dimanche 25 octobre 2020

Ligne N°60: L'étranger et l'hospitalité

 

                         Une distance intime    

                                            par Dorothée Legrand

 

« Pour celui que nous nommons l’étranger, l’épreuve de l’étranger est d’abord l’épreuve de soi-même comme étranger pour l’autre. Telle est l’épreuve de l’exil ».

 

« Chaque fois, le monde n’est plus, et il faut que je te porte. De ces vers de Paul Célan, Jacques Derrida aura proposé une lecture interminable – lisons ici une phrase seulement : « il n’y a plus de monde, c’est la fin du monde pour l’autre à sa mort, et j’accueille en moi cette fin du monde, je dois porter l’autre et son monde. » Peut-on entendre cela ? C’est la fin du monde pour l’autre, et j’accueille en moi cette fin du monde. Exilé, mort, absent à jamais et complètement, pour l’autre, le monde n’est plus, et j’accueille cela, je le porte, je porte cette fin du monde, dit Derrida, je porte en moi le monde tel qu’il n’est plus pour l’autre. C’est la fin du monde – et cela, je le porte en moi . J’éprouve que le monde n’est plus, et cette épreuve, il faut l’inscrire : le monde n’est plus et il faut que ça ne soit passé sous silence, le monde n’est plus et il faut que cela soit porté : inscrit – et c’est cela, la langue, l’inscription symbolique. »

 

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