Il prie le ciel de le faire mourir avant sa dame:
"L'autre dont l'haleine délicieuse agite le vert laurier et l'or de la belle chevelure, fait, par ses jeux gracieux et nouveaux, émigrer les âmes de leurs corps.
C'est une rose candide éclose parmi de cruelles épines! Quand trouvera-t-on sa pareille en ce monde? C'est la gloire de notre âge! O vivant Jupiter, je t'en supplie, ordonne mon trépas avant le sien.
Afin que je ne voie pas cette grande et publique calamité, et le monde privé de son soleil, ainsi que mes yeux qui n'ont pas d'autre lumière;
Et mon âme, qui repousse toute autre pensée, et mes oreilles qui ne savent écouter que ses chastes et douces paroles!"
Le poète gémit sur la mort de sa dame:
"Hélas! il n'est plus ce beau visage; il n'est plus ce suave regard; il n'est plus ce gracieux et noble maintien; il n'est plus ce parler qui adoucissait l'esprit le plus âpre et le plus farouche, et qui donnait du coeur à l'homme le plus lâche.
Il n'est plus enfin ce doux sourire, duquel sortit le trait dont je n'attends désormais d'autre bien que la mort: âme royale, bien digne de l'empire, si tu ne fusses descendue si tard parmi nous!
Il faut que pour vous je brûle et qu'en vous je respire, car je n'ai appartenu qu'à vous; et il n'est pas de malheur qui me touche à beaucoup près autant que d'être séparé de vous.
Vous m'aviez rempli d'espérance et de désir, quand je m'éloignai de mon bien suprême encore en vie; mais le vent emportait alors les paroles qui me charmaient".
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