samedi 4 mars 2023

Lignes N 32: Daniel Bensaid

 Lignes est une collection dirigée par Michel Surya

Article: Daniel Bensaid ou l éloge de la résistance par Stavros Tombazos


Bensaid:

"Quand les girouettes s affolent aux grès des vents tourbillonnante, il n y a pas de honte à couvrir la retraite. Heureux alors les infirmes et les simple d esprit, heureux les tenaces et les obstinés, heureux les irréconciliés. Pour écarter les battants du futur, d pu peut surgir un possible inespéré, il faut d abord tracer le seuil de l inacceptable. 

Et savoir recommencer.

Revenir sur les leçons mal apprises.

Répéter, rabâcher, ruminer sans jamais confondre la dignité des défaites avec l'indignité des capitulations, la fierté des vaincus avec l'humiliation des battus. Nous avons su sonner à temps l'alarme et prophétiser la catastrophe. Elle ne nous a pas épargnés pour autant. Nul qui a lutté honnêtement pour l'initial communiste ne sortira indemne de la débâcle bureaucratique. C'est injuste, sans doute. Mais pourquoi l'histoire devrait-elle être juste et morale? Sous le coup d'une telle injustice, du moins, le choix est net et clair: ou bien rallier le cortège des vainqueurs et grossir son butin; ou bien entrer en résistance et en insoumission."


"Daniel bensaid ne prévoit et ne promet pas victoires glorieuses ni trompettes. Comme Walter Benjamin, il n'oppose aux renoncements quotidiens et aux petites concessions qui font les grandes capitulations que le temps long et lent de l'histoire, la longue durée de la résistance: de Spartacus à Thomas Münster, à Louise Michel...Il nous rappelle (et cela est une leçon que nous a donné Ernest Mandel) que Marx et Engels se sont toujours trouvés du côté des vaincus, même si leur défaite était prévisible. La déception et la désespérance, bref, le sentiment que rien ne peut secouer la morbidité réactionnaire de notre temps est myope; il ne peut voir que les horizons du temps court. S'il y a quelque chose qui est absolument sûr, diachronique et inévitable, c'est bien la lutte de classes. la révolution n'est pas principalement un acte de libération des générations futures, mais un acte de libération des ancêtres vaincus qui ne sont toujours pas tranquilles dans leurs tombes et qui hantent toujours notre temps déréglé. Il n'y a pas beaucoup de révolutions, il n'y en a qu'une, une seule, qui dure, qui dure encore".


"Le macadam exile le pavé dans la nuit éternelle mais, ce faisant, le protège. Le macadam oublie. Le pavé se souvient. Le macadam s'use. Le pavé dure. Le macadam travaille. Le pavé rêve. Le macadam couvre. Le pavé ouvre patiemment des trous pour refaire surface. Le macadam s'inscrit dans une temporalité homogène et vide. Le pavé frappe quand l'horloge de la répétition s'arrête. Le macadam unit les villes lumineuses de la marchandise. le pavé appartient au monde sombre des galeries souterraines, là où conspirent les taupes, et attend, avec une lente impatience, son heure".





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