Tige de fer, piquet, bâton, baguette on tout
autre objet qu'on enfonce dans la terre pour prendre un alignement, marquer le
tracé d'un chemin, indi jalon signifie un ou plusieurs pas faits dans une voie
quelconque. La carrière dans laquelle on entre, à laquelle on consacre ses
connaissances, son activité, ses talents comporte parfois de multiples jalons.
Ceux-ci désignent les progrès successifs qui se sont succédés au cours de celte
carrière. On peut considérer que chaque fois que, dans un domaine quelconque,
les hommes ont réalisé un pro poussé nos investigations et nos conquêtes
jusqu'ici. Nous confions à nos suc les poursuivre et de planter, ainsi, un
jalon de plus dans la voie que nos prédécesseurs avaient ouverte et que nos
travaux ont élar Jalon. Longue, excessivement longue, rude, terriblement rude,
est la route qui, lentement, conduira l'humanité au but de ses efforts : la vie
moins dure progressivement étendue à une fraction de plus en plus considérable
de la population, jusqu'à ce que la joie de vivre succède, pour la totalité des
individus, à la douleur d'exister. Ce but admirable sera atteint ; les
anarchistes en ont l'indéfec certitude. Ils savent que la route qui y mène est
à peine tracée ; que, comparée à la voie spacieuse et facile où s'engouffre le
troupeau sous la conduite de ses mau se sont engagés et travaillent à entraîner
les déshérités est étroit, rugueux, hérissé d'obstacles, extraordinairement
difficultueux. Mais ils savent aussi que la grande voie aboutit à une impasse ;
tandis que, s'élargissant peu à peu, s'embellissant sans cesse, graduellement
débarrassé des obstacles qui obstruent, ralentissent et rendent pénible la
marche en avant, le petit chemin doit aboutir, aboutira aux plaines fertiles et
verdoyantes, aux altitudes majestueuses et sereines. C'est pourquoi,
inaccessibles au découragement, ils poursuivent d'arrache-pied
l'accomplissement du labeur qu'ils ont délibérément entrepris ; ils ne
songeront au repos que lorsque, tous obstacles brisés, toutes résistances vaincues,
apparaîtront aux yeux des hommes ayant définitivement brisé le cercle de fer où
l'Autorité les emprisonne, ces plaines vastes et fécondes dont les produits
assureront le bien-être de tous et ces altitudes magnifiques d'où la pensée
devenue libre s'élèvera toujours moins inquiète et plus rayonnante. Chaque
génération d'anarchistes plante un ou plu suit l'huma prospérité et
d'indépendance. Dans cette tâche aussi rude que sublime, ils sont déjà et ils
seront de plus en plus secondés par tous les hommes de bonne volonté. Ils
adjurent de joindre leurs efforts aux leurs tous ceux qui peinent, souffrent,
gémissent et dont les jours sont tissés de privations et de servitudes ; tous
ceux aussi dont la conscience se révolte et dont le cœur s'émeut au spectacle de
l'iniquité et de la souffrance imméritées qui accablent les classes
laborieuses, tandis que les satisfactions de l'estomac, les joies du cœur et
les fêtes de l'esprit restent l'apanage de la classe parasitaire. Ils ne rejettent le concours de personne, hormis l'aide
intéressée des intri ambitieux, des arrivistes qu'ils laissent volontiers aux
partis politiques, maîtres d'hier, d'aujourd'hui ou de demain.
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