Septembre 2020
Lutte à Outrance
N°2
Pourquoi je ne ferais pas grève le 17
septembre ?
Nous devons dire la vérité aux salariés. Nous devons arrêter
de leur faire croire que ces journées parcellaires servent à quelque chose.
Défilé entre Bastille/Nation ne sert à rien.
La CGT sort la sono, fait décapsuler des centaines de
canettes de bières, on fait chauffer les merguez et on marche en rang d’oignons,
surtout ne jamais tenter de déborder le SO de la confédération au risque de se
faire défoncer la gueule.
Depuis que je suis tout petit, j’entends à la radio ou à la
télé « la rentrée sera chaude ».
Non, elle n’a jamais été chaude. A peine tiède et encore. Les militants perdent
de nouveau 1/30° de leur salaire. Les gros joufflus moustachus disent que la
journée est une réussite. La police qui ne sait pas compter divise maintenant
les chiffres de la centrale carrément par 4.
Non, arrêtons de dire n’importe quoi aux salariés. Il va
falloir autre chose qu’une seule journée dans la rue pour faire évoluer les
choses et que les riches crachent d’eux-mêmes au bassinet. Frédéric Lordon, il
y a quelques temps sur les ondes de France Inter a bien dit que jamais ils ne
nous donneront quoique ce soit de leur bonne volonté, qu’il allait falloir
réfléchir à autre chose.
La bourgeoisie a frémi en 1968. Pas quand les étudiants ont
foutu le bordel dans les universités mais quand des millions d’ouvriers ont
pris possession de leurs outils de travail, sans jamais le casser. En le
respectant, en le bichonnant. Ils avaient refait le coup de 36.
Depuis, rien. Rien. Ah, si une accélération de l’usine à
décérébrer les prolos. La privatisation de TF1 par quelqu’un qui se disait
proche de la gauche : Bernard Tapie. Déjà là, on aurait dû se méfier, un
grand patron qui se dit de gauche ; c’est comme si Hitler disait qu’il
était un humaniste.
Puis l’invention de la télé réalité où le seul but des jeux était
d’éliminer les plus forts ( le maillon faible), le différent ( the voice) , le
rebeu de service (loft story), où l’on nous montre les grosses magouilles
individualistes et les complots dans les usines (Koh Lanta), bref…
Puis, dernièrement, la cerise sur le gâteau ou plutôt, les
nouilles dans le slip. Le vulgaire a tous les étages avec un mec prêt à subir
toutes les humiliations possibles pour être le présentateur d’un prime. Des
propos ahurissants, des sujets d’une débilité invraisemblable et surtout, une
constante, des humiliations en permanence avec des « collaborateurs »
prêts à accepter tout ce que le patron leur impose au risque de ne pas revenir
l’année suivante.
Alors devant cette immense laverie automatique à neurones,
ceux qui travaillent se complaisent dans ces « spectacles » là plutôt
que de se cultiver, de chercher à voir le beau et, surtout, de chercher tous
les moyens possibles pour se sortir de la merde dans laquelle ils sont depuis
des années en maugréant mais ne faisant rien.
En rouspétant mais en laissant les militants syndicaux
prendre tous les coups et dire ensuite : quand on n’obtient rien : « je
vous l’avais dit que ça ne servait à rien », ou si l’on gagne quelque
chose, ils sont bien heureux d’en profiter eux aussi.
La bourgeoisie, peut-on l’appeler autrement même si nous
sommes au XXI° siècles ?, n’a pas frémi depuis des lustres.
Mais, il y a peu, un mouvement sans précédent à surgi des
tréfonds de la misère. Ceux qui ne votent plus, ceux qui ne croient plus en
rien, ceux qui savent ce que crever de faim veut dire, ces gens qui votent
Front National par dépit, par haine, par bêtise, par « oui allons jusqu’au
bout »…Ceux qui laissent téléguider leurs haines vers les plus pauvres qu’eux,
vers ceux qui ne volent rien mais qui ont tout perdu chez eux, qui fuient la
guerre, économique ou militaire ou impérialiste, qui fuient la guerre
climatique, la folie humaine, des hommes qui n’agissent ou ne réagissent plus,
ceux qui gouvernent sans les peuples et contre les pauvres, ceux qui n’aiment
ni les pauvres, ni les femmes, ni les noires…
Les gilets jaunes, les gueules cassées, ceux que l’on méprise
à longueur de temps et que l’on a continué à mépriser à longueur d’antenne.
Mais cette peur que les plus riches ont ressenti le samedi 1 décembre 2019, l’insurrection
au bord des lèvres et cette peur qui suintait sur les écrans dans les chaines
infos, ces journalistes, chiens fidèles du système, qui ressentaient une telle
peur, ce monde, leur monde qui était en train de basculer, en train de vaciller.
Cette colère que même cette police agressive n’arrivait pas à contenir.
Comme ils ont eu peur ! Comme ils ont tremblé !
Et puis l’ordre est revenu
au prix de quelles violences ? De quelles mutilations ?
Ce peuple que l’on a encore et encore tué, que l’on cherche à
faire taire. Et les syndicats, machines à normaliser les « défilés »,
à « quadriller les revendications » et à faire « re-rentrer
les ouvriers dans les usines » après ces journées qui ne servent à rien.
On fait mine que…On fait semblant que…500 000 dans la rue et on crie à la
victoire.
29,7 millions de salariés en France et à peine 500 000 dans
les rues. Où est la victoire ? Mais de quelle victoire parle-t-on ? Cela
nous fait 1,6 % de grévistes. Elle est pas belle la victoire ! 1,6 contre
les pires régressions sociales depuis des décennies : loi travail I et II,
les réformes des retraites, le code du travail, les prud’hommes, l’inspection
du travail, les CHS CT etc…
Qu’est ce qui a fait que les gilets jaunes les ont faits
tellement tremblés ? La détermination, l’horizontalité des rapports, cette
volonté de ne pas se perdre derrière des élites ou des stars auto-proclamées.
On connait, nous voyons où sont ceux qui étaient en 68 les gauchistes qui
menaient « la lutte ». Cohn Bendit, le toutou mécanique qui applaudit
Macron, qui bave dès que le petit manu montre sa gueule.
Alors, la « journée chaude » du 17 septembre va
nous paraitre bien fadouille après l’effervescence du peuple.
Et je ne vais pas parler de « l’unité syndicale »
car je risque de m’énerver. Quand un guignol décide d’une date d’une journée de
merde sans concertation, sans en parler à qui que ce soit, 3 mois en avance
alors que le pays part en couille à cause des plans sociaux. Et les autres qui pensent
ne pas avoir le choix de suivre bêtement ! C’est lamentable !
Ou alors, ou alors, il faudrait que la CGT des boites, des
usines ou des bureaux prennent le prétexte de ce préavis pour en plaquer un
local. Et je pense que sans se foutre une méningite carabinée, il y aurait des
motifs : emplois, emplois, emplois, gels des désorganisations, gel de la
casse des métiers, arrêt de la casse de la Poste, renationaliser de la Poste
pour devenir un grand service public digne de ce nom, conditions de travail,
répressions syndicales, discriminations syndicales…Bref, il y a de quoi faire
non ?
Alors, le 17 ce sera sans moi sauf si localement, il y a une
prise en main d’un mouvement avec des revendications dignes de ce nom. Il leur
reste à peine 24 heures.
Vite, ça urge !
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