"L’anesthésie émotionnelle est dangereuse, elle coupe la victime de
ses émotions spontanées et ne lui permet pas de réagir comme
il faudrait face à une situation à risque. Elle peut se retrouver à
supporter sans réaction des violences graves, des abus de pouvoir,
à tolérer l’insupportable, à supporter de se sentir très mal à l’aise
face à des prédateurs, face à des personnes perverses, malsaines,
déséquilibrées ou dangereuses : « Même pas mal ! » Elle peut se
retrouver à être la seule personne qui accepte une proposition très
anormale, la seule à supporter de graves avanies avec un grand
sourire accroché en permanence. C’est le cas des prostituées qui ont
presque toutes une dissociation et une anesthésie émotionnelle et
physique importantes, et qui de ce fait ressentent peu de dégoût, de
rejet, et de douleur lors des rapports sexuels imposés par la situation
prostitutionnelle."
"La confusion, la désorientation liées aux symptômes dissociatifs,
entraînent des troubles cognitifs et des doutes continuels sur ce qui
est perçu, entendu, sur ce qu’on a dit et sur ce qu’on a compris."
"Le risque est grand qu’elles deviennent des victimes de choix
pour des agresseurs à l’affût. Plus l’interlocuteur est dangereux,
plus il réveillera la mémoire traumatique de la victime qu’il s’est
choisie par des attitudes et des paroles déplacées ou incongrues, par
une mise en scène de domination, et plus il générera ainsi une
dissociation chez elle, et la mettra dans un état hypnoïde qui la
rendra incapable de penser, de se défendre, sous emprise.
Elle sera « en panne », embrouillée, totalement confuse et donc
très vulnérable. Cet état d’incapacité, la victime le pensera dû à sa
stupidité, à son infériorité ou à sa timidité maladive, alors qu’il est
directement lié au déclenchement de mécanismes de sauvegarde
face au danger que représente l’interlocuteur. Mécanismes qui
pourraient être une bonne sonnette d’alarme, si la victime en
était informée. Mais au lieu de cela, cette situation de danger sera
interprétée à l’avantage de l’interlocuteur pervers. Il sera souvent
perçu par la victime « hypnotisée » comme quelqu’un de supérieur
et d’important, de beaucoup plus intelligent qu’elle, voire comme
quelqu’un de fascinant, quelqu’un dont elle pourrait même se
croire amoureuse, du fait de mécanismes de dissociation que nous
verrons plus loin."
"Les violences éducatives de l’enfance, avec des parents qui exercent
des violences physiques et psychologiques sur les enfants qui n’ont
pas compris une leçon ou qui ne savent répondre à une question,
entraînent souvent de graves blocages par peur de se tromper ou de
ne pas savoir, qui paralyseront ensuite l’enfant et l’empêcheront de
penser et de trouver des réponses quand on l’interrogera pendant sa
scolarité, ce qui mettra fréquemment l’enfant en échec scolaire et
ne fera qu’aggraver les violences familiales. La peur pétrifiante de se
tromper, de ne pas dire ce qu’il faut, liée à la mémoire traumatique
des violences éducatives pourra poursuivre une personne toute sa
vie, l’empêchant de donner son avis personnel."
"Et tout sera fait pour les éviter ou tout au moins les anticiper en contrôlant l’environnement : comportements phobiques
envahissants, réclusion totale, retrait affectif avec évitement de tout
contact, évitement de toute pensée ou parole, état d’alerte perpétuel sans possibilité de se détendre. Cela explique les troubles du
sommeil, presque toujours présents – comment s’endormir quand il
est impossible de laisser aller, et que l’on redoute des cauchemars ? –
mais aussi la fatigue et les douleurs chroniques dont se plaignent
constamment les victimes. Être toujours tendue, contractée, prête
à bondir pour se sauver, est épuisant et entraîne des douleurs ostéoarticulaires et des céphalées de tension importantes."
"Pour une victime traumatisée, être accompagnée par un guide
expérimenté (un proche rassurant et à l’écoute, dont on connaît
la rigueur intellectuelle et en qui on a confiance) peut déjà être
rassurant, mais de loin, le mieux serait d’être accompagnée d’un
« démineur » (un psychothérapeute spécialisé) ou mieux encore, de savoir soi-même désamorcer ou déminer les « bombes » (c’est le but
de la psychothérapie)."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire