"Mot attrapé à la volée,
Comme ça, rue piétonne,
En croisant une personne
Que l'on ne connaît pas,
Et, qui, en passant à côté de vous, dit:
"Je t'aime"
Je t'aime qui?
Mon frère ma mère ma sœur ma maîtresse
ma femme?
Je t'aime
Qui?
Et moi, je suis seul, là, à marcher dans
la rue
Et je me dis à qui je pourrais dire je
t'aime?
J’ai envie de dire "je t'aime"
Et à qui?
À celle que j'ai épousée
Celle qui fait mon bonheur
J’ai envie de le dire,
Comme lui,
Et j'ai envie qu'on l'entende,
J’ai envie qu'on comprenne que, moi
aussi, j'aime
Et que, moi aussi, j'ai envie qu'on
entende que j'aime
Alors je prends mon téléphone et je dis,
comme ça, en passant à côté de quelqu'un que je ne connais pas: "je
t'aime"
Puis, la personne répond puisqu'elle est
au téléphone aussi "je t'aime"
Et, d'un seul coup, dans la rue
piétonne, on a un bouquet de "je t'aime"
Distribué, comme ça
À la volée, dans la ville
Dans la campagne
À la mer,
Que des "je t'aime"
Dans cette rue
Pendant 5 minutes
5 minutes de "je t'aime"
Dans ce monde là
Là, aujourd'hui, maintenant...
Dans ce monde où chacun cherche quelle
ligne rouge ne pourra être dépassée sans que la guerre devienne mondiale
Si armes chimique : ligne rouge
S’il y a bombe phosphore: ligne rouge
S’il y a hôpital attaqué: ligne rouge
il y a femme enceinte éventrée : ligne
rouge
Cette maternité explosée : ligne rouge
Et des lois: lignes rouges
En fait, le monde est strié de lignes
rouges;
Toutes ces lignes rouges,
Ce sont des ruisseaux de lignes rouges;
On se noie dans les lignes rouges;
Les yeux striés de lignes rouges;
Et on est encore à se demander quand
va-t-on considérer que c'est cette dernière ligne rouge qu'il ne fallait pas
dépasser?
Nous les avons toutes dépassées."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire