Chapitre IV
J’ai toujours aimé la solitude comme on
aime la séparation aux autres par la peur la volonté acharnée de ne pas
souffrir de ne pas vouloir souffrir d’avoir l’illusion que la souffrance ne
passe que par les autres ils ne peuvent être nous ils sont ce qui nous entoure
mais sans approche sans contact Je fuis la peur dans ce cercle intime dans
lequel j’aime m’enfermer mais cette littérature que j’ai découverte elle est
paradoxale elle ce lien qui se tisse et qui doit s’exprimer nous ne les
entendons jamais alors que ce qu’ils défendent devrait être au premier plan
L’espace, cet espace qui est encombré
par les futilités les inepties les égos mégalos ne les tolèrent pas la morale
qui n’est plus visible mais qui est là qui impose censure. J’aimerais avoir la
force de vous obliger à lire « L’outrage aux mots » de Bernard Noël
ce cri de l’homme qui souffre parce que le plaisir d’écrire a été attaqué. Il
est l’homme qui a été malmené criminalisé pour être libre pour avoir tenté d’être
libre. « Le château de Cènes », ce texte attaqué, pourquoi le
défendre ? Sa seule défense était son existence, sa seule existence et le
partage le partage amicale d’un sentiment d’un ressenti. Et si je suis
bousculé, choqué, étripé, fustigé, maltraité ne devrais-je pas alors me dire qu’il
a atteint ce que je n’avais jamais vu en moi ? Il a été le révélateur d’une
partie de moi que je taisais un endroit où la meurtrissure se terrait. Cette
liberté qui fait peur qui effraie les courts en ailes, ceux qui n’ont la vision
en rase motte à la mode des souris qui court apeurées.
Je ne l’ai pas lu encore mais il sera lu
avant la fin de cet ouvrage je le dois je lui dois j’ai cette dette envers cet
homme qui a tenté la liberté qui a voulu me l’offrir et que certains ont décidé
de tenter de m’empêcher de connaitre. Je lui dois, je le dois à ses amis qui
ont la douleur de sa perte et qui savent, eux, la valeur de ce qu’il a écrit
offert. M.S. m’a affirmé que Bernard Noël était le plus grand poète français, il
me l’a affirmé avec cette douleur de savoir qu’il ne le verra jamais plus qu’il
ne l’entendra plus que tout ce qu’il a écrit il l’a lu il l’a aimé compris que
plus rien de neuf ne sortira de cet esprit qui court mais qui ne peut plus
transmettre. Bernard Noël est comme beaucoup d’autres que je découvre en ce
moment, il fait partie de ces cadavres exquis que je découvre à la fin à la fin
de leurs vies à l’automne de la mienne. Je suis cette période qui doit être
douce aux couleurs or à la senteur des sous-bois, je devrais être la personne
qui déambule dans les chemins en pensant en lisant en parlant en aimant et en
pleurant car je chemine en paix avec celle qui m’a toujours accompagnée sans
relâche sans lâcher sans rompre ce lien si ténu elle est là. J’ai tout pour
être heureux je suis heureux je n’ai plus peur de le dire je suis heureux et
maintenant à tous les niveaux je n’ai plus qu’à le prouver à celle que j’aime
que j’ai toujours aimé. Mal désordonné fougueusement maladroitement si profondément
si intensément.
Je l’aime comme j’aime cette littérature
libre échevelée passionnée convaincue que rien ne peut ne pas arriver que nous
allons franchir tous les obstacles.
Elle est la personne de la littérature
qui vit elle est ce que je comprends de ce que je lis elle est ce que je lis et
que j’ai envie de lire elle est ce qui ne peut m’être interdit et dont je vais
prendre possession pour ne jamais la perdre. Ni elle ni la littérature ni CETTE
littérature.
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