« Il faudra attendre 1980 pour que la fréquence et la
gravité des violences sexuelles faites aux enfants soient reconnues, surtout
grâce aux associations féministes. »
En ce qui concerne l’impact psychique spécifique des
violences sexuelles sur les enfants, là aussi tout s’est fait avec retard par
rapport aux adultes. Dans un premier temps les psychotraumatismes liés aux
violences n’ont pas été reconnus, surtout pour les enfants de moins de six ans.
La communauté scientifique considérait qu’ils étaient trop jeunes, trop
incapables de comprendre, et qu’ils étaient perturbés parce que la mère l’était
et non à cause du traumatisme auquel ils avaient été exposés. »
« En ce qui concerne les risques cardio-vasculaires,
avoir subi des violences dans l’enfance serait un facteur de risque supérieur à
tous ceux habituellement reconnus et combattus, selon une remarquable étude de
Felitti parue en 2004 dans une grande revue américaine de cardiologie. »"
"Une étude de l’ONU
conduite sur 10 000 hommes vivant en Asie et dans le Pacifique en 2013 le
démontre parfaitement. Alors que 24 % des hommes interrogés reconnaissent avoir
violé au moins une fois une femme dans leur vie, la première raison que 75 %
d’entre eux invoquent est qu’ils avaient estimé que c’était leur dû, et qu’ils
avaient droit à une relation sexuelle avec une femme, et que peu importait si
elle était consentante ou non. La deuxième raison que 58 % d’entre eux
rapportent, est qu’ils avaient voulu s’amuser, le viol était pour eux un
divertissement pour les sortir de leur désœuvrement. Ensuite viennent comme
raisons : la volonté de se venger et de punir pour 37 % d’entre eux, et
l’alcool pour 27 % d’entre eux (ONU, 2013 ; Jeweks R., 2013)."
« De façon innée, dès le plus jeune âge, nous sommes
des êtres sociaux, empathiques et solidaires vis-à-vis de nos congénères :
toutes les études sociologiques et éthologiques récentes en font la preuve
(Rizzzolatti, 2008). Des neurones miroirs nous permettent en effet de ressentir
avec une grande justesse les émotions d’autrui, et cette contagion
émotionnelle, pour laquelle nous sommes programmés, nous donne la capacité de
nous mettre à la place de celui qui souffre. Grâce à cette empathie, nous
pouvons alors réagir immédiatement et mettre en œuvre une stratégie adaptée
pour le protéger, le secourir et le réconforter, même si nous n’en espérons
aucune récompense."
"De fait, une certaine pression sociale encourage la froideur
émotionnelle chez les dominants, prônant la vertu de la violence pour éduquer,
hiérarchiser, préserver l’ordre et la sécurité. D’où la diffusion d’un discours
mensonger sur la nature humaine, violente par essence et dont il faudrait se
protéger par une violence obligée, alors qu’il ne s’agit que de légitimer la
possibilité de dresser, de soumettre, de dominer et d’instrumentaliser."
"Il y a une véritable incapacité à penser les violences et
donc à les reconnaître, mais aussi à les entendre lorsqu’elles sont révélées,
car la révélation entraîne un stress émotionnel chez les personnes qui
reçoivent la parole des victimes. La remise en cause de l’opinion souvent
favorable qu’elles avaient des agresseurs, l’horreur des crimes et des délits
commis, la peur des conséquences d’une dénonciation des violences font que par
angoisse, lâcheté ou complicité, tout sera mis en place pour nier les violences
et imposer le silence aux victimes"
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