Petit encart ayant pour titre : Le plus vieux stratagème du monde par Angélique Mounier-Kuhn
La première a en avoir eu l'idée pourrait avoir été Lysistrata, héroïne de la farce du même nom créée par Aristophane en 411 avant Jésus-Christ. L'action se situe à Athènes, en pleine guerre du Péloponèse (431 à 404). Pour que les armes se taisent enfin, l'audacieuse Athénienne a un plan auquel elle finit par rallier les femmes des cités rivales. Sa ruse tient en peu de mots : se " passer de...bite" pour "forcer les maris à faire la paix".
A notre époque, des femmes remettent sporadiquement le stratagème au goût du jour afin de manifester leur désarroi de voir leurs époux frères, fils s'entre-tuer et leur exaspération de ne pas être entendues. Ce fut le cas en 2003, lorsque la militante libérienne Leymah Gbowee (colauréate du prix Nobel de la paix en 2011) mobilisa ses concitoyennes jusque dans les chambres à coucher pour qu'elles obtiennent une place à table des pourparlers soldant la guerre civile. En 2006, des habitantes de la ville colombienne de Pereira se refusèrent à leurs truands de compagnons pour acculer les gangs ennemis à la trêve. Et, en 2009, dans un Kenya encore ébranlé par une sanglante crise postélectorale, un collectif féminin intima aux hommes politiques de résoudre leurs différends en décrétant une semaine d'abstinence sexuelle à l'échelle nationale.
A défaut d'avoir toujours des effets durables, cette tactique de résistance aux accents sacrificiels a au moins le grand mérite d'attire l'attention et d'encourager la réflexion, affirment ses promotrices. Quand au plan de Lysistra, il finit par marcher à merveille : dans la pièce, la paix est rétablie. Dans la vraie vie toutefois, la guerre se poursuit encore plusieurs années et s'achève avec la victoire de Sparte et la chute de l'empire athénien.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire