dimanche 18 février 2018

Julius Evola 1898-1974



Aristocrate individualiste, marqué par l'ésotérisme, il a cherché à concilier l'action politique contre(-révolutionnaire avec les doctrines traditionnelles affirmant la nécessité d'une « restauration historique » de la civilisation traditionnelle dans des ouvrages comme « Révolte contre le monde moderne » (1934) et « Chevaucher le tigre » (1961).


« Erudit de génie » (Marguerite Yourcenar) pour les uns ou « triste et insensé personnage » (Umberto Eco) pour d'autres. Evola est le théoricien d'un élitisme antimoderne fondé sur la référence à une tradition « aryo-nordique » définie par la « mythologie solaire » et le « principe aristocratique mâle », opposé au « principe féminin » de la démocratie. Après-guerre, son œuvre devient une référence de la nouvelle droite italienne, française et américaine ainsi que des milieux néo-fascistes, tant européens qu'américains.


Quelques « pensées » :


"C'est le bourgeois qui, peu à peu, a présenté comme naturel ce qui, en d'autres temps, aurait semblé une hérésie absurde : l'idée selon laquelle l'économie est notre destin, le gain notre but, le marchandage et le trafic les seules formes d'action ; et puis l'idée que le confort, le bien-être, le welfare, sont l'essence de la civilisation."
"Regime Fascita" (3 avril 1934)



"S'il y a jamais eu une civilisation d'esclaves dans les grandes largeurs, c'est bien la civilisation moderne. Aucune culture traditionnelle n'a vu d'aussi grandes masses condamnées à un travail aveugle, automatique et sans âme : esclavage qui n'a même pas pour contrepartie la haute stature et la réalité tangible de figures de seigneurs et de dominateurs, mais est imposé de façon anodine à travers la tyrannie du facteur économique et des structures d'une société plus ou moins collectivisée."
"Révolte contre le monde moderne »(1934)

Voilà la limite de l'acceptable et c'est en cela que l'on voit la différence entre la réflexion du progrès et celle de la supériorité.


"Comment ne pas comprendre que s'il y a égalité, il ne saurait y avoir en même temps liberté ? Que le nivellement des possibilités, l'identité des devoirs, la reconnaissance réciproque rend impossible la liberté ? Répétons-le : la liberté vraie n'existe que dans la hiérarchie, dans la différence, dans l'irréductibilité des qualités humaines ; elle existe seulement dans les sociétés où l'on favorise dans un petit groupe le plus complet développement des possibilités humaines, même au prix de la plus grande inégalité vis-à-vis des autres."
"Impérialisme payen (1928)


« L'inégalité est vraie de fait pour la seule raison qu'elle est vraie de droit, elle est réelle pour la seule raison qu'elle est nécessaire. Ce que l'idéologie égalitaire voudrait dépeindre comme un état de justice, serait au contraire, d'un point de vue plus élevé et à l'abri des rhétoriques humanitaires, un état d'injustice. C'est une chose qu'Aristote et Cicéron avaient déjà reconnue. Imposer l'inégalité veut dire transcender la quantité, veut dire admettre la qualité. C'est ici que se distinguent nettement les concepts d'individu et de personne. »

Les Hommes au milieu des ruines (1953)


« Le principe selon lequel les hommes sont tous libres par nature et possèdent tous des droits égaux est une véritable absurdité puisque par nature les hommes ne sont pas égaux. Quand on a dépassé le stade simplement naturaliste, être une personne n'est pas une qualité uniformément distribuée, elle ne peut constituer une dignité égale pour tous et dérivant de la simple appartenance d'un individu à l'espèce biologique « homme ». »

Les Hommes au milieu des ruines (1953)


« La liberté (premier terme de la trilogie révolutionnaire) doit être comprise et défendue de façon qualitative à la mesure de chaque personne : à chacun doit être dévolu la liberté qui lui revient, mesuré par la stature et la dignité de sa personne et non par le fait abstrait et élémentaire de son état d'homme ou de citoyen. »

Les Hommes au milieu des ruines (1953)


« Il est, bien commode d'oublier que dans l'histoire, aussi bien la dictature que la démocratie absolue, nécessairement démagogique, n'ont été que des exceptions, et que la norme est faite de régimes, majoritairement monarchiques, basés sur un principe légitime et reconnu d'autorité. »

« Il Conciliatore » (15 mars 1969)


« La sphère politique se définit par des valeurs guerrières et hiérarchiques, héroïques et idéales, anti-hédonistes et d'une certaine façon anti-démonistes, qui la détachent de l'ordre de l'existence naturelle et végétative; les vraies forces politiques sont des fins en grande partie autonomes (non dérivées), elles sont liées à des idéaux et à des intérêts différents de ceux de l'existence pacifique, de la pure économie, du bien-être physique, elles renvoient à une dimension supérieure de la vie, à un ordre distinct de dignité. Cette opposition entre la sphère politique et la sphère sociale est fondamentale. »
Les Hommes au milieu des ruines (1953)
« Une phrase de Tacite résume lapidairement ce qu'il est advenu depuis lors de la Révolution libérale : Ut imperium evertant, libertatem praeferunt ; si perveterint, libertatem ipsam adgredientur – c'est-à-dire : Pour renverser l'État, ils en appellent à la liberté; une fois la liberté acquise, ils l'attaqueront elle aussi. Platon avait déjà dit : « Sur aucun autre régime politique, la tyrannie ne grandit mieux et ne s'installe plus solidement que sur la démocratie, et c'est ainsi que de l'extrême liberté naît la servitude la plus entière et la plus âpre.» Libéralisme et individualisme n'ont eu que la fonction d'instruments dans le plan général de subversion mondiale : ils lui ont ouvert les digues. »

Les Hommes au milieu des ruines (1953)


« La prétendue amélioration des conditions sociales ne doit pas être considérée comme un bien, mais comme un mal, si le prix en est l'asservissement de l'individu au mécanisme productif et au conglomérat social, la dégradation de l'État en État de travail, l'élimination de toute hiérarchie qualitative, l'atrophie de toute sensibilité spirituelle et de toute capacité héroïque au sens le plus large. »

Les Hommes au milieu des ruines (1953)


« Quand bien même la race des vrais hommes n'aurait pas entièrement disparu, l'homme moderne conservant bien peu de ce qu'est la virilité au sens supérieur, il resterait aujourd'hui le problème de la capacité de l'homme vrai à racheter, « à sauver la femme dans la femme ». Le risque serait plutôt qu'aujourd'hui l'homme vrai, dans la majorité des cas, serait tenté par l'autre maxime, conseillée par le vieux Zarathoustra : « Tu vas chez la femme ? Alors n'oublie pas le fouet ! » – si dans ces périodes progressistes, il était possible de l'appliquer impunément et avec résultat. »

Chevaucher le Tigre (1961)


« La vision du monde peut être plus précise chez un homme sans instruction que chez un écrivain, plus précise chez un soldat, un aristocrate ou un paysan fidèle à la terre que chez un intellectuel bourgeois, un professeur ou un journaliste. »

Les Hommes au milieu des ruines (1953)


« Ce sont surtout les représentants d'une droite au sens supérieur, traditionnel, qui devraient contester le mythe bourgeois de la culture et entretenir la défiance qu'on peut avoir pour les intellectuels, sans avoir d'égards pour ceux qui jouissent d'un prestige aux yeux du grand public et qui, d'autre part, sont très habiles à copiner pour maintenir leurs positions dans la presse et l'édition. »

Il Conciliatore » (15 novembre 1971)
« Est digne du nom d'homme – vir – celui qui a en lui sa propre norme, qui se montre actif face à la réalité, refuse d'en subir la violence, s'entend à la diriger ou, quand cela devient impossible, à lui barrer la route.

« Rassegna Italiana » (octobre 1939)


« Face à la psychanalyse doit prévaloir l'idéal d'un Moi qui n'abdique pas, qui entend rester conscient, autonome et souverain face à la part nocturne et souterraine de l'âme et au démon de la sexualité ; un moi qui ne se sente ni refoulé, ni psychotiquement divisé, mais réalise un équilibre de toutes les facultés humaines ordonnées par une signification du vivre et de l'agir. « 

Orientations (1950)


« Il n'y a pas de croissance économique ou de prospérité à la séduction de laquelle on doive céder quand le prix à payer serait une limitation essentielle de la liberté et de l'espace nécessaire pour que chacun puisse réaliser ce qui lui est accessible au-delà de la sphère conditionnée de la matière et des besoins de la vie ordinaire. »
Les Hommes au milieu des ruines (1953)


« S'il devait être question d'une réaction de fond contre le système, ce qui revient à dire contre les structures de la société et du monde moderne en général, selon moi, il y a peu de perspectives [...] Il ne s'agirait pas de contester ou de polémiquer mais de tout faire sauter : ce qui, à ce jour, est évidemment de l'ordre de la fantaisie ou de l'utopie, en laissant une bonne place à l'anarchisme sporadique. La chose possible et importante est l'action de défense intérieure individuelle, pour laquelle la formule adaptée est : « Fais en sorte que ce sur quoi tu n'as pas prise, ne puisse avoir de prise sur toi ».

Interview à Gianfranco de Turris « Il Conciliatore » (15 janvier 1970)

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