En 1921, Lénine écrit au
commissaire du peuple à la justice :
« Camarade Koursky, d’après
moi il faut étendre l’application de la fusillade…Pour compléter notre conversation, je vous envoie une esquisse
d’un paragraphe complémentaire du code pénal…la pensée de base, j’espère, est
claire, malgré tous les défauts du brouillon : il faut exposer ouvertement
une position véridique du point de vue des principes et de la politique (et non
pas étroitement juridique), de façon à motiver l’essence et la justification de
la terreur, sa nécessité, ses limites. La justice ne doit pas supprimer la
terreur (promettre cela serait tromper ou se tromper) mais la fonder et la
légitimer en principe, clairement, sans faux-fuyants ni ornements. La
formulation doit être le plus large possible. »
« Nous devons répartir les
privations de manière à sauvegarder le gouvernement prolétarien. Cela est notre
seul principe. »
« Le monopole du pain, les
tickets de pain, la corvée généralisée, voilà ce qui, dans les mains des
soviets tout-puissants, est le meilleur moyen de compter et de contrôler…Ce
moyen de contrôler et de forcer à travailler est bien plus fort que les lois de
la convention et sa guillotine…La guillotine ne faisait qu’effrayer, que briser
les résistances actives. Nous voulons plus. Nous voulons plus. Nous ne devons
pas seulement effrayer les capitalistes de manière qu’ils sentent la
toute-puissance du gouvernement prolétarien et ne songent même plus à lui
opposer une résistance active. Nous devons briser aussi la résistance passive,
qui est indéniablement encore plus redoutable et nuisible…
Et nous en avons le moyen…Ce moyen, c’est le monopole du pain, les tickets de pain, la corvée généralisée. »
Et nous en avons le moyen…Ce moyen, c’est le monopole du pain, les tickets de pain, la corvée généralisée. »
« Serait-ce justement parce
qu’il n’est pas cabotin, pas mégalomane, pas infatué de lui-même, pas sadique,
pas véritablement ambitieux, et que cependant il mentait , il
s’infiltrait, il tyrannisait, parce
qu’il torturait sans être un tortionnaire, qu’il fusillait sans être un
fusilleur, qu’il n’aimait rien, ne croyait en rien, n’espérait rien qui le
dépassât , que les innombrables volumes de son œuvre ne sont que poussière
attendant qu’on souffle dessus pour s’évanouir, que ses pensées se volatilisent
dès qu’on y touche, qu’il n’eut pas d’enfants, peut-être pas de femme, que son
petit pied n’a presque pas pesé sur cette terre qu’il a consumée de son
souffle, qu’il ne fut à tout prendre qu’une stratégie et peut-être même qu’une
tactique, un génie, c’est entendu, mais le génie de quoi ? Serait-ce du
Néant ? Comment tue-t-on le Néant ? »
Trotski à propos de Lénine :
« L’organisation du parti
prend la place du parti lui-même ; le comité central prend la place de
l’organisation ; et finalement le dictateur prend la place du comité
central. »
« Lénine lui-même était
parfaitement conscient du fait que les bolchéviks « n’étaient pas
l’expression du peuple mais se cherchaient des clients parmi le peuple ».
Ce n’est pas pour rien qu’Akimov, le fameux Akimov, avait remarqué que dans les
écrits de Lénine, le prolétariat était toujours au génitif, jamais au
nominatif, donc toujours traité comme complément, jamais comme sujet. La
révolution aurait-elle été conçue et faite au nom d’un socialisme
abstrait ?
Sommé par Boukharine de définir
ce qu’il entendait par socialisme, Lénine répondit
évasivement : « les matériaux permettant de caractériser le
socialisme n’existent pas encore. Les briques avec lesquelles le socialisme
sera construit ne sont p s
encore cuites. » C’était dire que socialisme n’était pour lui qu’un
mot creux, qu’on remplirait, le moment venu
de ce qui tomberait sous la main. Lénine, à la veille d’octobre,
déclarait : « le but de l’insurrection est de s’emparer du
pouvoir ; après nous verrons ce que nous pourrons en faire. »
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