J’aurais beau m’étendre là où d’autres sont morts ; jamais je ne pourrais ressentir ce qu’ils ont ressenti. Je suis encore vivant et je joue à vouloir croire que je peux ressentir leurs sensations.
Les minutes de silence ne sont pas faits pour rendre hommage ; elles sont présentes pour nous faire ressentir à quel point l’histoire, notre histoire, ce que nous sommes, ce que nous sommes devenus, ce vers quoi nous allons ; est une suite interrompue (ou ininterrompue) d’une mémoire que l’on entretient, que l’on chasse, que l’on pervertit, ou que l’on tord à souhait, selon que nous ayons des regrets, ou des projets.
Nous jouons à croire que nous nous souvenons, que nous remercions, que nous rendons hommage, alors que ces instants ont été détournés de leurs sens originels.
Exemple : les gilets jaunes étaient plus proches des sans culottes que l’armée qui défile le 14 juillet sur les Champs Elysées devant ceux qui ont été ceux que le peuple (et surtout les bourgeois) avait chassé en 1789.
Le défilé militaire est le message de la force qui investit les rues, qui en exclut le gueux, qui cache et éloigne des champs de vision ce peuple qui dérange, qui est l’expression de ce que cette société n’est pas celle qui prend tous et chacun. Celle qui, finalement, ne laisse la chance qu’à très peu.
Pensez au 14 juillet, pensez à la Bastille.
Et regardez celui qui défilera ce jour-là…en mémoire…de quoi ?
Une revanche…
Lorsque l'on va à Auschwitz, dans Auschwitz, que ce lieu pénètre en toi, ce lieu, peut nous envahir et nous submerger. Il est évident que nous assistons à la répétition de la fin de l'humanité, et qui peut justifier aujourd'hui, que ceux qui vivent en laissant mourir qui que ce soit dans le monde peut dériver de cette idée que rien qui n'équivaudra Auschwitz, que, finalement, ils ne seront jamais pire que les nazis. Ce qui les dédouane de la mort qu'il distille dans la vie quotidienne.
Auschwitz est une ignominie à l'orthographe oubliable, qu'on ne veut retenir.
Comme dit Robert Anthelme, l'imagination a été mise à mort à ce moment de l'histoire. Jusqu'où cette imagination a été poussée pour l'extermination, ce mot puissant, ultime qui résonne, qui sonne, qui tonne, et qui est surement plus impactant que le mot Holocauste plus informelle. EXTERMINATION: rien ne vient derrière, rien ne vient au delà de ce mot. Derrière ce mot, rien ne nous vient à l'esprit.
Et n'oublions jamais que l'histoire n'est jamais écrite que par ceux qui gagnent.
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