samedi 27 mars 2021

Rapport IGPN 2019

Brigitte julien   directrice de IGPN: 

« Nous protégeons pourtant la police d’elle-même, car nous sommes les observateurs privilégiés du monde policier. »  



« Le mouvement national des « gilets jaunes » a entraîné une sur-sollicitation de l’IGPN, tant en ce qui concerne les enquêtes judiciaires que les enquêtes administratives. Dans le cadre de celles-ci, l’IGPN se contente de faire des propositions de sanctions du 1er groupe, de renvoi devant le conseil de discipline, ou de classement, elle n’a pas de pouvoir de décision en la matière. »

 

« UN NOMBRE DE SAISINES EN HAUSSE :

 En 2019, l’IGPN a été saisie de 1 460 enquêtes judiciaires (contre 1 180 l’année précédente et 1 085 en 2017). Cette augmentation (23,7 %) par rapport à 2018 s’inscrit dans un mouvement général et continu de hausse, débuté au dernier trimestre de l’année 2018. Cette forte tendance s’est accentuée de manière parfois exponentielle, sur certains territoires, en 2019. Pour des raisons stratégiques qui tiennent à la décision de l’autorité judiciaire, l’IGPN a été le service désigné de manière systématique, par le parquet de Paris, sur toutes les plaintes relatives à l’usage de la force et ce, quelle que soit la gravité des faits. Ainsi, l’IGPN aura été saisie tant pour les cas de blessures les plus graves ou pour les affaires présumant d’illégitimités, que pour les faits les moins importants (avoir été bousculé ou avoir respiré du gaz lacrymogène). Si ce choix est de nature à apporter une première réponse potentiellement rassurante, elle peut, par un effet de masse et d’engorge[1]ment, mettre en péril la capacité de traitement des dossiers dans un délai raisonnable. En outre, la saisine de l’IGPN a été interprétée, à tort, de manière générale par les commentateurs, comme une présomption de faute des agents. Cette approche erronée rend encore plus compliquée la compréhension in fine des décisions nombreuses de classement qui sont prises par l’autorité judiciaire et, en aucun cas, par l’IGPN. Ces enquêtes ont été menées dans 82 % des cas sous l’autorité du parquet et dans 18 % sous celle d’un juge d’instruction »

 

« Les enquêtes portant sur l’usage de la force constituent, cette année, plus de la moitié du portefeuille de l’IGPN (59 %). Il est intéressant de rapprocher le nombre de saisines supplémentaires de 256 relatives à l’usage de la force ou des armes, avec le nombre de 292 saisines spécifiquement liées à l’usage de la force ou des armes lors des manifestations des gilets jaunes. Ces chiffres portent sur des violences alléguées dans le cadre de l’activité professionnelle dans 97 % des cas. Dans ce cadre, ces usages de la force relèvent de faits survenus sur la voie publique (67,6 %), plus particulièrement lors d’interventions ou d’interpellations (38,8 %), dans le cadre spécifique de manifestations (66,2 %) ou de contrôles d’identité ou routiers (12,8 %). 14,1 % des saisines concernent des allégations de violences sur des personnes retenues. »

 

« Si des blessures graves ont été causées par l’usage de la force ou des armes, aucun des moyens utilisés ne se dégage de manière significative comme générant plus de dommage que les autres. »

 

« Si le nombre d’enquêtes relatives à l’usage des armes à feu individuelles est en baisse par rapport à celui de 2018 (34 contre 52), il est constaté une forte augmentation des enquêtes relatives à l’usage des armes de force intermédiaire (115 contre 43 en 2018). »

 

« - le manquement au devoir de probité Ce manquement recouvre tout avantage indu dont un agent a pu tirer profit (détournement de scellés ou d’objets sensibles, confusion d’intérêts, atteinte à la propriété ou au bien d’autrui, abus de fonction). Le manquement au devoir de probité a été relevé à l’occasion de 31 enquêtes administratives et imputé à 54 agents. Cette faute demeure, à la suite des enquêtes de l’IGPN, sévèrement punie par les autorités de sanction, puisque dans près des trois quarts des cas (40 agents), l’IGPN a pro[1]posé un renvoi en conseil de discipline susceptible de conduire à la révocation. Détournements des effets saisis sur l’usager, appropriation des fouilles, détournements de scellés, constituent les faits les plus souvent relevés. S’y ajoutent des situations dans lesquelles des policiers ont monnayé des services (corruption) ; - le manquement aux règles d’utilisation des fichiers de données à caractère personnel Ce manquement relevé à 29 reprises, revient de manière récurrente et au même niveau qu’en 2018. ll est, pour l’essentiel, constitué de consultations sans rapport avec la mission. Les informations ainsi obtenues peuvent avoir été remises à des tiers, avec ou sans but lucratif. Ces faits sont de gravité inégale selon qu’ils procèdent de la simple curiosité (passage aux fichiers d’une ex-compagne ou d’un nouveau compagnon, d’une personnalité connue, d’un chef de service) ou du commerce des informations récoltées. Si la preuve de la consultation illégale est assez simple à rapporter par les enquêteurs, il en va différemment pour la preuve éventuelle d’une rétribution à titre de contre-partie. Les propositions de sanctions retenues dans ce cadre à l’encontre des 29 agents ont été les suivantes : - 15 passages en conseil de discipline ; - 12 sanctions directes ; - 2 mesures alternatives aux poursuites disciplinaires ; - le manquement à l’obligation de discernement L’obligation de discernement repose sur l’exigence de « l’éthique de responsabilité », le policier devant prendre en compte les conséquences de ses actes au-delà du seul critère de légalité. Pour autant, cette obligation de discernement est strictement définie par l’article R.434-10 du code de la sécurité intérieure (CSI) pour les policiers et les gendarmes. Les dispositions de cet article ne peuvent être invoquées qu’à partir du moment où l’autorité d’enquête a établi que l’agent avait pris une mauvaise décision, mais après avoir apporté la preuve qu’il disposait clairement d’un autre choix légal que celui qu’il a opéré et qu’il disposait, en outre, d’un temps suffisant pour prendre sa décision. Ce manquement a été retenu pour 25 agents »

 

« Augmentation des demandes faites par les usagers

 

Cette augmentation sensible des signalements, à apprécier à l’aune d’un contexte social tendu en 2019, traduit une tendance très nette à la contestation et la dépréciation des pratiques policières.

Signalements de particuliers

2017

2018

2019

Evolution

2018/2019

Accueil guichet

465

587

543

-7,50%

Plate-forme de signalements

3661

3916

4792

+22,3%

courrier

1012

878

1081

+23%

téléphoniques

1898

2198

3149

+43,3%

 

Avis du bloggeur : Il est très dommageable dans un tel document que les faits de racisme ne fassent pas l’objet d’un chapitre particulier en nous donnant des chiffres. Soit pour confirmer ce phénomène de racisme dans la police, soit pour les infirmer afin de rassurer la population. Pour information, un changement d'importance a eu lieu dans ce rapport, il manque un tableau et ce tableau est important.

Le voici présenté ci dessous:


1.1.2 – ENQUÊTES JUDICIAIRES OUVERTES EN 2018 ET INFRACTIONS ALLÉGUÉES :  pour information, nous savons que ces chiffres sont réellement plus élevés puisqu’il ne s’agit que de plaintes déposées.

Au total 1180  cas  dont

 

Atteintes aux personnes :          dont violences volontaires                                                   612

                                                         Violation secret professionnel                                      104

                                                         Harcèlement moral                                                         68

                                                         Injures à caractère raciste ou discriminatoire                 46

 

Atteintes aux biens :                    vol                                                                                    112

                                                         Corruption active                                                          75

                                                         Corruption passive                                                       56

 

Atteintes à l’état                           faux en écritures publiques et usage de faux                     90

                                                         Détournement de finalité de données informatiques

                                                         A caractère individuel                                                    06

 

Principales infractions alléguées :       violences volontaires                                            33,21%

                                                             Violation du secret professionnel                          5,86%

                                                            Faux en écriture publique et usage de faux           5,77%

                                                            Vol                                                                         5,45%

                                                            Corruption active                                                  4,96%

                                                            Harcèlement moral                                               3,61%

                                                            Détournement de finalités de données informatiques    

                                                            A caractère individuel                                             3,06%                

                                                            Injures à caractère raciste ou discriminatoire           2,97%

                                                           Corruption passive                                                   2,84%

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