Chapitre I
Pour entamer quoi que ce
soit de nouveau, d’innovant, dans ma volonté de créer quelque chose, je dois absolument
partir d’une affirmation.
Une de celle qu’on ne peut
jamais remettre en cause puisqu’elle sera la fondation immuable. Comme le point
de départ de l’éternel retour/ le monde des amants de M.S. dans lequel il
affirme : « je cherche à
penser que penser peut décider de tout. Non pas peut-être tout toujours, mais toute une fois au moins. S’il y a rien
que je puisse vouloir encore, c’est cela. Voilà pourquoi je suis ici. Voilà
pourquoi j’ai, pour un moment au moins, tout arrêté. Parce que je veux croire
que penser ne compte pas moins, pour celui qui pense, que croire pour celui qui
croit. »
Si on peut partir d’une telle
affirmation, je pense pouvoir partir d’une conversation qui n’a jamais existé,
qui n’en est pas une. Même si elle n’existe pas, elle a la valeur de la
construction, de la remise à zéro. Elle n’a d’existence que parce qu’elle a été
envisagée, imaginée, fantasmée. Mais en a-t-elle moins de valeur ? Non, je
ne le pense pas. Dans le temps, elle prendra la valeur d’une conversation qui
aura été réelle. Ce n’est pas pour autant que je deviendrais fou ou que ma vie
ne sera qu’une histoire inventée du début à la fin. Il existe des instants,
posés dans le temps, dont on ne peut pas penser qu’il n’existe pas, qui ne
peuvent pas ne pas être réels. Nous voulons tellement qu’ils existent que nous
en construisons le scénario et, à force de se le répéter, ou de l’écrire, la
vérité est celle que l’on aura inventée spécialement pour ce moment.
Sommes-nous pour autant des menteurs ? Des affabulateurs ? Pas plus
que tous ceux qui nous entourent. Pas plus que ceux qui fantasment l’histoire
de notre pays et tentent de nous en imposer un souvenir qui n’a jamais été.
Mais nous sommes certainement les moins dangereux.
Que représente alors la
vérité dans tout cela ? C’est la vérité des instants que nous aimerions
vivre. Nous sommes capables de le dire, d’en rire même. Mais ceux qui
réécrivent l’histoire sont ceux qui mentent véritablement dans le but d’obtenir
le monde qui vont décrire plus tard dans leur livre d’histoire. Ce monde qui
n’est que le leur et qu’ils nous imposent car ils tiennent tous les leviers décisionnaires,
sans nous laisser un seul espace dans lequel nous pourrions développer notre
propre vérité. Pourquoi perdons-nous ? Car nous participons à ces moments
organisés par les détenteurs du pouvoir et leurs acolytes asservis, nous
participons à leurs règles, nous admettons leurs règles, nous acceptons leurs
règles pour avouer ensuite que nous ne pouvons dire notre vérité. Nous le
voyons bien actuellement, une manifestation, une contestation, cadrée,
organisée, surveillée, téléguidée, n’indispose personne. Elle est systémique au
fonctionnement de la machine à broyer, vous êtes là où l’on vous a prévu, vous
ne surprenez pas. De plus, elle est festive, vous chantez, vous sautez, vous
dansez ; vous offrez à ceux qui gouvernent et à leurs médias, le spectacle
de votre vie moribonde, de vos douleurs, de vos souffrances. Souffrez dans le
rang ! Souffrez mais offrez nous de belles images bien propres, bien
lisses. De la liesse dans la
morosité !
Bref, je reviens au sujet de
mon chapitre : je pars de cette vérité fantasmée de la conversation
monologuée pour bâtir la suite. Celle que je veux, celle que j’aimerais.
Je ne parlerai plus qu’à toi qui part
Discussion imaginaire avec
M. Partie
I
M., cette discussion, nous ne l’aurons jamais…Elle est
née morte dans mon rêve de la tenir…Tu as disparu parce que je t’ai fait
disparaitre, j’ai créé la disparition de ma curiosité…
Je voulais te dire, j’aurai voulu te dire, j’aurais
souhaité avoir le courage de l’impudeur de te dire : je t’ai connu et je
vais être obligé d’arrêter d’écrire. J’en suis obligé car j’ai atteint la fin
d’une ligne droite.
Elle a été rapide, directe, intransigeante,
éprouvante, exigeante…mais tellement joyeuse.
Elle a été joyeusement captivante, désolante,
irritante mais je ne pourrais plus jamais écrire sans penser que tu l’as déjà
dit, écrit et tellement mieux.
Je ne vais plus écrire non parce que je n’aime plus
écrire, non, au contraire, je ne vais plus écrire puisque tu as écrit mieux ce
que j’aurais pu écrire si j’avais eu ton talent.
Je ne vais plus écrire, justement parce que je ne
lirais plus ce que j’aurais pu écrire si j’avais eu un jour une parcelle de ta
clairvoyance.
Je vais arrêter d’écrire pour arrêter de ne plus lire
ce que je cherche mais lire ce que je vais découvrir.
Cette discussion, nous ne l’aurons pas, car tu es déjà
parti…
Parti, par ma faute, parti, en tentant de te
retourner, honnêtement, peut-être, sincèrement, sans doute, mais parti.
Tu m’es parti car je n’ai pas su te dire de ne pas
partir.
Et pour te paraphraser : « Je ne vais plus
écrire, non parce que je t’ai rencontré, mais parce que je n’ai plus à écrire
que je t’ai rencontré ».
Discussion imaginaire avec
M. Partie II
M., tu dis, je le dis aussi parfois, dans ton dernier
roman de pensées, lorsque je ne vais pas bien, que la révolution, quelle
qu’elle soit, est toujours trahie. Comme une conséquence évidente de son
destin, la trahison est le destin de toute révolution. Mais je peux dire aussi,
tu ne le dis pas, ou pas vraiment, ou peut-être le penses-tu sans le dire, sans
l’écrire, seules les révolutions messianiques sont amenées à être victorieuses.
Pour le malheur de ceux qui n’en veulent pas de
celles-là, pour ceux, à long terme, qui n’en veulent plus après les avoir
amenées à gouverner.
Alors, peut-on encore en vouloir
une ? Cela reste un rêve que l’on peut avoir. Comme quelque
chose qui peut nous aider à tenir, une sorte de béquille. Qui peut encore rêver
d’une révolution alors qu’ils en craignent la trahison, qu’ils savent
assurément que de toute façon la trahison en sera la conclusion ? Tu dis
également, je le pense et je peux l’écrire dorénavant, « la politique est
une malédiction et n’est que malédiction ». Je ne le pense pas parce que
tu le penses, que tu l’écris ; je le pense également parce que je ne l’ai
pas encore écrit mais que je le pense depuis bien longtemps.
M., tu dis que l’on ne peut être que déçu de la
révolution car elle n’est jamais ce qu’on espère. Mais toute une population
peut-elle vouloir la même révolution, sans croire au messianisme, sans ne plus
croire au messianisme religieux ? Peut-on plus croire au messie de la
politique qui est une malédiction ? Le messie de la malédiction, peut-il
être le guide d’un peuple qui ne rêve plus que du malheur de peur de prendre en
main son potentiel bonheur ?
M., tu dis, tu ne le dis jamais assez fort pour que
quelqu’un puisse le croire, tu dis que tu fuis la politique, que la politique
c’est fini pour toi. Pour ne pas le dire suffisamment fort, elle est dans ton
métier, elle traverse tes écrits que tu ne veux plus écrire parce que tu dis ne
plus croire en la politique, elle est dans tes relations, celles-là même que tu
fuis sans les fuir puisqu’ils sont invités à écrire dans ta collection.
M., cette conversation ne pourra jamais existée, pour
n’être que virtuelle. Je suis mon Dargerman, je suis mon M ;, je suis
celui qui lis et que tu écris ; tu es celui qui écrit pour celui qui lis
mais qui n’écrira plus.
Discussion imaginaire avec M. partie III
Cher M.,
Tu me l’as écrit personnellement, et je le lis dans ton roman à penser.
A penser l’avenir ? A penser que la police est partout, même dans des relations
qui sont nées, mortes, nées/mortes, sans conséquences, me laisser pantois de bêtise,
seule avec ma bêtise.
« J’avais noté ceci à ton attention : le nom n’a rien
d’intime puisque sa fonction est sociale. Mais le vérifier relève en principe
de la police. »
Tu es tous ceux qui ont fui quelque chose ou
quelqu’un.
Peut-être t’ai-je posé cette question parce que moi
aussi je fuis ? Je fuis quoi ? Mais moi…Je me fuis depuis que je sais que je ne
suis pas celui que je devrais être…Je suis devenu celui que les autres ont fait
de moi, ont pensé que je devais être…
M., tu sais, tu le sais toi, que jamais tu n’arriveras à te fuir
indéfiniment…Mais tu le sais…C’est pour ça que tu ne peux plus t’arrêter, te
poser, et tu regardes tous ces chemins que tu as parcouru…sans te poser…avec la
crainte de te poser…de poser tout ça…de te dire : « C’est bon, c’est fini…Je ne
peux plus aller plus loin »
Et qu’est-ce qu’il adviendra ce jour-là ? M., feras-tu
l’irrémédiable, l’as-tu déjà fait ? L’as-tu déjà préparé ? Tu n’as pas encore
donné la date mais ce chemin, c’est celui que connaissent tous ceux qui fuient..
C’est pour cela M. que tu aimes l’horizon de la mer à
F., parce qu’un horizon, on ne peut jamais l’atteindre. Alors, on peut le
regarder, le scruter et se rassurer car, pour le rejoindre, on sait que la
route est longue, inatteignable, comme le but de la fuite..
M., un nom, une histoire, celle de EUX, celle que l’on t’a obligé à porter,
alors que c'est mort qu'il te "voulait".
Mais M., cher M., ta dernière fuite sera peut-être ton
dernier choix...le plus dur…Le plus terrifiant…
Tu ne pourras jamais fuir ceux qui t’aiment, jamais.
Discussion imaginaire avec M. partie IV
M. comme il est curieux, je me dis, que tu veilles à tel point disparaitre que
tu ne veuilles que connaitre la vie de ceux qui t’interroge.
Qui interroge ta fuite, nos fuites, et nous les aimons
mystère, curiosité non révélée, accrue, ardente, frénésie…
M., ton nom comme une trace indélébile de ton passé.
Tu connais les anecdotes des uns et des autres, tu es l’inspecteur de leurs
morts, le biographe de leur disparition, tu l’exposes, tu expliques que toi tu
ne veux pas que l’on connaisse, que tu refuses que l’on cherche.
M., tu portes fascination à la disparition brutale,
comme celle que tu n’as pas faite, que tu n’as pas brutalement infligée, à toi,
à ceux qui t’aiment, à ceux qui se posent question.
Tu as choisi la disparition lente de la fuite.
Tu dois l’entendre, je te l’écris, je te le dis, ta
disparition est violence pour ceux qui t’aime, que tu n’aimes pas, pas
forcément, pas forcément puisque pas de volonté d’attache, ou que tu t'efforces
de ne pas aimer.
Tu fuis les attaches, toutes, les familiales, les
amicales, celles que tu as choisi, à un moment, qui, aujourd’hui t’encombrent.
M., ta fuite est la vision, la trace, l’absence de ton
égotisme. Et, de fait, M. , je te le dis, je te l’écris plus que je ne te le
dis, puisque tu as fui ma question de par ma faute, tu m’as fui par mon propre
choix de ne plus te voir, de te croiser, tu nous exposes à ce que tu détestes
qui n’est pas toi, proche ou lointain.
Autre paradoxe M., pourquoi m’as-tu approché, parlé,
jusqu’à la sympathie apparente, réelle ou feinte ? Toi qui fuis toute relation,
toute relation amicale, et surtout familiale ?
Tu voulais te prouver (m’infliger) que tu étais encore
en capacité de fuir de nouveau…Tu l’as dit, écrit, tu me l’as dit, tu me l’as
écrit…
M., j’ai été, vis-à-vis de toi, le Dagerman de M.,
comme Dagerman réel ou double fut celui de Nietzsche. Tu es Nietzsche et je
suis ta Lou ?
Quelle est donc cette construction de l’approche qui
n’en était pas une, pas une réelle, une feinte, une approche esquive ?
Je te l’ai écrit, faute de te le dire, je ne connais
ni légèreté, ni paix.
Je suis moi qui ait rencontré M., aimé M. et qui,
déjà, depuis même le début, même peut-être avant que je te connaisse
(reconnaisse ?) regrette M., la disparition de M., le regret peut-être même de
t’attendre sans que tu viennes, sans que tu viennes, vraiment. Ou, que tu
viennes mais que tu ne me reconnaisses pas, comme un qui aurait pu, qui aurait
dû…
Peut-être celui qui aurait pu te faire douter, te
faire remettre en cause la fuite, les fuites, toutes les fuites.
M., permets-moi d’avoir cette immodestie puisque nous
ne l’avons jamais évoquée, nous ne l’avons jamais espérée, nous n’en avons
peut-être jamais eu l’idée.
Je suis celui aussi qui fuit, qui ne veut s’attacher,
qui ne s’attache pas, mais à quel prix ?
Discussion imaginaire avec M. partie V
M., tu n’es que ce que tu écris ? Tu n’existes que
parce que tu penses ? Par ce que tu penses ? Une pensée plus haute que la vie,
plus haute que l’existence.
Mais M., tu existes déjà par tes fuites constantes, tu
existes par tes absences auprès de ceux que tu as fuis, ceux qui, peut-être,
espèrent un retour, et même ceux qui ne l’espèrent plus mais le souhaitent. Tu
existes par ceux que tu vas bientôt fuir de nouveau, ceux qui désespèrent de
t’aimer sans retour, ou alors, faussement, ou alors, ceux que tu aimes mais que
tu vas fuir quand même car ton existence est la fuite. Tu l’écris, tu le dis,
tu fuis, tu fuis, en désespoir de cause. Tu ne te fuiras jamais assez.
Il fut un temps où je ne pouvais plus te parler. Le
monde dans lequel tu t’es enfermé pendant ces quelques pages m’asphyxiait. Je
ne pouvais articuler une pensée et j’ai même eu le culot de penser que tu te
trompais. Il ne pouvait pas être question dans un monde que j’avais désormais
décidé de quitter, de fuir, pour le coup, de fuir définitivement pour justement
penser te rejoindre mais hélas, te rejoindre, aller vers toi, semble me ramener
vers mes démons. M., puis la fenêtre, l’ouverture, la lumière, il y a l’amour,
toi qui ne croit plus en rien, qui semble ne plus croire en rien, dis-tu,
écris-tu, mais toi qui aime l’amour, qui veut croire en l’amour, qui croit en
l’amour mais, écris-tu, pas l’amour vulgaire, non, seulement celui qui rejoint
l’universel. M. je pense que tu l’as trouvé, tu sais que tu l’as trouvé, ne
l’écris tu pas comme pour conjurer un sort, l’écrire serait le perdre, pour le
moins le montrer, le dévoiler, pour le mettre en péril, en lumière qui se
ferait agressé. Tout cela se cache, se tait, tu l’écris pour un autre, celui
que tu caches être, celui qui est ton double, celui à qui tu dis « tu »…Sans
doute le dernier recours après la révolution, après la politique, ces
désillusions, dis-tu, écris-tu, jusqu’à dire, sans hésiter, des malédictions,
de réelles malédictions, que ce ne sont que ça…au nom de ceux qui en sont
morts, ou mortellement affectés en ont-ils fait leurs raisons de suicides ?
Ceux que tu as suivis, pas à pas, dans leur déliquescence, jusqu’à disparaitre
de leurs vivants dans leurs morts, dans leurs inexistences de morts, ceux que
l’on ne découvre que tard, par hasard, ou par erreur, de celles que l’on doit
élucider…Cette limite en lame de rasoir que tu sembles enjamber comme pour une
marelle endiablée jusqu’au soleil ? Ton soleil vers lequel tu sembles revenir à
chaque fois, comme pour te ramener vers la vie, vers la lumière…celle qui te
permet d’en apercevoir encore en toi.
M., je t’ai aperçu aujourd’hui, je le devais, c’était
écrit, quelque part entre nous, un pacte silencieux et secret et j’ai souri,
cet après-midi je souriais en te voyant, vivant, heureux parce que deux,
heureux parce deux sans eux, ces ombres, ces nuages, ces obscurités jamais
assez lointaines…
Discussion imaginaire avec M. partie VI
Ma mère ne s’est jamais absentée de
rien, jusqu’à ce qu’elle existe. Qu’elle existe dans le monde qu’elle traverse,
le monde dans lequel je ne suis pas, pas plus qu’elle n’est mère.
Ma mère, à jamais ne la voir vraiment,
elle n’a jamais perçu que la peur de ne pas comprendre ce que je suis et ce que
je pense.
Ma mère, de ne pas vouloir aimer avant
de comprendre, n’a jamais eu la force, la volonté, la force de la volonté, ou
la volonté d’avoir la force d’aimer avant de comprendre, aimer pour comprendre.
Tu peux le comprendre, M., dans le monde
des « Morts nés/eux », ce que tu décris est ce refus d’amour sans
qu’il n’ait besoin de raison. Peut-on nommer ce qui ne ressemble à rien de ce
peut ressentir un être humain pour un autre, étranger de par la volonté,
étranger car sans volonté de chercher à aimer, aimer c’est s’encombrer, c’est
alourdir le voyage auquel nous n’avons jamais eu le droit de participer. Nous
ne faisions même pas office de bagages encombrants.
M. nous imitons si bien la vie qu’on
arrive à se prendre au jeu.
Discussion imaginaire avec M. partie VII
Si nous pouvions revenir à la première
discussion qui n’aura pas lieu, qui n’a jamais eu lieu, que jamais je ne
pensais que tu aurais pu être celui qui m’écoutera, comme tu écoutes, physiquement,
complétement, dont il ne sera plus possible qu’elle existât un jour ou l’autre,
je te lis. Je te lis comme si rien d’autre ne pourra être lu par moi, comme
s’il m’était dorénavant interdit de lire, d’écrire, de penser même. Je te lis,
M., comme la fin de la recherche, de ma recherche, sans vraiment chercher mais
en l’espérant, le souhaitant. Je n’ai plus à rechercher, j’ai trouvé. Sans
savoir qu’on le cherchait, on sait, on sent qu’on l’a trouvé, comme une
plénitude. Mais y ai-je trouvé la paix ? Un apaisement même
momentané ? Et de savoir que je ne devrais plus avoir à écrire, allait-ce
être l’enfer ? Un désespoir insurmontable ? Comme une mission que je
m’étais imposé que je n’aurais plus à subir, à m’imposer, comme l’on s’impose parfois
des plaisirs malsains, sains, heureux, perturbants, savamment perturbants.
Non, j’étais apaisé, heureux que cela
existât même si je n’en étais pas l’auteur, heureux peut-être parce que je n’en
étais justement pas l’auteur.
Mais vas-tu aussi disparaitre M. ?
Vas-tu aussi vouloir tout détruire comme Kafka ou ou ce fameux mystérieux
Adler, qui a disparu au point de ne pas avoir existé, vraiment existé, que l’on
doute qu’il existât tellement il disparut, comme le prétexte de ce que tu
cherches à nous imposer, un jour, à un moment que tu choisiras ? Car tu
es, malheureusement pour ceux qui veulent t’aimer en toute indiscrétion, comme
un artiste qui peut penser, qui a le droit de penser, que rien ne doit lui
survivre au-delà de notre affligeante présence. Comme tu dis, mourir
entièrement, complétement, plus qu’assez, en tout cas. Rien ne fut, tout passe
qui ne laisse pas d’empreinte.
Il y a des livres que l’on n’a pas envie
de finir, pas le droit de finir, qui sont pleins, libres, aérés, denses. Des
livres qui nous complètent, qui nous enveloppent, qui parcourent nos vies sans
nous lâcher.
Discussion imaginaire avec M. Partie VIII
Tu sais M., cet après-midi, j’ai pleuré.
J’ai pleuré en passant devant le rideau
fermé.
Définitivement fermé ? En tout cas
pour moi, il l’est. De par ma seule volonté, de par ma seule erreur. De cette
insurmontable erreur que j’endosse comme un costume trop serré qui m’étouffe,
qui bloque mes mouvements, mes déplacements ; qui laissent des empreintes
sur mes pensées, mes errances littéraires, poétiques ou insomniaques.
M., tu es parti, sans me laisser
l’espoir de te revoir. Je pense que je ne te reverrais même plus.
Ne plus t’apercevoir marchant à côté de
celle qui te côtoie, qui ne te pose plus de questions, (T’en a –t-elle déjà
posé ?), de ne pas te connaitre, de ne pas chercher à te connaitre pour
être encore à tes côtés, pour prévenir une fuite, la dernière avec elle, donc
elle marche, en silence, non dans la confidence, elle t’aime donc elle n’ose
plus te connaitre, ne te questionne pas, elle, elle aime dans l’ignorance comme
tout être qui aime vraiment sincèrement.
Ne t’ai-je pas aimé ?
Non, je t’ai admiré, comme un fan, comme
un groupie qui voulait faire croire à de l’intimité. Mais non M., ce rideau, ne
s’ouvre pas, même ouvert.
Alors, simplement, sans m’y attendre,
sans que l’instant soit issue d’une réflexion ou d’un chemin de réflexions dont
la destination était cette pensée ; non, elle s’est imposée, une évidence,
une fulgurance : et que vais-je devenir de ne plus te voir ? Que
vais-je devenir de ne plus t’apercevoir dans cette petite ville F., devenue
selon tes dires : « qui change trop et devient de plus en plus
une sorte de parc d’attractions pour une population de touristes
infantilisés ».
Et puis, l’instant d’après, lors d’un
moment de paix et de silence, j’ai repris la lecture d’un de tes ouvrages qui
ne parle que de disparition, mais pas forcément la mort, la disparition dans sa
globalité : œuvre, histoire, nom et physique. La mort assez. On ne meurt
jamais assez.
J’ai
aussi cette envie que rien ne subsiste de moi, rien.
Mais,
doit-on l’imposer à une famille que l’on s’est construite ? Doit-on ?
Si cette famille l’accepte, peut-être. Mais encore faut-il avoir la vraie
conscience d’un être qui disparait totalement, ce qu’il laisse comme empreinte
de sa plus d’existence. Je vis, personnellement, depuis ma naissance, presque,
avec un être qui a disparu, avec la construction matérielle de sa
disparition : dans le langage, dans les preuves de son existence. De ne pas
vouloir imposer les questions de la non existence, je m’en suis imposé un
traumatisme, celui que je n’ai pas voulu imposer à ceux qui ont vécu cette
disparition.
Pour
conclure M., cet échange, que j’écris, car, de le dire, je n’en aurais pas le
courage, ou le temps de trouver le courage de te le lire, de te l’imposer comme
aujourd’hui, tu t’es imposé à moi, comme une partie de ma vie. De mon esprit.
M. , tu
n’aurais jamais eu à parler de toi, puisque, de toi, je ressens ce que je veux
de toi, et surement pas la vérité
Discussion imaginaire avec M. Partie IX
Mon cher M., que fut cette scène que
nous vécûmes cet après-midi ? Cette étrange gêne de deux individus qui
veulent s’éviter ; l’un peut être véritablement comme parce qu’il a
accepté la décision de l’autre tout en tentant vainement de la contrer, d’y
mettre un terme, de rassurer, d’exhorter à surseoir à cette décision, qui n’en
n’était peut-être pas une, juste l’erreur d’un instant de tristesse infinie de
s’être senti comme les autres personnes, celles que l’on méprise, qui jugent,
qui enquêtent, ceux qui ne cessent de mettre des étiquettes, qui perforent les
individualités, et qui s’immiscent dans les intimités.
Oui, tu fus celui-là, le temps d’une
question. Mais tu l’as rejetée, sans attendre une réponse, sans attendre la
sentence de ta punition, sans attendre un instant plus propice pour tenter de
t’excuser, t’excuser de toi-même, cherchant dans quelques réponses celle qui te
permettra de croire qu’il ne s’est rien passé. Mais il s’était passé cette
chose étrange lors de laquelle tu t’es cru autorisé à poser cette question en
forme de couperet.
Et l’autre, l’autre, qui a tenté
vainement de marcher vers lui, ne sachant plus, n’espérant plus, n’y croyant
plus et prenant de pleine face cette décision qui fut la tienne : celle de
changer de route. N’as-tu pas profité que nos yeux se sont perdus pour faire ce
choix, qui n’en était peut-être pas un à ce moment-là mais plus une instinctive
décision, celle de respecter, de ne pas laisser de chance, de ne pas être celui
qui revient, peut-être à tort en passant au-dessus de la décision de l’autre de
ne plus se voir.
Mais tout s’est joué en quelques
secondes, les seules secondes nécessaires pour faire ce choix, qui n’en fut
peut-être même pas un puisque cette situation n’avait sans doute jamais été
évoquée ni par l’un ni par l’autre : que ferais-je si nos chemins devaient
se croiser dans cette ville ? Sans doute n’y avons-nous pas réfléchi car
nous savions que nous déciderions sur l’instant. Ce fut ta décision, tu as été
le seul à la prendre.
Mais qu’en a pensé C. ? Soumise,
complice, elle t’a suivie. T’a-t-elle conseillée de ne pas faire ça et cette
décision fut l’objet de la discussion qui suivie cette rencontre. Sans doute,
M. as-tu su lui expliquer pourquoi il ne fallait jamais laisser de chance
lorsqu’une personne blesse, se croit blesser, se sent rejeter. Ne l’as-tu pas
été tant et tant qu’aujourd’hui, il est hors de question, ne serait-ce qu’une
seconde, que ce soit toi qui soit rejeté une nouvelle fois. Chaque fois
maintenant, tu rejetteras, ou tu fuiras. Mais le rejet est en soi une fuite.
M., lorsque je t’ai vu venir vers moi,
j’ai reçu un double choc. Tu étais encore présent dans cette ville que tu
voulais fuir de ne plus t’apporter le confort de l’anonymat, la sécurité de
l’inexistence. Car, en fait, M., tu fuis la vie. Tu fuis tout ce qui constitue
la vie. Tu marches, errance sans but, tu devises, face à un silence docile, tu
ne peux pas t’arrêter, ne jamais s’arrêter.
Puis, moi, qui ne savait que faire, qui
était presque à accepter de te reparler, c’est-à-dire, revenir lâchement sur ma
décision, sans me préoccuper de ce que tu voulais toi, sans penser à ce que tu
pourrais penser de moi, de ma lâcheté, de ma volonté de bafouer une décision
prise. Presque heureux de ne pas tenir parole, cet engagement que j’ai pris
avec moi-même, en t’excluant comme celui qui sollicite. Tu ne sollicites
jamais, M., ou alors, si peu de temps, que tu ne laisses à l’autre aucune
possibilité de revenir sur ce qui fut un mouvement d’humeur, de honte.
Tu as tourné dans la rue la plus proche
pour que nos chemins ne se croisent pas. Ne se croisent plus.
M., cette fois-là, j’ai véritablement
pris ma punition en pleine face. Avant, ce n’était moi-même qui me l’étais
infligée, sans t’inclure. Mais, aujourd’hui, c’est toi qui me l’as infligé, en
m’excluant.
Ce détour, me l’as-tu infligé car tu
voulais respecter ce que je t’avais dit ? Te heurtant, tout en me
heurtant ? As-tu fait ce choix car tu ne veux plus toi me voir ?
M., finalement, aujourd’hui, je sais que te voir me voir sans te parler, sans
me parler, est une douleur que je ne peux que difficilement supporter.
T’apercevoir à la dérobée, est une petite joie toute sensible mais te voir
m’éviter volontairement m’est une agression que j’ai moi-même orchestrée sans
vraiment en avoir conscience, au moment de la décision, de toutes les
conséquences.
Peut-être que toi partant, toi parti,
ces rues vont-elles redevenir ce qu’elles sont en vérité, des artères vides, ou
presque vides puisque sans humanité.
Mais toi partant, parti, c’est savoir
concrètement que, à ce moment-là, à ces instants où je ne t’apercevrais plus,
ce sera ce définitif qui fait mal.
Discussion imaginaire avec M. Partie X
Je suis toujours dans la déshérence.
Je cherche à t’apercevoir sur les
artères que je suppose que tu serais apte à arpenter. Celles qui te
procureraient le moindre mal, qui t’éviteraient de croiser ces êtres qui
t’insignifient. Qui te heurtent. Qui nous heurtent ; dont l’existence nous
insupporte.
Pas leurs discours, pas leurs regards,
non, plus ample, plus amplifié : leur simple existence, leur simple
encombrement des espaces. De tous les espaces. Ils insupportent l’air, les
paysages.
M., en te cherchant, je me disais, je
l’écris, reconnaitrais-je C. si elle était seule à se promener ?
D’ailleurs, la laisses-tu seule dans ses
rues, croiser ces personnes qui t’insupportent de par leur simple existence,
l’occupation de quelque espace qu’ils utilisent de leurs présences ? Je ne
te vois pas la laisser seule traverser cette ville quand tu penses ce que tu
penses de l’amour.
Elle aime parler, elle veut être celle
que l’on écoute, enfin, définitivement. Elle veut être celle qui sera au centre
des discours, des pensées, elle veut être C..
Comment je peux la définir ?
Comment je me la représente ?
Comment je veux qu’elle soit ?
Comment elle peut être pour pouvoir
vivre à tes côtés ?
Comment je pense qu’elle devrait être
pour être un minimum heureuse à tes côtés, dans ton ombre, dans tes pas ?
La vie près de toi, dans ton espace,
dans celui que tu peux lui accorder pour qu’elle ne bloque pas une fuite,
qu’elle ne puisse bloquer une pensée ? Sans qu’elle puisse te
déranger ?
Peut-elle exister hors de ce que tu as
envie qu’elle représente pour toi ?
N’existe-t-elle que lorsque tu as besoin
d’elle, de son amour, de son oreille ? Qu’elle acquiesce à ce que tu dis.
Qu’elle ne soit plus que celle qui t’admire, qui te comprenne.
Mais est-elle d’accord avec tout ce que
tu dis ? Tout ce que tu penses ?
Tout ce que tu lui imposes. Et ces
fuites, va-t-elle toutes les subir ? Va-t-elle être toujours à tes côtés
ou cherches-tu à la dégoûter afin qu’elle parte, qu’elle te quitte pour te
permettre enfin de dire : « elle ne m’aimait pas », pour qu’elle
te justifie dans ce que tu penses être la vérité ?.
Et si un jour, elle te disait ce qu’elle
pense réellement ?
M., as-tu toujours raison ?
Penses-tu toujours avoir raison ?
Veux-tu toujours avoir raison ?
As-tu toujours envie d’avoir
raison ?
Pourtant peux-tu avoir toujours envie
d’avoir raison ?
M., cette question que je ne te pose
pas, que je ne te poserais pas, pas comme celle que je t’ai posée qui pourrait
être plus importante que celle qui nous a séparé : aimes-tu C. ?
Je veux dire sincèrement, franchement,
indéfiniment, comme je pense qu’elle t’aime, comme elle te prouve qu’elle
t’aime.
Pourrais-tu lui prouver, si elle te
demandait d’arrêter, de vivre, de ne plus fuir. Es-tu prêt à t’arrêter, à
écouter, à l’écouter ?
Discussion imaginaire avec M. Partie XI
Il est étrange, je l’écris,
il est étrange que tu ne sois plus que cet inconnu qui s’éloigne, celui que
j’aperçois brièvement de dos. Aujourd’hui, comme pour me contredire, comme pour
me rejeter, une fois de plus, tu tiens la main de C.. Et puis, tu ne la lâches
pas malgré les embuches du quai.
Je me suis dit, cet après-midi, vais-je être l’accélérateur de ton
départ ? Jusqu’à quel point, je peux en être le prétexte ?
Si oui, aurais-je été si important que ce soit, de quelque importance ai-je
été. Qu’est-ce que mon contact aura déclenché en toi que la fuite ne soit plus
non une décision, mais une opportunité ?
Ces instants, si courts, si
fugaces, sont des traces indélébiles pour moi, uniquement pour moi. Pour toi,
je n’ai été qu’un encombrement que tu peux contourner aisément, mentalement,
physiquement, dorénavant. Ce que je n’arrive pas à me dire, à me convaincre, et
pourtant je sais que je suis le seul responsable, que je ne suis pas que le
seul responsable. Que tu étais en attente d’une opportunité, d’une faille qui
te permette de te glisser dedans, un interstice dans lequel tu peux encore te
faufiler pour t’extraire de ma vue, de ma vie, de toutes celles qui pourraient
chercher à croiser la tienne, de toutes celles qui t’empêcheraient de marcher
seul, toujours seul.
Et, encore, une fois, je me
pose la question de savoir si C. partage toutes tes idées, toutes tes
envies ? Et cette main que tu tiens, il me semble que c’est la première
fois que je te vois ainsi, est-ce pour la retenir car elle veut s’éloigner, un
peu, ou se retourner, ou prendre un élan ?
Parce que cette main tenue
était de celle qui fait mal, qui ne semble pas une volonté mais une nécessité.
Tu n’en a pas le choix. L’empêcher de pouvoir faire une fuite de tes fuites.
Discussion imaginaire avec M. Partie XII
Part ! Part M. !!
Je t’exhorte à partir le plus vite
possible, ne reste pas là. A chaque moment si court, si limité, si fugace, la
plaie s’ouvre, celle qui ne se ferme pas car le scalpel n’est jamais très loin,
à portée de plaie sanguinolente.
Ce matin, je t’ai vu la regarder et dans
tes yeux, il y avait l’amour, il y avait un sourire, il y avait la joie de la
regarder sans rien espérer, sans rien attendre, juste la regarder car elle est
regardable, aimable, belle encore, peut-être. Donc, de fait, tu étais beau
également, fatigue partie, visage reposé. Je le dis autrement : la beauté
que tu continues à voir chez elle se reflétait nécessairement, inévitablement
sur ton visage.
Enfin, elle était l’intérêt, le centre
de ton intérêt, à ce moment précis, puisqu’elle venait de souffrir, puisqu’elle
sortait des mains d’un autre, de l’attention d’un autre qui aurait pu voir
cette beauté, reconnaitre celle-ci, que peut-être tu vois moins car proche, si
proche, que tu ne la regarde pas.
Tu la regardais pour la récupérer, pour
la reprendre, si elle avait cette envie de partir, de s’éloigner, de déplacer
son centre d’intérêt, mais peux-tu comprendre qu’elle n’en avait pas
nécessairement envie.
Ce visage souriant, ce sourire sur un
visage qui ne sourit jamais, jamais.
Je te demande de partir, M.
Aujourd’hui, je mets fin à ce monologue,
je ne te chercherais plus, je ne te verrais plus. Tu es parti. J’attends que tu
partes, je veux que tu partes. Mais il a fallu un moment que tu sois là pour
que je te rencontre, que je te découvre, que tu m’influences.
Je te souffrirais loin mieux que si je
t’aperçois de loin en loin, de savoir que tu es là, ta présence invisible
m’oppresse, me stresse. Peut-être est-elle cette source vive nécessaire à mes
inspirations. Ta disparition va-t-elle la tarir ?
Je te dis adieu physiquement alors
qu’intellectuellement, tu es en moi, ancré viscéralement. Tu es, pour le
moment, l’ancrage de mes inspirations, de mes circonvolutions, je ne peux plus
t’échapper. Je ne le cherche pas forcément.
Mais écrire, souffrir et ne plus
respirer ; ne plus écrire, ne plus souffrir et respirer. De tout cela,
qu’est ce qui m’est le plus vital ?
Post-scriptum
Je me disais cet après-midi, cette
histoire qui n’est pas fini qui est interrompue qui est suspendue plutôt ce
temps que l’on s’est accordé ou plutôt que l’un a imposé à l’autre mais que
celui-ci a accepté comme une évidence sans vraiment rechigner cette histoire
qui est in-fini va se poursuivre dans la non existence de la rencontre de cette
parole qui s’échange de l’un a l’autre de l’un descendant vers l’autre
En fait c’est ce temps suspendu qui crée
ce lien invisible entre nous qui fait que cette histoire n’est pas fini et
peut-être ne se finira jamais et restera suspendu comme un acte non fini
peut-être que nous avons souhaité tous les deux peut-être que nous avons exigé
ce lien invisible non fini suspendu jusqu’à peut-être un jour se retrouver et
mettre un terme à tout cela mais en a-t-on envie de mettre un terme de créer
une nouvelle relation dans l’espace et dans le temps sans contact sans mot sans
écriture sans parole un lien de rien un lien de presque rien un lien
d’infiniment rien c’est ce rien qui est ce lien qui n’a pas fini qui n’a pas
réellement une existence nécessaire pour exister cela existe parce que ce n’est
la volonté que d’un on n’a pas besoin d’un autre
Ce n’est qu’un jeu intellectuel qui me
permet de tenir la souffrance éloigné de la plaie avec lequel je joue pour me
sentir plus fort avec lequel je joue pour avoir la force de ne pas venir
frapper chez lui et de lui demander pardon et de lui dire parlons-nous encore
longtemps oublie oublie tout ce que je t’ai dit ce que je ne t’ai pas dit ce
que je ne t’ai pas écrit que je ne t’écrirai jamais car pleurer n’est pas un
effort inhumain ni une exigence de ce que je ne connais pas jusqu’à que tu
partes partiras partiras pas nécessairement tu devras partir
Et je me dis qu’elle serait ta réaction
devant cette attitude serait-il déçu de se dire encore un qui ne tient pas ce
qu’il dit désillusion qui vient surenchérir les autres comme une déception qui
n’en serait pas une puisqu’elle serait attendue souhaitée même pour justifier
ou alors serait- il heureux pour sa propre gloriole de se dire que quelqu’un ne
peut se passer de sa présence mais il a C pour se le dire il a C. comme
prétexte comme excuse comme personne qui résonne ses réflexions a-t-il besoin
de quelqu’un d’autre mais en est-il là
Voilà, je pars de ce constat violent
mais exact que cette conversation n’a pas existé. Qu’elle n’a aucune chance
d’exister.
Elle n’a de valeur que parce qu’elle
apaise des absences, plus ou moins longues. Plus ou moins tenaces. Elle a cette
évidente utilité de pallier à une disparition. Elle m’invite à sourire sur un
souvenir. Elle est le présage de ce que va désormais être ma conscience
littéraire.
Comme je le dis, dans cette
conversation, ce lien de rien qui nous unit dans la non-existence de cette
relation. On ne peut fuir finalement que ce qui existe. On ne construit pas ce
qui peut nous apporter nuisance. Seule la peur peut construire une fuite
irrationnelle. Il est évident que la peur de cette disparition a construit ce
lien si ténu mais si prégnant. Cette disparition sera brutale, rapide mais
silencieuse. Je retomberais dans ce qui n’a pas existé sur ma ville, sur ce qui
ne pourra jamais existé sur cette ville.
Je suis celui qui parle avec celui qui
part et qui ne va pas se retourner. Je suis définitivement celui qui continuera
à tourner dans cette ville à la recherche d’une silhouette.
Le mot silhouette est beau. Il est
cette traine blanche et nébuleuse qui se déplace dans les courants d’air. Sans
poids, sans réelle existence, elle est ce que l’œil voit quand rien n’existe.
Voilà, je suis celui qui se rappelle des souvenirs de ce que le rien peut produire de plus efficace.
Il n’existera rien d’autre que le
souvenir de cette silhouette que j’ai aperçu parfois et qui m’a donné un
sourire. Un bien-être. Cette impression de vivre quelque chose que personne ne
connait. Je suis celui qui a rencontré celui qui se terre. Qui se cache. Celui
que peu connaisse et qui fuit la notoriété. J’ai rencontré le passager
clandestin.
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