mardi 5 septembre 2023

Extrait de la pièce: Plus près de toi maman, plus près de toi par M.A.

 

Acte II scène II

 

(L’homme est allongé sur lit. Il n’arrive pas à dormir.)

L’homme : est-ce vraiment dans la pièce de Schwab que ces choses sont dites ou sont-ce les horreurs que je prononce contre ma propre mère ? Il est vrai que la voir ou l’apercevoir au détour d’une rue, marchant en biais, comme pour esquiver on ne sait quel obstacle, démarche qui me donne la nausée. Tout cela m’insupporte. Cette connasse qui se traine sans raison, elle n’aime pas, elle n’aime plus peut-être, elle n’est pas aimée, elle est encombrante. On sait pas quoi en faire. Mais personne n’arrive à la jeter. Alors pourquoi pas croire que Dieu existe et serait suffisamment bienveillant pour la rappeler à lui…ou l’envoyer là où il voudra mais que ce soit définitif et loin de moi. Ce n’est pas un jeu de souhaiter la mort de quelqu’un, évidemment, mais le soulagement de savoir que tout cela prendrait fin à sa disparition.

J’ai encore le souvenir de cette année-là qui ne dura qu’une semaine. Le complexe d’Œdipe ne fut pas cette année-là que la pensée philosophique elle devint presque effective terriblement oppressante suffisamment mémorable pour que le souvenir vienne encore me perturber. Comme je lui en veux d’avoir permis que les cartes se brouillent ainsi que le jeu de la puberté fut celui de la vengeance à l’homme qu’elle a haï plus qu’elle n’a aimé le premier. Nous étions couple sans rapport charnel sans rapport charnel …peut-être parce qu’elle était laide suffisamment pour que sa laideur lutta à arme égale avec la puissance du complexe…Elle n’a jamais été autant ma mère que cette semaine où elle ne pouvait pas non plus être ma première femme…Elle ne fut jamais la première en quoi que ce fut…Elle fit toujours en sorte que ce soit mon frère qui ait la sensation qu’elle était sa mère alors que je devais ne penser jamais être vraiment à ma place. Schwab mit sa mère à la place que toute chienne devrait avoir c’est-à-dire à distance afin de ne faire de mal à personne…et surtout pas à un enfant qui ne cherchait que l’amour de sa mère quand celle-ci ne pensait qu’à tout faire pour ne jamais être véritablement une mère.

Je n’ai pas de souvenir continue de cette vie avec elle avec eux…ce sont des bribes qui ne me construisent pas complétement…elles ne font que permettre le passage d’un trou de mémoire à un autre…C’est elle qui me créa les souvenirs qu’elle ne voulut pas que j’eus jusqu’à cette histoire de porte fermée devant laquelle je pleure de ne pouvoir rejoindre celle que je prenais pour ma mère et qui pleurait également…Qui étions nous alors à cet instant précis ? Deux être séparés dans un espace relativement étroit mais si hermétiquement clos de par la volonté dont je ne savais qui…Allait-elle pouvoir me dire ce que c’était ? Je n’ai pas l’impression que cela ne se passa qu’une fois…Ce fut suffisamment long que ce fut un deuil mais de quel deuil pouvait-on parler puisque mon père était déjà mort sans doute quelques années auparavant ? je lui avais posé la question une seule fois et elle ne m’a jamais répondu prétextant ne plus se souvenir…Est-elle autant dans le présent que la douleur du passé n’a plus sa place ? Avait-elle le pouvoir de vivre au jour le jour sans se surcharger d’un passé douloureux ? Ou alors quel est donc ce secret qu’elle ne peut me dire alors que cela me guérirait surement de quelques douleurs silencieuses qui trainent dans ma mémoire ? Comme je la soupçonne de ne pas avoir été une femme fidèle… J’ai au moins 3 personnes que je soupçonne aujourd’hui d’avoir été ses amants…Elle a vécu les histoires sordides de coucheries hors mariages…Elle fut la triste héroïne de sordides cinq à sept sans espoir, sans amour juste du cul pour oublier qu’on fut mal mariée que l’on a fait une erreur que l’on subit mais que l’on ne peut plus réparer ? En fait, qui es-tu femme que je ne connais pas parce que pendant longtemps je t’ai regardé avec les yeux d’un enfant pour ensuite te bannir sans vraiment savoir pourquoi ? Tu as été celle qui fut génitrice mais pas mère…Finalement, il faut peu de choses pour qu’une femme échappa à son rôle de mère pour n’être qu’une génitrice encombré de deux enfants.. 

Si je fus une lourde charge pendant très longtemps je ne serais pas celui qui te permettra de partir en paix…Si vraiment tout cela te trouble t’attriste si il faut le pardon, mon pardon, pour que tu partes en paix et bien je ne te le donnerais jamais…Tu partiras tourmentée parce que je ne vécus pour ne jamais avoir eu de mère…

J’ai vu des photos de ma « famille » faire de grands repas, très arrosés…Jamais nous ne sommes présents les enfants comme cela se fait dans les familles parce que les enfants ne veulent pas dormir lorsque pas loin la fête bat son plein. Sommes-nous déjà couchés avec l’interdiction de sortir de la chambre ? Sous quelle sanction ? Ou bien alors encore pire : nous n’étions pas présents. On nous envoyait chez des gens pour ne pas gêner la beuverie.

Je n’arrive plus à me souvenir de quel âge je pouvais avoir pour cette histoire de porte fermée devant moi…J’en ai conscience donc je n’ai pas les 3 semaines de la mort de mon père…Ou alors il n’est pas mort trois semaines après ma naissance mais bien plus tard…Je ne me rappelle pas si c’est ma mère qui me mets derrière la porte pour être avec quelqu’un d’autre que moi…ne pas m’imposer sa tristesse sa douleur mais ne souffrais-je pas plus chassé loin de ma mère…Est-ce elle ou bien ces personnes qui sont là et qui m’éloignent d’elle ? Et qui sont-ils ? Je ne les reconnais pas mais ils sont les ombres qui embarrassent le désespoir de ne pas voir celle qui pleure. Ne fut-elle plus ma mère de ce rejet ? ne fut-elle plus celle que j’aurais eu comme si elle m’avait laissé être à ses côtés si nous avions mêlé nos larmes...N’aurions-nous pas pleuré pour les mêmes causes que nous l’aurions fait ensemble…dans la cuisine pendant que derrière la porte seraient restés ceux qui voulaient nous séparer…nous aurions été ensemble…Et j’ai moins de deux ans puisque je n’ai pas de souvenir que mon demi-frère ait vécu la même chose…Donc résumons je vis une scène dont je ne connais pas l’origine dont je ne connais pas les acteurs dont je ne connais rien si ce n’est cette porte…et une mère qui ne s’en rappelle plus…Lorsque j’aperçois ma génitrice, je ne pense qu’à cette porte, elle n’est pas ouverte elle n’a jamais été ouverte cette porte est restée fermée avec d’un côté ma mère qui pleure et moi de l’autre côté qui pleure également. ..Ma mère n’a pas de souvenirs de cette histoire, elle n’en a pas…ou alors elle fuit encore quelque chose qui la dépasse ou la peur de souffrir encore inutilement sur passé qu’elle veut oublier et dont je lui demande de s’en souvenir…

 

 

(En fin de compte il s’endormit sans penser qu’il allait être reposé lorsqu’il se réveillera).

 

 

 

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