" L'individualisme est un atomisme inconséquent, qui oublie que l'enjeu de l'atome est celui d'un monde. C'est bien pourquoi la question de la communauté est la grande absente de la métaphysique du sujet, c'est-à-dire — individu ou Etat total — de la métaphysique du pour-soi absolu : ce qui veut dire aussi bien la métaphysique de l'absolu en général, de l'être comme ab-solu, parfaitement détaché, distinct et clos, sans rapport. Cet ab-solu peut se présenter sous les espèces de l'Idée, de l'Histoire, de l'Individu, de l'Etat, de la Science, de l'Œuvre d'art, etc. Sa logique sera toujours la même, pour autant qu'il est sans rapport. Elle sera cette logique simple et redoutable qui implique que ce qui est absolument séparé renferme, si on peut dire, dans sa séparation plus que le simple séparé. C'est-à-dire que la séparation elle-même doit être enfermée, que la clôture ne doit pas seulement se clore sur un territoire (tout en restant exposée, par son bord externe, à l'autre territoire, avec lequel elle communique ainsi), mais sur la clôture elle-même, pour accomplir l'absoluité de la séparation. L'absolu doit être l'absolu de sa propre absoluité, sous peine de n'être pas. Ou bien : pour être absolument seul, il ne suffit pas que je le sois, il faut encore que je sois seul à être seul. Ce qui précisément est contradictoire. La logique de l'absolu fait violence à l'absolu. Elle l'implique dans un rapport qu'il refuse et exclut par essence. Ce rapport force et déchire, de l'intérieur et de l'extérieur à la fois, ou d'un extérieur qui n'est que la rejection d'une impossible intériorité, le « sans rapport » dont l'absolu veut se constituer."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire