samedi 1 avril 2023

Éloge de la démotivation de Guillaume Paoli

 "Viennent ensuite l'idéologie du bien et le recours au bon sentiment. "Avant de commettre leur crime les plus graves écrit La Boétie, (les tyrans d'aujourd'hui) les font toujours précéder de quelques jolis discours sur le bien public et le soulagement des malheureux". Il est superflu de citer ici des exemples récent pour convaincre que ce moyen là n'a rien perdu de son actualité. Bien au contraire : il est nourri par l evincement (fêté comme "fin des idéologies") de la raison politique et du jugement critique que celle-ci permettait encore. Que répliquer à des flots d humanitarisme, de dégoulinements compassionnels et de larmes de crocodile ? Mais ce qui a changé surtout, c'est que ce procédé n'a même plus besoin d'être cru pour être efficace. Les temps médiatiques ont porté à la perfection le déplacement pervers de la question du caractère mensonger ou véridique d'un discours vers celle de sa "communication" plus ou moins réussie. L'asservi volontaire d'aujourd'hui se délecte à "décrypter l'information", à jauger l'empaquetage des mensonges, à soupeser leurs chances de succès. Il s'imagine ainsi prendre part à l'analyse avertie. Pour sa part, la Boétie remarque : "on connaît la formule dont ils font suffisamment usage ; mais peut-on parler de finesse là où il y a tant d'impudence" ?

Aucun commentaire: