mercredi 10 mars 2021

Tiré de l'ouvrage: La révolution de 1848 à Rouen Mémoires du mouvement ouvrier

 

Arrêté  concernant les coalitions d’ouvriers et les attroupements séditieux

 

Nous, préfet du département de la Seine-inférieure,

Vu les rapports à nous adresser, depuis plusieurs jours, et desquels il résulte que les malveillants ont parcourus différentes communes de l’arrondissement de Rouen, où il existe des établissements industriels, pour tâcher d’exciter les ouvriers au désordre par de coupables insinuations,

Vu plusieurs des lettres et invitations qui ont été colportées dans lesdits établissements, afin de déterminer les ouvriers à former des coalitions contre les maitres et à leur imposer des conditions contraires à l’ordre public et à la liberté de l’industrie,

Vu les rapports des officiers commandant divers détachements de gardes nationales, desquels il résulte que des patrouilles chargées de maintenir le bon ordre et la tranquillité ont été insultées par des attroupements d’ouvriers sortis de leurs ateliers en divaguant sur la voie publique,

Vu la loi du 21 octobre-3 novembre 1789, contre les attroupements séditieux,

Vu les articles 209, et suivants du code pénal,

Considérant qu’il importe de mettre un terme à des manœuvres ruineuses pour l’industrie du pays, et dont le patriotisme éprouvé des ouvriers aurait déjà rendu justice s’ils avaient su en discerner le véritable but,

Considérant que les ouvriers qui ont cédé aux suggestions de ces gens encourraient, en persévérant dans le désordre qui a eu lieu ces derniers jours, l’application des articles 415  416 du code pénal, concernant les coalitions des ouvriers contre leurs maitres, et voulant leur éviter les condamnations dont ils seraient passibles,

Considérant que les insultes commises par des attroupements envers la garde nationale ou la troupe de ligne, constituent un acte de rébellion qui doit être pu ni avec toute la sévérité des lois et immédiatement réprimé, le cas échéant, par la force armée ;

Avons arrêté et arrêtons ce qui suit :

Article premier : Défenses impératives sont faites aux ouvriers qui travaillent dans les établissements industriels de l’arrondissement de Rouen de se coaliser contre leurs maitres, d’aller interdire le travail dans les ateliers et de former des attroupements dans les rues et places publiques

Article 2 : Seront arrêtés et poursuivis selon la rigueur des lois, conformément aux articles du code pénal réimprimés ci-après,

Ceux qui, faisant partie d’un attroupement ou d’un groupe tumultueux, ne se seront pas séparés immédiatement après en avoir été requis par les autorités locales ou les agents de la force publique ;

Ceux qui auront écrit ou colporté, dans les établissements industriels des invitations propres à exciter les autres ouvriers au désordre

Ceux qui auront recouvré le produit des souscriptions destinées aux ouvriers insubordonnés qui ont déserté les ateliers où ils travaillent ordinairement

Article 3 : dans le cas ou des attroupements requis de se séparer, conformément aux articles 5et 6 de la loi du 21 octobre 1789 – 3 novembre 1789, n’ »obtempérerait point immédiatement à cette réquisition, il sera dissipé par la force publique

Article 4 : le présent arrêté sera affiché en placards, dans toutes les communes où se trouvent placés des établissements industriels,

 

MM les maires et commandants de la force publique sont chargés de son exécution chacun en ce qui les concerne

Fait à Rouen, en l’hôtel de la préfecture, le 5 septembre 1830 : le préfet Comte Theilhard

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