vendredi 21 avril 2017

Question de style Malfamée Filles en colère Mai 2000

Quand j'étais gamine, j'étais persuadé d'être un garçon dans un corps de fille. A cause d'une certaine "façon d'être" qualifiée de MASCULINE .

En fait tout bonnement pour ne pas être en rade , pour être au courant, pour ne pas suivre mais mener et pour mener de FRONT, pour être prise au SÉRIEUX , pour ne pas rester derrière, pour ne pas être aidé ni épaulé encore moins protégée, pour être écouté, pour ne pas être discrédité. Le concept de "garçon manqué" m'imposant le MASCULIN  était alors pour moi parfaitement intégré. Je continuais de me couper les cheveux courts et de ne jouer qu'avec des mecs, sans jamais réagir aux multiples reprises. Et pourquoi je ne jouais qu'avec des garçons? Parce que les filles ne jouent pas à la BASTON, aux PÉTARDS ou aux petites voitures. J'ai fini par moi-même dénigrer ces filles , créatures soi-disant fragiles, PRÉCIEUSES RIDICULES qui hurlaient beaucoup plus aigu que mes cordes vocales ne me l'ont jamais permis.Et puis j'ai compris. Pas de flash ni de déclic  mais une lente prise de contact : " Sisisi, je suis  une fille à l'intérieur aussi..." . Petit à petit, j'ai fini par capter que l'on m'avait inculqué par intraveineuse cette conception genrées des attitudes sociales. Sournoisement serinée. On m'avait enfoncé dans le crâne que "c'est pas beau pour une fille". Un jour, en primaire, dans la cour, une fille vient me voir: "Tu sais pourquoi il pleut quand tu craches? C'est Dieu qui pleure parce qu'il y a une fille qui crache."!!! Revenons à nos moutonnes . Aujourd'hui, c'est avec la conscience de ce que cela implique que je continue à cultiver cette ambiguïté  qui me plait, me sert et me protège. Encore aujourd'hui il est pour moi quotidien de me faire appeler jeune homme ou même Monsieur. Et selon les circonstances et la personne en face je réagis avec plus ou moins de véhémence , parfois je ne réagis pas. En stop, la nuit dans la rue ma ressemblance avec le "sexe fort" me protège du viol ou de l'agression. Même parfois, le fait d'être une fille "ça excuse ton insolence" Le fait que je sois très souvent associée à la "gente masculine" ne se situe pas seulement dans ma tenue vestimentaire mais dans une manière de me positionner par rapport aux autres. J'entends par là une certaine façon de prendre place: quelle place je prends et comment je la prend. Quelle place les autres me donnent-ils/elles ? Place radicalement différente suivant MA manière à moi d'être. Je joue donc allègrement avec les genres et aime semer le DOUTE chez mes contemporain-es. Face à une fille qui prend sa place soi-disant comme un garçon certain-es sont dérouté-es. Si je me fais toper par des keufs, d'abord très sûrs d'eux ils me servent du "petit con" à tout va. Ne croyant pas si bien dire ils se trouvent souvent troublés face à mon passeport: aller-retour entre ma tête et le prénom inscrit sur ce papier pourtant officiel. Ils oscillent dangereusement entre paternalisme mielleux et virilité malsaine. D'autres ne comprennent pas pourquoi je ne me fais pas plus séduisante . Ces gens qui ont une idée pré-établie et fixe de la séduction...Pourquoi certains comportements devraient-ils être associés à un genre masculin ou féminin? Parce que PATRIARCAT . Rendons nous compte, soyons et Basta 

Julia

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