n'y a plus de pouvoir, du moins politique, à l'endroit duquel les médias soient susceptibles de témoigner de servilité. Il n'y en a plus parce qu'il n'y a plus de pouvoir qu'ils ne détiennent."


"Ce qui permet de former cette seconde affirmation : les intellectuels qu'on voit régulièrement collaborer avec les médias sont partie prenante de cette détention et de ce partage. Ils sont des "intellectuels de pouvoir", comme il y eut, avant eux, des "intellectuels de parti". C'est-à-dire, des intellectuels "hétéronomes".

Ils auront beau vouloir qu'on croie qu'ils s'acquittent par là de leur conversion récente aux valeurs supérieures de la démocratie ( des valeurs auxquelles il n'y aurait personne à n'être intéressé); il suffira qu'on entende qu'ils tirent les dividendes de la plus-value médiatique qu'à permise leurs domestication."


15/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

Nous en sommes arrivés à mi-chemin de la série "De la domination" avec ce troisième numéro qui s'intitule (de quoi agacé les plus pretentieux) : 

"Portrait de l'intellectuel en animal de compagnie".

Michel Surya a reconnu lui-même que c'est cet ouvrage qui a cristallisé le plus de rancœur ou de haine à son égard. Évidemment, ces gens qui se prétendent libres et indépendants n'ont pas admis qu'on les mette à jour.

La seule "transparence" acceptable est celle que la "domination", et elle seule, met en place en sélectionnant ce qui doit s'y soumettre. 



vendredi 13 juin 2025

14/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 De l argent. La ruine de la politique. Partie. 9


"Quant à la justice, c'est au moment où elle semble avoir le plus à cœur de ne pas passer pour une justice de classe qu'elle s'est réglée sur la classe dont dépend depuis toujours toute justice.

A cet accord son précédent qu'ont alors contracté, dans des conditions et pour des raisons qu'on ne connaît pas toutes, la presse et la justice avec le capital, le mot "domination" est celui qui convient le mieux, quand bien même saurait-on mal encore "quoi" il désigne exactement. C'est-à-dire, quand bien même ce qu'il faut qu'il désigne est encore incertain ou incomplet. Une chose est sûre, la domination désigne ce qui est susceptible de ne peser sur personne dès lors qu'elle ne s'impose à personne. Pire, la domination désigne ce qui ne s'impose à personne dès lors qu'Il n'y a personne qui ne désire que pèse sur soi le poids de la domination."

"On ne comprendra rien, longtemps, à cette victoire du capital tant qu'on fera de celle-ci une victoire serait due tout entière à ce que le capital était en mesure d'emporter seul. Il fallait, pour qu'une victoire si entière advienne, si entière qu'il n'y aurait aussitôt plus personne pour la mettre en doute, encore moins la contester, il fallait que trahissent ceux qu'on croyait attachés à faire qu'elle ne se produisit pas."

"Le capital triomphe partout. De tout. On le sait. Il n'y a rien qui existe qu'il ne se croie aujourd'hui capable d'assujettir. Et qu'il n'assujettit. En somme, le monde est tout à coup devenu comme trop petit depuis qu'il n'y a plus personne qui puisse ne pas en faire partie. Depuis qu'il n'y a plus personne qui ne veuille faire partie d'un monde tout à coup devenu tout entier capitaliste. C'est-à-dire, il n'y a personne qui ne semble vouloir appartenir à quelque monde que ce soit depuis que le monde a semblé pouvoir devenir pour tous capitaliste. Il n'y a rien qui ne puisse être capitaliste, sans doute, dès lors qu'il n'y a rien qui ne doive l'être pour simplement prétendre devenir quoi que ce soit.

Du coup, il n'y a rien qui ne soit entré dans cette guerre nouvelle dans laquelle on a vu que c'était tout le capitalisme qui s'engageait, y compris contre ceux qui n'ont jamais cessé d'être eux-mêmes capitalistes. C'est ce qui a changé sans doute: il pouvait sembler qu'il y aurait cette guerre qui ferait que les plus démunis ne resteraient pas sans rien; or ce n'est pas ce qui s'est passé: cette guerre continue qui démunit un peu plus même ceux qui n'avaient déjà rien. Et qui démunira bientôt même ceux qui ont placé en elle leurs espoirs les plus grands.

Était-il possible que le capital restât sans ennemi? Non, sans doute. N'y aurait-il eu plus personne pour en être l'ennemi, qu'il s'en serait alors trouvé parmi les capitalistes eux-mêmes. Et c'est ce qui est arrivé."


"Le double tour qu'a joué le communisme à ceux qui s'étaient voulus communistes et oeuvraient à ce qu'il y eût un jour "de l'égalité", c'est d'avoir fait que puisse passer pour telle ce qui n'en était une aucunement; et que ce qui n'avait aucunement; et que ce qui n'avait aucunement cette volonté puisse prendre prétexte de cette tromperie pour prétendre qu'il pouvait satisfaire cette volonté, par surcroit. Le capital l'a su.

Par surcroit? Parce que personne ne croit sé    rieusement, bien sûr, que le capital ait quelque souci que ce soit de l'égalité. Personne ne le croit mais, en même temps, il n'y a personne pour oser prétendre qu'il ne le puisse pas, aussi. Entre tous les crimes dont il faut accuser le communisme, celui-ci n'est pas le moindre: il n'y a pas jusqu'à ce qui est un crime qui ne puisse passer aujourd'hui pour ce que le communisme prétendait. Les signes se sont-ils à ce point inversés?"



13/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 De l argent. La ruine de la politique. Partie. 8


C'est la même ferveur que partagent tous ceux que tout séparait auparavant. Et cette ferveur change tout. Tout le temps que le capital essayait seul d'imposer, et d'imposer à ce qui s'opposait à lui, les règles auxquelles il était déterminé à se soumettre lui-même, on était dans l'histoire que le capitalisme voulait écrire et qui a, toutes ces années, entraîné la guerre idéologique qu'on a vue et à laquelle on a pris part. Mais du jour où le capital a été sans ennemis...?

Du jour où les opposants qu'il avait auparavant sont pour la plupart devenus ses alliés...? Du jour où il n'eut rien de plus précieux que ces alliés que sa victoire lui avait conquis...? C'est que l'histoire du capital était finie sans doute.

Elle ne l'était pas, bien sûr. Nul ne peut prétendre que l'histoire qu'on voit aujourd'hui partout l'emporter ne sois pas celle du capital. En même temps, elle ne peut pas lui être réduite. Le capital l'emporte partout et sans partage. Pourtant, ceux auxquels il doit de l'emporter l'obligent à partager ce qu'il emporte. Et ce n'est plus "capitalisme" qu'il y a lieu de dire pour dire ce qui l'a emporté en effet partout et sans partage; même "capitalisme" n'y suffit pas.


"Domination" est le nom de ce qui l'a emporté.

Et il ne conviendrait pas qu'on croie que la domination préexistait à cette victoire. C'est le contraire même qui s'est passé : la domination est le résultat, obtenu après plusieurs années, d'une victoire dont tirent parti même ceux qui ne l'ont pas voulue. 

Il faut préciser encore : c'est la domination qui s'impose sur le capital quoique ce soit le capital et lui seul qui l'ai emporte. A l'emporter sur ce qui s'opposait à lui, le capital suffisait. Mais à faire que duré, que s'établisse dans la durée la victoire qu'il avait remportée, il n'y suffisait pas. Domination est le nom qu'il convient qu'on donne à ce qu'a formé pour s'établir, pour durer, le capital, en s'alliant à ce que la volonté de transparence et d'égalité formait au même moment. La transparence serait assurée par la presse; l'égalité par la justice. Et ce qui résulterait de cet intérêt dont on n'avait jusqu'alors aperçu qu'il puisse devenir commun à l'argent, aux médias et aux tribunaux s'intitulerait le jour venu: la domination.

Ce qui ne servirait pas alors à désigner seulement un dispositif rhétorique supplémentaire, mais, entre tous les dispositifs rhétoriques supplément susceptibles de désigner le pouvoir le seul aujourd'hui capable d'en totaliser les figures. De tous les pouvoirs qu'il y avait eu lieu de craindre de voir survenir maintenant que s'éloignait la crainte que surviennent les figures d'un pouvoir absolu, c'était sans doute le pire. Voulait-on que l'argent s'imposat? L'argent s'imposerait sans doute, on n'en était plus à espérer le contraire, ni même à préparer que cela n'arrivat pas, on n'en était pas cependant à croire possible que l'argent s'imposât avec les bénédictions de ce qui semblait s'y être opposé. l'argent s'est imposé, sans doute. Mais il s'est imposé en m'imposant en même temps les règles au moyen desquelles l'argent s'imposerait à l'argent; c'est-à-dire, l'argent s'est imposé en même temps que les règles qu'il imposait; c'est-à-dire en même temps aussi que les règles au moyen desquelles la transparence de l'argent régirait dorénavant les termes dans lesquels c'était l'argent qui s'imposerait.

L'opération à laquelle on a assisté au pire, impuissants, au mieux intéressés, a consisté à faire que, par le même mouvement, l'argent s'acquière tout le pouvoir et qu'il n'y ait plus de contrepouvoir ancien qui n'œuvre plus ou moins consciemment à cette acquisition."


12/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 De l argent. La ruine de la politique. Partie. 7


"Rien ne pourra faire qu'on n'ait dû assister à cet échange honteux; et qu'on n'ait dû lire les mots au moyen desquels cette honte d'échanger une espérance contre une rente s'est négociée.

L'histoire du langage y est-elle engagée? Autant que celle de la pensée. En ce cas, elle n'a pas été moins concernée qu'elle.

Ce ralliement ne suffisait pas d'ailleurs. Il fallait que s'ajoutat à lui un autre et qui le complétait et qui lui donnait tout son sens. Sans doute la presse se mettrait-elle à faire le récit d'une odyssée aussi inattendue: le retour de l'égalité dans le sein de la liberté (ou l'essor de la liberté dans celui de l'égalité promise).

Mais il fallait que cet odyssée ne trompât pas, comme avait trompé le communisme (mais le mot lui-même commençait à entrer dans l'oubli). Et pour qu'il ne trompât pas, il fallait engager dans cette histoire nouvelle (histoire laquelle on a très vite vu que c'était tout le monde qui voulait donner les apparences d'une odyssée) ceux qui lui conféreraient et légitimité et légalité.

C'est à peu près au même moment et de la même façon que la justice et la presse se sont déchaînées, s'entraînant l'une l'autre. La presse prétendant faire œuvre de justice (il n'y a plus de jours qu'elle n'y prétende); la justice se prêtant à une volonté d'information qui provoque la nausée (une nausee si manifeste qu'on ne sait plus, s'agissant de certains des juges des plus puissants, quelles prérogatives sont les leurs: dire le droit ou dire ce qu'ils pensent qu'il faudrait que soit le droit pour ne pas décevoir les buts qu'ils poursuivent de concert avec la presse). Il n'en a pas résulté grand-chose des points de vue qui avaient jusqu'alors intéressé et le journalisme d'investigation et les investigations d'une justice soudain affranchie; parce que les investigations du journalisme n'ont été outres ce qui lui était permis; et parce que l'indépendance de la justice n'a pas encore été contre les pouvoirs auxquels elle est organiquement liée.

Il en a par contre résulté quelque chose à quoi on ne s'attendait pas d'abord: que ce soient deux corporations qui avaient jusqu'à la tenu la police dans la plus grande suspicion qui soient devenues à leur tour policières - au point même de se substituer à elle, soudain regardée, sans que rien ne le justifie, comme défaillante.

Soit, supposons que la presse ait été, comme la police, comme la justice, soudain soucieuse de débusquer partout la malhonnêteté. Mais nul ne pouvait l'être plus que le capital lui-même. Nul ne pouvait davantage que lui y voir engagés ses intérêts. Ce qui revient à dire: la presse s'est mise à avoir les mêmes intérêts que le capital dès l'instant où elle s'est mise à avoir les mêmes intérêts que la police et que la justice. Beau jeu de dupes."



11/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 De l argent. La ruine de la politique. Partie. 6


"Or ce sont eux qui se sont offerts à l'aider dans cette tâche entre toutes contradictoire. Ce n'est pas qu'ils trahissaient soudain. C'est pire. Ceux-là qui ont toujours pensé que rien n'est pire que la corruption, que c'est d'elle que dépend que le monde soit si effrontément inégalitaire, se sont mis à croire que le capital pouvait désirer, avec eux, comme eux qui ne le soit plus. 

C'est un cas rare, sans doute, d'ensorcellement idéologique. Ils ne cesseraient pas d'être de gauche, ils le seraient même encore de la seule façon qui restait pour eux de l'être: en soutenant le capital dans cette opération à laquelle il fallait que celui-ci intéressât le plus grand nombre. Ils seraient de gauche, gauchistes même pour certains d'entre eux, en mettant en place tous les dispositifs qu'on a vu prospérer ces dernières années et dont il n'y a plus aucune opération de la domination qui ne dépende. 

Cette gauche-là, ce gauchisme-là n'imaginaient pas, selon toute apparence, qu'ils prêtaient la main à la confortation des hiérarchies anciennes ou nouvelles; ou ils durent penser que mieux valait leur prêter la main que de permettre que des hiérarchies pires s'y substituent. Qui sait? Les hiérarchies du crime? Sans doute parce que ces gauches qui sortaient tant bien que mal de l'histoire qui les avait vus abdiquer si entièrement ne pouvait pas faire moins pour se rétablir dans une autre qui ne les ignorat pas. Sans doute parce qu'il y a des pensées qui ne redoutent rien tant que ne plus appartenir à aucune histoire.

Toujours est-il qu'il nous a fallu voir se former cette très étrange alliance, une alliance contre nature, qu'ont contractée ceux qui savaient avec le plus profond cynisme qu'il n'était plus possible, après 1989, de ne pas apporter une preuve supplémentaire aux raisons que le capital avait eues de l'emporter, et ceux que n'importe quelle preuve que celui-ci apporterait alors aurait consolés.

Un demi monde intellectuel s'y rallia le premier; c'était enfin permettre que ne pesat plus sur lui l'obligation de ne se régler sur rien que sur lui-même; c'était surtout l'occasion pour lui de commencer à percevoir les dividendes d'un ralliement si onnéreux (il n'aurait pas cessé d'être révolutionnaire si la révolution n'avait pas cessé d'étendre sur la pensée l'empire qu'elle avait; il a cessé d'être révolutionnaire dès le jour où elle l'a cessé). Les journalistes ont suivi.

Les journalistes suivent toujours. Il n'y a pas de journaliste qui ne définisse sa capacité à suivre: la révolution, s'il s'imagine qu'elle peut l'emporter; la contre-révolution, s'il ne doute pas que celle-ci l'a déjà fait. Il n'y a pas de journaliste que ne définisse l'accord qui est le sien avec "ce qui est", en tout état de cause (il n'y a rien qui soit dont le journaliste nous constitue en quelque sorte la preuve "a fortifiori").

Tout ce qu'a écrit le journalisme, du jour au lendemain, du jour où la révolution a cessé de se laisser espérer, au lendemain où la contre-révolution n'a plus eu besoin de démontrer à qui que ce fût que son empire serait dorénavant sans partage, tout ce qu'a écrit le journalisme a tout à coup eu à cœur de défendre les intérêts du capital quand il avait jusqu'à semblé que c'était ceux-ci qu'il était prêt à contester avec le plus de force, et avec ceux qui le contestaient."

jeudi 12 juin 2025

10/ La Politique n'est plus qu'un décor creux. Par M A.

 De l argent. La ruine de la politique. Partie. 5


""Le capital s'est sorti à son avantage de ce jeu. Au point qu'on oublie qu'il n'est pas moins une idéologie que le communisme ne l'était. Qu'il est une idéologie comme le communisme l'était. Au point qu'on ne compte pas les morts qu'il a faits. On en est là. C'est étrange sans doute. L'histoire en est à ce moment, étrange entre tous, ou l'on ne compte les morts que d'un côté.

Et c'est ce qu'il a fallu qu'on comptant. Il fallait que tous ceux qui ont intérêt à discréditer les révolutions puissent compter les morts que celles-ci ont faits. Pour dire à la fin que seules les révolutions ont fait des morts. Que c'est même à cela à cela qu'il est possible de reconnaître les révolutions: aux morts qu'elles ont faits."


""Ce sont ceux à qui la démocratie n'est jamais suffisante qui aujourd'hui la menacent le plus. Ce sont ceux qui ont le plus vivement protesté tout un temps contre le fait qu'une telle démocratie ne soit que formelle qui aujourd'hui font tout ce qu'il est possible de faire pour qu'elle ne prétende pas à plus que les formes auxquelles on la reconnaît et l'identifie 

Que veulent-ils ils? Ils veulent la transparence, Il n'y a pas de jour qu'on ne nous demande de le croire. A qui veulent-ils que cette transparence s'administre? A tous sans doute, mais d'abord à ceux qui disposent des moyens de l'argent. Et pourquoi veulent-ils que ce soient d'abord ceux qui disposent de l'argent qui se prêtent à une transparence assez contraire aux habitudes que l'argent a toujours nourries? Sans doute pour que nul ne puisse plus douter que l'argent lui aussi est fait pour être transparent. Et, ne doutant plus qu'il est, ne doute pas que c'est au moyen de l'argent qu'est le plus susceptible d'être réalisé ce que tout s'attendait que la révolution réalise. (De là qu'on voie le capital vouloir démontrer qu'il est vertueux. Parce qu'il s'agit pour lui de priver l'esprit de révolution de ses motifs de prédilection. Vertueux, il n'en devient sans doute pas pour autant pour tous égal. Il accrédite seulement l'idée selon laquelle la "fatalité de l'égalité" pèse sur tous, quand bien même elle ne comble pas encore tout le monde également.)"


""Cet équilibre s'est établi qui a voulu que l'argent ne soit plus ce qu'on croyait capable de menacer "les" libertés, mais ce au moyen de quoi on a cru alors - et on l'a cru sans doute, on a dû le croire massivement puisque cela est arrivé - que c'était toutes des libertés qui était assurées. Entre tous les retournements auxquels il nous a fallu assister, même impuissants, même avec haine, c'est le plus considérable.

Fin des idéologies, ont dit partout, avec aplomb, ceux qui étaient en effet hypocritemenr intéressés à ce qu'elles finissent. Les idéologies ne finissaient pas pourtant: simplement, de plus grandes l'emportaient sur celles qui avaient été impuissantes à faire qu'on les choisisse plus longtemps. Il a pu exister un temps où on ne voulut pas que l'argent s'imposât à ce point à tout ce qui était. D'aucuns ne le voulaient pas au point de prétendre même qu'un temps que l'argent régirait sans partage ni condition resterait entre tous les temps qu'on pouvait ou imaginer ou craindre, le pire. Ce qui est extraordinaire, ce n'est pas tant que cela soit devenu possible; ce qui est extraordinaire, c'est quand tel temps ait pu arriver et faire qu'on dise de lui, non pas qu'il est le pire des temps possibles, mais le meilleur."


""Qu'arrêtait-on en arrêtant quelqu'un que la presse ou la justice convainquait de pratiques illégales ( bourgeois, élu, entrepreneur)? On n'arrêtait rien, en réalité. Le capital ne s'est jamais sérieusement soucié de ceux auxquels il devait de fonctionner. Quelques-uns pouvaient-ils être convaincus de prendre avec la légalité qu'il rêve de représenter des libertés telles qu'on pourrait être amené à douter qu'il soit le seul à pouvoir prétendre garantir la liberté? Qu'on les sacrifie alors. Qu'on les jette en pâture à ceux qui ne sont plus en mesure de mener la guerre contre le capital: que ceux-ci continuent de croire qu'ils s'en prennent au capital quand ils ne s'en prennent qu'à ceux dont lui-même n'est que trop content de se débarrasser.

Le capital a en fait saisi l'occasion que lui fournissaient ceux qui s'étaient jusque-là dressés contre lui pour se dresser lui-même (et dresser ses règles) contre ceux des seins qui l'empêchaient de prétendre être, entre tous les systèmes le plus juste. De le devenir du moins. Au point. Qu'il n'y en ait plus d'autre pour pouvoir le prétendre. Encore moins l'être. Quelques-uns, qui ont renoncé à renverser le capital, se contenteraient il de le discréder en démontrant qu'il n'est pas aussi juste ni aussi pur qu'il le prétend? Il suffirait à celui-ci, en ce cas, de démontrer qu'il a, en commun avec eux, la volonté de se débarrasser des excès qui compromettraient son principe de justice.

Entre toutes les alliances contre nature, celle-ci est la plus remarquable m. Et c'est de bonne foi sans doute qu'elle s'est formée. Avant que ceux qui étaient le moins intéressés à ce qu'elle se format voient quel parti il leur serait possible d'en tirer.

Si l'hypothèse de la bonne foi ne peut pas être tout à fait écartée, s'agissant des débuts de cette alliance contre nature, elle doit l'être absolument pour tout ce qui a suivi. Ceux qu'on a vus la maintenir, qu'ils aient ou non été ceux qui l'ont formée les premiers, peuvent et doivent être accusés d'avoir pactisé. Ils seraient de gauche, sans doute, puisque c'est ce qu'ils ne cessent pas d'affirmer. Il serait même d'extrême gauche. De gauche ou d'extrême gauche, ils ne cesseraient pas cependant de faire très exactement ce que le régime le plus dur de l'argent était le plus intéressé à les voir faire. Et ils continueraient de le faire sans voir qu'il continueraient de faire ce qu'il fallait pour que le régime de l'argent s'affermisse; et s'impose sans réserve.

La domination est le résultat de cette alliance politiquement inédite."