Hardiesse à se vanter, à se faire valoir. La
jactance est le fait des individus qui, ayant de leur personne une haute
opinion, sont tourmentés du désir de se faire prendre en haute estime par
autrui. Un auditeur délicat et modeste se sent mal à l'aise quand il est appelé
à entendre quelqu'un raconter les exploits dont il a été ou se prétend avoir
été le héros. Rien que d'être narrées par celui qui se flatte de les avoir accomplies,
les prouesses les plus méritoires et qui seraient dignes des plus vifs éloges,
perdent la plus grande partie de leur valeur. Et lorsqu'il advient que celui
qui parle pousse la jactance jusqu'à tirer vanité d'actes imaginaires, ce qui
n'est pas rare, cette jactance devient méprisable. L'homme de réelle valeur se
garde soigneusement de toute jactance. Seul, un être brutal et grossier songe à
se vanter de sa force musculaire ; seul, un demi-savant prend plaisir à étaler
sa demi-science ; seul, un artiste de bazar a l'outrecuidance de parler avec
emphase de son talent. Le vrai savant est modeste ; il est incommodé par les
flatteries immodérées dont il peut être l'objet, car plus il sait et plus il a
conscience de ce qu'il ignore encore et lui reste à apprendre. Le véritable
artiste se sent indigne du culte qui lui est rendu publiquement par ses
thuriféraires, parce qu'il porte en soi la pensée de l'oeuvre idéale et presque
parfaite qu'il ne parvient pas à exécuter. On entend des enmillionés parler
avec jactance de leurs fabuleuses richesses. Ne sentent-ils pas l'indécence de
pareils propos? On entend des dictateurs, des minis d'industrie, des chefs
militaires se vanter de tenir sous leur main de fer des millions de sujets, des
centaines de milliers de soldats ou des dizaines de milliers de travailleurs.
C'est à croire que, chez eux, tout sens moral est aboli par le pouvoir dont ils
sont revêtus. La jactance est un des travers les plus détestables.
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