samedi 23 juillet 2022

Histoire du socialisme et du communisme en France par Alexandre Zevaes

 Gaston Da Costa dans son livre sur la Commune (blanquiste):

"Leur seule préoccupation était de vaincre Versailles pour empêcher Thiers d'organiser la République qu'il nous a faite, dans le but, aujourd'hui plus évident que jamais, de reculer l'avènement d'une république démocratique, communale, et sociale. Personne ne peut plus raisonnablement le contester: ce fut le parti blanquiste qui domina l'insurrection. Si donc ce parti avait pu penser que cette insurrection dût immédiatement aboutir à une révolution sociale, il aurait manifesté son socialisme. Il ne le fit point. Pourquoi? Parce qu'il avait une conception exacte des seuls sentiments de révolte qu'avait produits l'insurrection: républicanisme et patriotisme... Les blanquistes ne furent donc, à cette époque, que ce qu'ils pouvaient être: des jacobins révolutionnaires soulevés pour défendre la république menacée, tandis que les socialistes idéalistes, groupés dans la minorité, ne furent que des rêveurs sans programme socialiste défini..."


Les Blanquistes exilés en Angleterre se sont tenus éloignés de la querelle Marx et Bakounine. Ils ont condamné le transfert du conseil général de l'internationale de Londres à New York:

"Le congrès fut en dessous de tout ce qu'on pouvait penser. Querelles d'écoles, personnalités, intrigues etc...occupèrent plus de la moitié des séances. On croyait l'internationale puissante parce qu'on croyait qu'elle représentait la révolution; elle se montra timide, divisée, parlementaire. Quant aux déclarations et résolutions que nous demandions sur l'organisation des forces révolutionnaires du prolétariat, on les enterra en les renvoyant à une commission...

En nous retirant de l'internationale, nous n'avons pas besoin de le dire, nous n'avons pas voulu nous retirer de l'action; c'est au contraire, pour y entrer avec plus d'énergie que jamais, n'ayant d'autre ambition que de faire jusqu'au bout notre devoir. Cependant, nous ne nous faisons pas d'illusions, nous savons que les efforts les plus énergiques des proscrits ont moins d'effet que la plus faible action de ceux qui ont pu rester sur le lieu de combat.

Nous tenons seulement à ce que ceux-ci sachent qu'ils peuvent compter sur nous, comme nous comptons sur eux pour reconstituer le parti révolutionnaire, organiser la revanche et préparer la lutte nouvelle et définitive".

En 1874, les blanquistes fondent le groupe La commune révolutionnaire. La société est secrète et donc la brochure est anonyme.

Aux Communeux

Nous sommes athés, parce que l'homme ne sera jamais libre, tant qu'il n'aura pas chassé Dieu de son intelligence et de sa raison. C'est en vertu de cette idée d'un être en dehors du monde et le gouvernant, que se sont produites toutes les formes de servitude morale et sociale: religions, despotismes, propriété, classes, sous lesquelles gémit et saigne l'humanité...

Nous sommes communistes, parce que nous voulons que la terre, les richesses naturelles ne soient plus appropriées par quelques-uns, mais qu'elles appartiennent à la communauté. Parce que nous voulons que, libres de toute oppression, maitres enfin de tous les instruments de production: terre, fabriques etc... les travailleurs fassent du monde un lieu de bien-être et non plus de misère. Parce que nous voulons arriver à ce but sans nous arrêter aux moyens termes, aux compromis qui, ajournant la victoire, sont un prolongement d'esclavage...

Nous sommes révolutionnaires, autrement dit Communeux, parce que, voulant la victoire, nous en voulons les moyens; parce que nous renverser par la force une société qui ne se maintient que par la force; parce que nous savons que la faiblesse, comme la légalité, tue les révolutions, que l'énergie les sauve; parce que nous reconnaissons qu'il faut conquérir ce pouvoir politique que la bourgeoisie garde d'une façon jalouse pour le maintien de ses privilèges. Mouvement vers un monde nouveau de justice et d'égalité, la révolution porte en elle-même sa propre loi et tout ce qui s'oppose à son triomphe doit être être écrasé...

Comment pourrions-nous feindre la pitié pour les oppresseurs séculaires du peuple, pour les complices de ces hommes qui, depuis trois ans, célèbrent leur triomphe par la fusillade, la transportation, l'écrasement de tous ceux des nôtres qui ont pu échapper au massacre immédiat? Nous voyons encore ces assassinats sans fin, d'hommes, de femmes, d'enfants; ces égorgements qui faisaient couler à flots le sang du peuple dans les rues, les casernes, les squares, les hôpitaux, les maisons. Nous voyons les blessés ensevelis avec les morts; nous voyons, Versailles, Satory, les pontons, le bagne, la Nouvelle-Calédonie. Nous voyons Paris, la France, courbés sous la terreur, l'écrasement continu, l'assassinat en permanence.

Communeux de France, Proscrits, unissons nos efforts contre l'ennemi commun; que chacun, dans la mesure de ses forces, fasse son devoir!"

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