samedi 24 février 2018

Fiodor Dostoïevski 1821 - 1881


























« Le jugement qui nous condamnait à être fusillés, et qui nous fut lu avant l’exécution, n’était nullement un simulacre ; tous les condamnés étaient persuadés qu’ils seraient exécutés et ils vécurent une dizaine de minutes au moins dans la plus terrible, la plus effrayante attente, celle de la mort. Durant ces minutes, certains d’entre nous (je le sais pertinemment) descendirent instinctivement
en eux-mêmes et, examinant en ces courts instants leur existence si brève, il se peut qu’ils aient regretté quelques-unes de leurs actions (de celles qui pèsent secrètement sur la conscience de chacun) ; mais la chose pour laquelle on nous condamnait, les pensées, les idées qui dominaient notre esprit, non seulement ne nous paraissaient pas devoir provoquer nos remords ; il nous semblait, au contraire, qu’elles nous purifiaient en faisant de nous des martyrs, et que grâce à elles beaucoup nous serait
pardonné ! Et cela dura longtemps ainsi. Les années de bagne, les souffrances ne nous brisèrent pas ; rien ne put nous briser, et nos convictions soutinrent au contraire nos âmes par la conscience du devoir accompli ».

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