mercredi 6 septembre 2023

La révolution rêvée de Michel Surya

 André Gide de son retour en URSS, il écrivit "Retouches à mon retour de l'URSS". 

Il raconte qu'il a rencontré quelqu'un dans le train qui lui a raconté cette histoire:


"[...]Tout avait été bien jusqu'à l'assassinat de Kirov. Puis il ne savait quelle dénonciation l'avait rendu suspect. Comme il était fort bon ouvrier et que l'on n'avait rien à lui reprocher, on ne l'avait pas congédié tout de suite de l'usine où il travaillait. Mais il avait vu peu à peu se détourner de lui ses camarades, ses amis. Chacun craignait, en lui parlant, de se compromettre. Enfin le directeur de l'usine le fit appeler et, sans précisément le renvoyer, car il n'avait aucun motif de le faire, lui conseilla d'aller chercher du travail ailleurs. A partir de ce jour, il avait erré, d'usine en usine, de ville en ville, de plus en plus suspect, traqué, ne rencontrant partout que méfiance, refusé, repoussé, privé de tout appui, de tout secours; n'obtenant rien pour ses enfants non plus, et réduit à une atroce misère.

"Voilà plus d'un an que cela dure, dit la femme; nous n'en pouvons plus. Depuis plus d'un an, où que ce soit, on ne nous a jamais tolérés plus de quinze jours.

-Et si encore, reprit l'homme, je pouvais comprendre ce dont on m'accuse. Quelqu'un a dû parler contre moi. Je ne sais pas qui. Je ne sais pas ce qu'il a pu dire. je ne sais qu'une chose, c'est qu'on n'a rien à me reprocher."

Alors il m'expliqua la résolution qu'il avait prise d'aller à Moscou s'informer, se disculper s'il était possible, ou achever de se perdre en protestant contre une suspicion immotivée".

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