Action d'intimider, c'est-à-dire d'inspirer de la crainte, de
l'appréhension. L'intimidation ne porte que sur les êtres hésitants et faibles.
Plus l'individu manque de résolution et de volonté, et plus agit sur lui le
système d'intimidation. Quand un individu flotte entre des déterminations
différentes ou contradictoires, il est facile de lui faire accepter, par voie
d'intimidation, celle qu'on désire ; et, s'il manque de volonté, il est également
facile de l'éloigner, par le même procédé, de la décision qu'il a prise. Parce
qu'ils sont généralement de faible volonté, les vieillards, les enfants et les
femmes se laissent aisément intimider. Il en est de même des peuples, à l'égard
desquels les Gouvernants usent fréquemment de l'intimidation érigée en système.
En matière de gouvernement, ce système se décompose pratiquement en deux temps
: le premier temps, c'est l'avertissement, la menace ; le second temps, c'est,
dans le cas où la menace demeure inopérante, la répression. La loi est une
application de ce système d'intimidation. La formule bien connue : « Sera
puni…etc. » contient l'avertissement, exprime la menace. Elle sert de gendarme
préventif, en inspirant la crainte du châtiment à ceux qui éprouvent la
tentation de contrevenir à la loi. Cette appréhension possède une force qui,
bien souvent, suffit à empêcher l'action délictueuse ou criminelle. Mais tous
ne sont pas arrêtés par la peur du châtiment ; il en est qui passent outre et
font ce que la loi interdit. C'est, alors, le second temps du système
d'intimidation : le châtiment, la répression, dont le but est moins de punir le
« coupable » que d'intimider les personnes qui formeraient le dessein de suivre
son exemple. La pratique de l'intimidation sévit tout aussi sévèrement dans les
relations entre patrons et ouvriers. Les travailleurs s'avisent-ils de se
montrer mécontents des conditions de travail ou de salaires qui leur sont imposées
? L'employeur s'empresse de faire savoir qu'il ne s'inclinera devant aucune
réclamation et que ceux qui ne sont pas satisfaits n'ont qu'à chercher du
travail ailleurs. C'est le premier temps du système : l'avertissement, la
menace. Si la crainte d'être congédiés et de se trouver sans travail n'empêche
pas les salariés de maintenir leurs revendications, le patron n'hésite pas à
renvoyer les « meneurs », dans l'espoir que cette mesure décidera les autres à
abandonner, si justes soient-elles, leurs réclamations. Ce système
d'intimidation qui, jusqu'à ce jour, a si bien réussi aux Gouvernements et aux
Patrons, se brisera devant la ferme volonté des gouvernés et des travailleurs,
quand ceux-ci sauront clairement ce qu'ils veulent et le voudront énergiquement
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire