« La réforme de la
protection de l’enfance de 2016 qui a replacé l’intérêt supérieur de l’enfant
au centre de toute prise en charge le concernant et réintroduit l’inceste dans
le Code Pénal, ainsi que le lancement tant attendu du premier plan
interministériel de lutte et de mobilisation contre les violences faites aux
enfants en mars 2017, ont fait progresser la lutte contre les violences
sexuelles faites aux enfants. »
« Aujourd’hui la situation
n’a hélas guère changé. Les médecins en général et les psychiatres en
particulier s’intéressent toujours aussi peu aux victimes de violences
sexuelles. Et c’est d’autant plus incompréhensible que les connaissances sur
les conséquences des violences sur la santé ont beaucoup progressé ces deux
dernières décennies. En effet, des études internationales ont permis de mieux
évaluer la fréquence des violences, et la gravité des atteintes à l’intégrité
physique et psychique des victimes. Les troubles psychos traumatiques ont enfin
été répertoriés, décrits en tant que conséquences neuropsychologiques
caractéristiques et normales que toute victime de violences peut présenter,
tandis que les mécanismes neurobiologiques qui en sont à l’origine sont de
mieux en mieux connus (Yehuda, 2007 ; MacFarlane, 2010). Les violences
sexuelles avec les actes de torture et de barbarie ont été reconnues comme les
violences entraînant les plus graves conséquences psycho traumatiques. Pour une
victime de viol, le risque de développer un état de stress post-traumatique est
de 80 % pour les adultes et près de 100 % pour les enfants, contre seulement 24
% chez l’ensemble des victimes de traumatismes (Breslau, 1991 ; Rodriguez,
1997). »
« Ces risques gradués en
fonction de la gravité des violences et de leur nombre, peuvent faire perdre
jusqu’à 20 ans d’espérance de vie (Brown, 2009). »
« Soigner les victimes
permet d’éviter la presque totalité des conséquences des violences sexuelles
sur leur vie et leur santé, et permet d’éviter des morts précoces et de prévenir
de nouvelles violences. »
« Ces médecins considèrent
que « ce n’est pas si grave », que « c’est exagéré » ou encore que les victimes
« doivent bien y être pour quelque chose », qu’elles ont dû les chercher ces
violences, en étant frustrantes, désobéissantes, pas assez prudentes,
incapables de se protéger, trop naïves, voire certainement provocantes,
séductrices ou hystériques... En tout état de cause elles n’auraient pas dû
laisser la violence sexuelle s’installer, ni se laisser faire, elles ont été
faibles, imprudentes, à elles donc d’assumer ce qui leur est arrivé et de se
débrouiller, « elles l’ont bien cherché, au moins ça leur apprendra à mieux se
protéger ». »
« Une étude de Médecins du
Monde faite en 2009 à Marseille a montré qu’une femme sans abri a un risque
très élevé d’être maltraitée et violée. Les femmes sans abri ont une espérance
de vie moyenne de 41 ans, bien moindre que celle des hommes sans abri, qui est
de 56 ans, seuls les viols qu’elles subissent expliquent cette différence. Une
étude canadienne ancienne (Mcleod, 1992) a montré que 40 % des femmes ayant un
handicap physique vivront au moins une agression sexuelle au cours de leur vie.
De 39 à 68 % des femmes présentant une déficience intellectuelle seront
victimes d’au moins une agression sexuelle avant l’âge de 18 ans, et jusqu’à 90
% des femmes ayant des troubles du spectre de l’autisme ont subi des violences
sexuelles, 78 % tout sexe confondu, (Brown-Lavoie, 2014). »
« Nous espérons que cette
pénalisation du client et la reconnaissance de la prostitution comme d’une
violence faite aux personnes prostituées et d’une atteinte à leur dignité
société, va changer la mentalité d’une société qui reste dans son ensemble très
tolérante vis-à-vis de l’achat de services sexuels et de la consommation de
pornographie, sous le prétexte mystificateur de besoins sexuels masculins qui
seraient irrépressibles (les clients sont dans leur écrasante majorité des
hommes) et du service rendu par la prostitution, qui permettrait d’éviter de
nombreux viols, ce qui n’est pas le cas, bien au contraire : il a été prouvé
que chez les hommes qui avaient recours à la prostitution on retrouvait bien
plus de comportements agressifs et d’actes sexuels violents que chez les hommes
qui ne sont pas clients (Farley, 2015). »
« Ces clients ont souvent un
comportement addictif et sont fréquemment violents, voire très violents,
verbalement et physiquement avec les personnes prostituées. De fait, 71 %
d’entre elles ont subi des violences physiques avec dommages corporels commis
par les clients et les proxénètes, 63 % ont subi des viols, 64 % ont été
menacées avec des armes, 75 % ont été sans domicile fixe pendant leur parcours,
89 % veulent sortir de la prostitution (Farley, 2003). »
« La famille est le lieu où
s’exercent la grande majorité des violences envers les enfants et la
quasi-totalité des homicides d’enfants. Selon les statistiques de
l’Observatoire National de la Délinquance (OND) réalisées en 2010, les auteurs
des violences sont essentiellement les parents, les pères pour les violences
sexuelles (81,6 % des auteurs), les mères pour les négligences graves et les
conditions d’éducation défaillantes (en sachant que les enfants sont le plus
souvent avec leur mère), les violences physiques étant également partagées. En
toute impunité, la famille se révèle comme une des pires zones de non-droit et
peut se transformer en un véritable système totalitaire où tous les droits
fondamentaux des enfants peuvent être bafoués, où il est possible de commettre
des crimes et des délits inconcevables sur des personnes sans défense,
totalement dépendantes et privées de liberté. De fait, l’enfant est encore trop
souvent considéré comme la propriété de ses parents, auxquels il doit respect
et obéissance quoi qu’il arrive. »
Dans les affaires de violences
sexuelles incestueuses, particulièrement quand il y a séparation et procédure
de divorce, la parole de l’enfant est très peu prise en compte, elle est même
souvent disqualifiée sous le prétexte que cette parole serait aliénée par le
parent alléguant des violences, la justice en France aimant se référer au «
syndrome d’aliénation parentale » qui n’a jamais reçu de validation
scientifique. Ce syndrome a été inventé par un psychiatre américain, Richard
Gardner, qui dans ses ouvrages fait l’apologie de la « pédophilie » et assure qu’elle
ne serait nuisible aux enfants que parce qu’elle est stigmatisée par la société
! »
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