Jubilatoire !
Voilà le premier mot qui me vient lorsque je prends le livre de Pierre Guyotat...Et pourtant, et pourtant, que décrit-il ?
La guerre, une guerre d’occupation de colonisateurs, de vainqueurs, de ceux qui peuvent faire n’importe quoi sur les populations, les bétails sans qu’ils ne soient inculpés de quoi que ce soit.
La guerre ce n’est pas que « Le jour le plus long », on en a eut l’expérience avec les nazis, mais avec n’importe quel soldat à qui on n’a cessé de lui dire qu’il est le plus fort, l’élu presque et que rien de ce qu’il fait ne lui sera imputé. Lorsqu’il partira de cette guerre, il ne sera pas poursuivi. Il y a toujours après une loi d’amnistie. Pas pour le peuple qui subit, pour la justice, non, seulement pour exonérer les bourreaux de toutes sanctions.
Guyotat est une chute libre dans le vide...Et pas la peine de chercher de quoi s’accrocher pour ralentir la chute, il ne nous laisse aucun secours, aucun espace pour reprenne une respiration qui nous manque.
L’abject, supplée l’abject, l’horreur ne prend une place que lorsqu’elle pousse celle antérieur.
Ce livre fut la raison de sa mise en isolement et son livre interdit car...outre qu’il parle de la guerre, il en donne des clichés clairs des violences qui se succèdent par goût, pour passer le temps, parce que les plus forts, parce qu’un vaincu n’a pas à refuser quoi que ce soit (je ne vous parle même pas de ce que subisse les femmes ou les enfants).
Dis moi que « Eden, Eden, Eden » est un livre expiatoire mais non, il est du journalisme issu du réel, de la vision que peut en avoir un jeune homme lancé dans l’horreur pour « maintenir l’ordre » dans un département.
Mais cette violence est celle d’un pays colonisateur devant un peuple qui veut se décoloniser.
Franz Fanon nous en parle dans « Les damnés de la terre » et il parle des conséquence de cette présence lorsqu’il nous parle des syndromes de ses patients.
Pierre Guyotat ne nous invite pas à entendre témoigner les victimes, non, il ne peut les écouter car elles hurlent de toutes les douleurs qu’elles subissent sans interruption, matin, après midi et nuit, dans les rondes des soldats qui partent et ceux qui reviennent, de ceux qui doivent « faire quelque chose » pour calmer leur peur, faire redescendre les tensions, de soigner les insommies…
Les raisons sont multiples et prétextes, les victimes sont les sujets, les sont l’anonymat du « putain », les masques des « figures ».
Il n’y a plus de trace d’humanité. Guyotat est cet humain neuf qui arrive dans les méandres de ces inhumains.
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