Article de Yves Dupeux : "L'imminence de ce qui vient, politiquement."
1 / La république contre la démocratie.
On confond souvent la république et la démocratie, au lieu de les opposer. Et pour cause: historiquement, la république vient de la démocratie ou d'une révolution démocratique, du moins pour les deux premières républiques, en 1792 et en 1848. Il en résulte que la république ne peut s'opposer à la démocratie qu'en se retournant contre elle, non as en la supprimant mais en devenant le principe d'une démocratie seulement représentative ou parlementaire qui, désormais, tente d'empêcher toute révolution démocratique. On examinera donc pourquoi et comment ce retournement a lieu et finalement ce qui vient avec lui.
Afin de saisir le sens du retournement que la république opère, il faut dissocier la révolution démocratique, qui précède la république, de la démocratie représentative ou parlementaire qui se confond avec elle. La première se caractérise par l'insurrection, la révolte ( le plus souvent émeutière), la seconde par l'élection qui définit la représentation et produit une assemblée qui ratifie les lois d'un gouvernement. Autrement dit, la révolution démocratique réside dans ce peuple en acte qui ne gouverne pas et qui "proprement cet ingouvernable sur quoi tout gouvernement doit en définitive se découvre fondé). Or, pour rendre ce peuple ingouvernable gouvernable, la république le transforme en puissance élective qui le coupe de son activité populaire, en ne l'autorisant plus qu'à "agir" à intervalles, fussent-ils réguliers, au moyen du vote. Dans cette opération, le problème ne vient pas tant de la représentation que de l'élection, puisqu'on ne confond pas les "représentants du peuple" et les "élus de la république" : autant les premiers renvoient encore au peuple dont ils sont issus, autant les seconds s'en écartent au moyen d'un processus finalement aristocratique qui les sacralise pour en faire des "guides" du peuple."
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