Action d'interpoler, c'est-à phrase, d'un passage. Les œuvres
des auteurs anciens ont, pour la plupart, été interpolées ; les manuscrits des
auteurs profanes n'ont pas été plus respectés que ceux des écrivains sacrés. Si
l'on peut appeler interpolations les variantes introduites dans les anciens
poèmes grecs, avant l'invention de l'écriture, l'Iliade et l’Odyssée en
fourmillaient, et la critique moderne est d'avis que des épisodes et des chants
entiers de l'Iliade sont de vastes interpolations. « Chez les premiers
chrétiens, dit M. Alfred Maury, l'habitude d'altérer les écrits des auteurs,
d'en supposer même qui leur étaient étrangers, fut générale ». L'ancien et le
nouveau Testament sont remplis d'interpolations. Dans l'ancien, les prophéties
ne sont guère que des additions faites après l'événement. Dans les Evangiles,
on ne compte plus les interpolations, tant elles sont nombreuses et, parfois,
maladroites. Ces livres n'ont, pour ainsi dire, été composés qu'à l'aide de
retouches et modifications successives. Dans les Antiquités Judaïques,
l'historien Flavius Josephe n'avait pas fait mention de Jésus-Christ. Comme il
était extraordinaire que Josephe, si parfaitement au courant de tout ce qui
concernait la Judée, à l'époque du Christ et presque contemporain de ces
événements n'eut pas parlé de Jésus, de sa mission, ni de sa mort, les
chrétiens du IIème et du IIIème siècle ont intercalé, au Livre XVIII des
Antiquités Judaïques tout un paragraphe d'une dizaine de lignes, destiné à combler
cette lacune. C'est un exemple, entre cent autres, des audacieuses
interpolations qu'ont subies les œuvres sur l'autorité desquelles l'Eglise
catholique s'appuie et fait reposer sa doctrine.
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