dimanche 3 septembre 2023

le lion chatré de georges Bataille ( article )

 Je n'ai pas grand chose à dire sur la personne d'André Breton que je ne connais guère. Je ne m'intéressais pas à ses rapports de police. Je regrette seulement qu'il ait si longtemps encombré le pavé avec ses idioties abrutissantes.

Que la religion crève avec cette vieille vessie religieuse.

Cela vaudrait la peine, cependant, de conserver le souvenir de ce gros abcès de phraséologie cléricale, ne serait-ce que pour dégoûter les jeunes de se châtrer dans des rêves. 

"Ci-gît le bœuf Breton, le vieil esthète, faux révolutionnaire à tête de Christ".

Un homme qui a du respect plein la bouche n'est pas un homme mais un bœuf, un prêtre ou encore, un représentant d'une espèce innommable, animal à grande tignasse et tête à crachats, le lion "châtré".

Il reste donc la fameuse question du surréalisme, religion nouvelle vouée, en dépit des apparences, à un vague succès. 

Personne ne doute en effet que les conditions élémentaires du succès religieux ne soient réunies par la religion surréaliste, le "mystère" touchant les dogmes allant aujourd'hui jusqu'à "l'occultation", l'"hypocrisie" touchant les personnes atteignant , dans un manifeste aussi grandiloquent, aussi faux qu'un catafalque, une impudeur grossière.

Il me parait d'ailleurs nécessaire de ne laisser aucune ambiguïté dans cette manière de présenter les choses. Je ne parle pas de religion surréaliste uniquement pour exprimer un dégoût insurmontable mais bien par souci d'exactitude., pour des raisons en quelque sorte techniques.

Je suppose qu'il est idiot de parler de violence en escroquant un semblant de violence à l'obscurité. Il est possible sans aucun doute de sauvegarder la plus grossière virilité et de s'opposer aux veuleries comme aux oppressions bourgeoises en utilisant des procédés techniques. L'abominable conscience qu'a n'importe quel être humain d'une castration mentale à peu de chose près inévitable se traduit dans les conditions normales en activité religieuse, car le dit être humain, pour fuir devant un danger grotesque et garder cependant le goût d'exister, transpose son activité dans le domaine mythique. Comme il recouvre de cette façon une fausse liberté, il n'éprouve plus de difficultés à figurer des êtres viril, qui ne sont que des ombres, et, par la suite, à confondre lâchement sa vie avec une ombre, mais tout le monde sait aujourd'hui que la liquidation de la société moderne ne tournera pas en eau comme cela s'est produit à la fin de la période romaine avec le christianisme. A l'exception d'esthètes peu ragoutants, personne ne veut s'enterrer dans une contemplation aveugle et idiote, personne ne veut d'une liberté mythique.

Etonné de voir que cette liquidation se passait uniquement sur le plan politique, se traduisait uniquement par des mouvements révolutionnaires, le surréalisme a cherché avec l'inconscient obscutionnisme et la fourberie politique du cadavérique Breton, à se faufiler comme il pouvait dans les fourgons du communisme. La manœuvre ayant échouée, le même Breton en est réduit à dissimuler son entreprise religieuse sous une pauvre phraséologie révolutionnaire. Mais l'attitude révolutionnaire d'un Breton pourrait-elle passer pour autre chose qu'une escroquerie?

un faux bonhomme qui a crevé d'ennui dans ses absurdes "terre de trésor", ça c'est bon pour religion, bien assez bon pour petits châtrés, pour petits poètes, pour petits mystiques-roquets. Mais on ne renverse rien avec une grosse gidouille molle, avec un paquet-bibliothèque de rêves.




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