PASCAL COQUIS : Il est tout à fait possible d’écrire que, depuis le retour au pouvoir des talibans au cœur de l’été 2021, les femmes afghanes sont invisibilisées, niées, discriminées. Il est possible de l’écrire, mais ce n’est pas juste, en tout cas ce n’est pas assez fort. Aucun qualificatif ne l’est pour raconter ce calvaire que l’on penserait sorti d’un autre âge, contemporain pourtant.
En Afghanistan, les femmes ne sont pas seulement invisibilisées, niées ou discriminées, elles sont brûlées vives. Réduites en cendres et puis en poussière, sous nos yeux avec une violence croissante. Sans que nous n’y puissions rien faire. Ce qui se déroule au pays des Pachtounes est une abomination. L’une des plus grandes atrocités de cette époque qui n’en manque pas, un crime contre l’humanité ou alors on ne sait pas ce que ça veut dire.
Aujourd’hui, les intégristes qui dirigent le pays et pour qui les femmes n’ont aucune autre fonction que celle d’esclave (sexuelle et domestique) exigent que les ONG opérant sur leur territoire n’emploient plus de personnel féminin. Hier, ils avaient décidé que les fenêtres des pièces dans lesquelles elles pouvaient se trouver devaient être obstruées et, avant encore, « on » les avait privées d’études secondaires, d’emplois publics, de promenades dans les parcs, de salons de beauté ou de salles de sport, de représentation à la télévision, d’autonomie, du droit de chanter ou même de parler à voix haute, de sorties non accompagnées. De tout ce qui fait une vie, fut-elle de misère.
SALMAN RUSHDIE : Je viens d'un aspect de la culture musulmane où chacune des femmes de ma famille a lutté contre l'idée même du voile. Elles croyaient, comme je le crois, que le voile opprimait les femmes, que le voile a été conçu en raison d'une idée très bizarre de la sexualité selon laquelle la simple vue des visages et des cheveux des femmes enflammerait sexuellement les hommes et qu'il faudrait punir les femmes pour ça en insérant leurs têtes dans des sacs. Vous ne pouvez pas vivre dans un monde où la moitié de l'espèce humaine se promène dans un sac !
KRISHNAMURTI : Des hommes « saints » (des fous de Dieu, NDLR), partout dans le monde, soutiennent que regarder une femme est mal ; qu'il est impossible de se rapprocher de Dieu si l’on prend plaisir à des rapports sexuels ; et, ce faisant, ils refoulent leurs désirs qui les dévorent, en niant la sexualité, ils se bouchent les yeux et s’arrachent la langue, car ils nient toute la beauté de la terre. Ils ont affamé leur coeur et leur esprit. Ce sont des êtres déshydratés, ils ont banni la beauté, parce que la beauté est associée à la femme.
Source : « Se libérer du connu » Chapitre 10 : L'amour
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