Acte II scène II
(L’homme est allongé sur
lit. Il n’arrive pas à dormir.)
L’homme : est-ce
vraiment dans la pièce de Schwab que ces choses sont dites ou sont-ce les
horreurs que je prononce contre ma propre mère ? Il est vrai que la voir
ou l’apercevoir au détour d’une rue, marchant en biais, comme pour esquiver on
ne sait quel obstacle, démarche qui me donne la nausée. Tout cela m’insupporte.
Cette connasse qui se traine sans raison, elle n’aime pas, elle n’aime plus
peut-être, elle n’est pas aimée, elle est encombrante. On sait pas quoi en faire.
Mais personne n’arrive à la jeter. Alors pourquoi pas croire que Dieu existe et
serait suffisamment bienveillant pour la rappeler à lui…ou l’envoyer là où il
voudra mais que ce soit définitif et loin de moi. Ce n’est pas un jeu de
souhaiter la mort de quelqu’un, évidemment, mais le soulagement de savoir que
tout cela prendrait fin à sa disparition.
J’ai encore le souvenir de
cette année-là qui ne dura qu’une semaine. Le complexe d’Œdipe ne fut pas cette
année-là que la pensée philosophique elle devint presque effective terriblement
oppressante suffisamment mémorable pour que le souvenir vienne encore me
perturber. Comme je lui en veux d’avoir permis que les cartes se brouillent
ainsi que le jeu de la puberté fut celui de la vengeance à l’homme qu’elle a
haï plus qu’elle n’a aimé le premier. Nous étions couple sans rapport charnel
sans rapport charnel …peut-être parce qu’elle était laide suffisamment pour que
sa laideur lutta à arme égale avec la puissance du complexe…Elle n’a jamais été
autant ma mère que cette semaine où elle ne pouvait pas non plus être ma
première femme…Elle ne fut jamais la première en quoi que ce fut…Elle fit
toujours en sorte que ce soit mon frère qui ait la sensation qu’elle était sa
mère alors que je devais ne penser jamais être vraiment à ma place. Schwab mit
sa mère à la place que toute chienne devrait avoir c’est-à-dire à distance afin
de ne faire de mal à personne…et surtout pas à un enfant qui ne cherchait que
l’amour de sa mère quand celle-ci ne pensait qu’à tout faire pour ne jamais
être véritablement une mère.
Je n’ai pas de souvenir
continue de cette vie avec elle avec eux…ce sont des bribes qui ne me
construisent pas complétement…elles ne font que permettre le passage d’un trou
de mémoire à un autre…C’est elle qui me créa les souvenirs qu’elle ne voulut
pas que j’eus jusqu’à cette histoire de porte fermée devant laquelle je pleure
de ne pouvoir rejoindre celle que je prenais pour ma mère et qui pleurait
également…Qui étions nous alors à cet instant précis ? Deux être séparés
dans un espace relativement étroit mais si hermétiquement clos de par la
volonté dont je ne savais qui…Allait-elle pouvoir me dire ce que c’était ?
Je n’ai pas l’impression que cela ne se passa qu’une fois…Ce fut suffisamment
long que ce fut un deuil mais de quel deuil pouvait-on parler puisque mon père
était déjà mort sans doute quelques années auparavant ? je lui avais posé
la question une seule fois et elle ne m’a jamais répondu prétextant ne plus se
souvenir…Est-elle autant dans le présent que la douleur du passé n’a plus sa
place ? Avait-elle le pouvoir de vivre au jour le jour sans se surcharger
d’un passé douloureux ? Ou alors quel est donc ce secret qu’elle ne peut
me dire alors que cela me guérirait surement de quelques douleurs silencieuses
qui trainent dans ma mémoire ? Comme je la soupçonne de ne pas avoir été
une femme fidèle… J’ai au moins 3 personnes que je soupçonne aujourd’hui
d’avoir été ses amants…Elle a vécu les histoires sordides de coucheries hors
mariages…Elle fut la triste héroïne de sordides cinq à sept sans espoir, sans
amour juste du cul pour oublier qu’on fut mal mariée que l’on a fait une erreur
que l’on subit mais que l’on ne peut plus réparer ? En fait, qui es-tu
femme que je ne connais pas parce que pendant longtemps je t’ai regardé avec
les yeux d’un enfant pour ensuite te bannir sans vraiment savoir
pourquoi ? Tu as été celle qui fut génitrice mais pas mère…Finalement, il
faut peu de choses pour qu’une femme échappa à son rôle de mère pour n’être
qu’une génitrice encombré de deux enfants..
Si je fus une lourde charge
pendant très longtemps je ne serais pas celui qui te permettra de partir en
paix…Si vraiment tout cela te trouble t’attriste si il faut le pardon, mon
pardon, pour que tu partes en paix et bien je ne te le donnerais jamais…Tu
partiras tourmentée parce que je ne vécus pour ne jamais avoir eu de mère…
J’ai vu des photos de ma
« famille » faire de grands repas, très arrosés…Jamais nous ne sommes
présents les enfants comme cela se fait dans les familles parce que les enfants
ne veulent pas dormir lorsque pas loin la fête bat son plein. Sommes-nous déjà couchés
avec l’interdiction de sortir de la chambre ? Sous quelle sanction ?
Ou bien alors encore pire : nous n’étions pas présents. On nous envoyait
chez des gens pour ne pas gêner la beuverie.
Je n’arrive plus à me
souvenir de quel âge je pouvais avoir pour cette histoire de porte fermée
devant moi…J’en ai conscience donc je n’ai pas les 3 semaines de la mort de mon
père…Ou alors il n’est pas mort trois semaines après ma naissance mais bien
plus tard…Je ne me rappelle pas si c’est ma mère qui me mets derrière la porte
pour être avec quelqu’un d’autre que moi…ne pas m’imposer sa tristesse sa douleur
mais ne souffrais-je pas plus chassé loin de ma mère…Est-ce elle ou bien ces
personnes qui sont là et qui m’éloignent d’elle ? Et qui sont-ils ? Je
ne les reconnais pas mais ils sont les ombres qui embarrassent le désespoir de
ne pas voir celle qui pleure. Ne fut-elle plus ma mère de ce rejet ? ne
fut-elle plus celle que j’aurais eu comme si elle m’avait laissé être à ses
côtés si nous avions mêlé nos larmes...N’aurions-nous pas pleuré pour les mêmes
causes que nous l’aurions fait ensemble…dans la cuisine pendant que derrière la
porte seraient restés ceux qui voulaient nous séparer…nous aurions été
ensemble…Et j’ai moins de deux ans puisque je n’ai pas de souvenir que mon
demi-frère ait vécu la même chose…Donc résumons je vis une scène dont je ne
connais pas l’origine dont je ne connais pas les acteurs dont je ne connais
rien si ce n’est cette porte…et une mère qui ne s’en rappelle plus…Lorsque
j’aperçois ma génitrice, je ne pense qu’à cette porte, elle n’est pas ouverte
elle n’a jamais été ouverte cette porte est restée fermée avec d’un côté ma
mère qui pleure et moi de l’autre côté qui pleure également. ..Ma mère n’a pas
de souvenirs de cette histoire, elle n’en a pas…ou alors elle fuit encore
quelque chose qui la dépasse ou la peur de souffrir encore inutilement sur
passé qu’elle veut oublier et dont je lui demande de s’en souvenir…
(En fin de compte il
s’endormit sans penser qu’il allait être reposé lorsqu’il se réveillera).
…
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