L'Universalité de la transhumance

Je ne connais de la richesse

Que la couleur des chants.

Le voyage de l'esprit

L'évidence de la transhumance,

Comme le sang qui coule dans les veines.

Ils ne pourront pas vivre éternellement

Leurs certitudes immuables

Comme des forteresses.

Nul ne peut apercevoir le soleil du fond d'un caveau.

Nul ne verra vraiment le soleil

Si il ne chemine pas à nos côtés.

Leur névrose sclérose leur vision.

N'effleurons plus les voluptés,

Prenons les à bras le corps.

Humons les ailleurs

Comme des contagions de printemps.

Notre maison sera le vallon

Juste derrière cette ferme,

Cachée par le canon de cette arme.

Jamais, nous ne pourrions raconter nos soleils

Aux enfants des villages voisins,

Si le vent était le seul à parcourir la campagne.

Nous avons vu derrière la lune,

Le spectacle des marionnettes

De la cité voisine.

Alors, n'avons nous pas à leur offrir, en retour,

La splendeur de nos chants ancestraux ?

Nous confronterons notre amour

A la légion des terrorisés

Et nous serons les vainqueurs

De l'amnésie universelle.

Ne pleurez pas ;

Ils n'arrêteront pas la volonté des Tziganes

Avec des barrières.

La transhumance sera une loi immuable

Que nous appliquerons sans tolérance,

Comme la mort conclut inexorablement la vie.

L'errance deviendra un péché mortel

Puisqu'il est déjà considéré comme un échec par la communauté,

Comme un naufrage,

Comme une évasion de taulard,

Comme la fuite d'un coupable.

Mais ne serait-ce pas plutôt

L'agonie de vos certitudes ?

Le constat de vos échecs ?

La mise en évidence de la mort de vos rêves ?

Nous voyageons depuis des millénaires,

Et c'est par la violence

Que vous voulez nous sédentariser ?

Mais nous ne pouvons pas prendre racine

En si peu de temps,

Nous ne devons pas prendre racine en si peu de temps

Car ce n'est pas la vie,

C'est une balafre hideuse.

Alors, vous ne pourrez pas arrêter

Ce qui peut s'apparenter au vent,

Ou à l'eau qui rejoint toujours la mer.

Il existe une immortalité

De la transhumance

Car la croyance en la sédentarité

Sera le linceul de votre inutilité.