mardi 11 août 2020

Le livre noir des violences sexuelles Par le Docteur Muriel Salmona Partie 1




« La réforme de la protection de l’enfance de 2016 qui a replacé l’intérêt supérieur de l’enfant au centre de toute prise en charge le concernant et réintroduit l’inceste dans le Code Pénal, ainsi que le lancement tant attendu du premier plan interministériel de lutte et de mobilisation contre les violences faites aux enfants en mars 2017, ont fait progresser la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants. »

« Aujourd’hui la situation n’a hélas guère changé. Les médecins en général et les psychiatres en particulier s’intéressent toujours aussi peu aux victimes de violences sexuelles. Et c’est d’autant plus incompréhensible que les connaissances sur les conséquences des violences sur la santé ont beaucoup progressé ces deux dernières décennies. En effet, des études internationales ont permis de mieux évaluer la fréquence des violences, et la gravité des atteintes à l’intégrité physique et psychique des victimes. Les troubles psychos traumatiques ont enfin été répertoriés, décrits en tant que conséquences neuropsychologiques caractéristiques et normales que toute victime de violences peut présenter, tandis que les mécanismes neurobiologiques qui en sont à l’origine sont de mieux en mieux connus (Yehuda, 2007 ; MacFarlane, 2010). Les violences sexuelles avec les actes de torture et de barbarie ont été reconnues comme les violences entraînant les plus graves conséquences psycho traumatiques. Pour une victime de viol, le risque de développer un état de stress post-traumatique est de 80 % pour les adultes et près de 100 % pour les enfants, contre seulement 24 % chez l’ensemble des victimes de traumatismes (Breslau, 1991 ; Rodriguez, 1997). »

« Ces risques gradués en fonction de la gravité des violences et de leur nombre, peuvent faire perdre jusqu’à 20 ans d’espérance de vie (Brown, 2009). »

« Soigner les victimes permet d’éviter la presque totalité des conséquences des violences sexuelles sur leur vie et leur santé, et permet d’éviter des morts précoces et de prévenir de nouvelles violences. »

« Ces médecins considèrent que « ce n’est pas si grave », que « c’est exagéré » ou encore que les victimes « doivent bien y être pour quelque chose », qu’elles ont dû les chercher ces violences, en étant frustrantes, désobéissantes, pas assez prudentes, incapables de se protéger, trop naïves, voire certainement provocantes, séductrices ou hystériques... En tout état de cause elles n’auraient pas dû laisser la violence sexuelle s’installer, ni se laisser faire, elles ont été faibles, imprudentes, à elles donc d’assumer ce qui leur est arrivé et de se débrouiller, « elles l’ont bien cherché, au moins ça leur apprendra à mieux se protéger ». »
« Une étude de Médecins du Monde faite en 2009 à Marseille a montré qu’une femme sans abri a un risque très élevé d’être maltraitée et violée. Les femmes sans abri ont une espérance de vie moyenne de 41 ans, bien moindre que celle des hommes sans abri, qui est de 56 ans, seuls les viols qu’elles subissent expliquent cette différence. Une étude canadienne ancienne (Mcleod, 1992) a montré que 40 % des femmes ayant un handicap physique vivront au moins une agression sexuelle au cours de leur vie. De 39 à 68 % des femmes présentant une déficience intellectuelle seront victimes d’au moins une agression sexuelle avant l’âge de 18 ans, et jusqu’à 90 % des femmes ayant des troubles du spectre de l’autisme ont subi des violences sexuelles, 78 % tout sexe confondu, (Brown-Lavoie, 2014). »
« Nous espérons que cette pénalisation du client et la reconnaissance de la prostitution comme d’une violence faite aux personnes prostituées et d’une atteinte à leur dignité société, va changer la mentalité d’une société qui reste dans son ensemble très tolérante vis-à-vis de l’achat de services sexuels et de la consommation de pornographie, sous le prétexte mystificateur de besoins sexuels masculins qui seraient irrépressibles (les clients sont dans leur écrasante majorité des hommes) et du service rendu par la prostitution, qui permettrait d’éviter de nombreux viols, ce qui n’est pas le cas, bien au contraire : il a été prouvé que chez les hommes qui avaient recours à la prostitution on retrouvait bien plus de comportements agressifs et d’actes sexuels violents que chez les hommes qui ne sont pas clients (Farley, 2015). »
« Ces clients ont souvent un comportement addictif et sont fréquemment violents, voire très violents, verbalement et physiquement avec les personnes prostituées. De fait, 71 % d’entre elles ont subi des violences physiques avec dommages corporels commis par les clients et les proxénètes, 63 % ont subi des viols, 64 % ont été menacées avec des armes, 75 % ont été sans domicile fixe pendant leur parcours, 89 % veulent sortir de la prostitution (Farley, 2003). »
« La famille est le lieu où s’exercent la grande majorité des violences envers les enfants et la quasi-totalité des homicides d’enfants. Selon les statistiques de l’Observatoire National de la Délinquance (OND) réalisées en 2010, les auteurs des violences sont essentiellement les parents, les pères pour les violences sexuelles (81,6 % des auteurs), les mères pour les négligences graves et les conditions d’éducation défaillantes (en sachant que les enfants sont le plus souvent avec leur mère), les violences physiques étant également partagées. En toute impunité, la famille se révèle comme une des pires zones de non-droit et peut se transformer en un véritable système totalitaire où tous les droits fondamentaux des enfants peuvent être bafoués, où il est possible de commettre des crimes et des délits inconcevables sur des personnes sans défense, totalement dépendantes et privées de liberté. De fait, l’enfant est encore trop souvent considéré comme la propriété de ses parents, auxquels il doit respect et obéissance quoi qu’il arrive. »
Dans les affaires de violences sexuelles incestueuses, particulièrement quand il y a séparation et procédure de divorce, la parole de l’enfant est très peu prise en compte, elle est même souvent disqualifiée sous le prétexte que cette parole serait aliénée par le parent alléguant des violences, la justice en France aimant se référer au « syndrome d’aliénation parentale » qui n’a jamais reçu de validation scientifique. Ce syndrome a été inventé par un psychiatre américain, Richard Gardner, qui dans ses ouvrages fait l’apologie de la « pédophilie » et assure qu’elle ne serait nuisible aux enfants que parce qu’elle est stigmatisée par la société ! »

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