Quel récit!
La puissance de l utilité, de l évidence, de la transcendance.
A lire, a relire, pour que chaque mot ou chaque phrase y fasse leur sillon comme une cicatrice indélébile. Je pense que jusqu ici jamais je n ai ressenti l essentialite de la littérature comme je la ressens avec ce génie, même si je pense qu il rejetterait avec haine cette appellation.
Appelons le alors, L "écrivain".
J’écrivais comme on regarde fixement.
Alternativement, je me souviens, j’oublie. On dirait que quelque chose de central a sauté. À la place du centre, il y a un trou. Tantôt, ça tombe ; tantôt ça remonte. Et ma langue, je la renverse vainement pour lui faire toucher le bord de ma gorge. Maintenant, je n’écris plus Le château de Cène, et plus jamais je ne l’écrirai. Fini. Tombé là-bas, et ce n’est pas lui qui remonte, mais une exigence qu’il n’a pas comblée. On écrit à un moment précis. Et quelle duperie ! Que s’est-il passé ? On a rempli des pages, c’est devenu un livre. Et le titre de ce livre est une pierre sous laquelle repose ce qui s’est passé. Je ne peux pas soulever la pierre. Je creuse seulement autour.
La culture n’est pas quantifiable, ni réductible. La culture ne peut se ramener à un savoir. Elle est instable. Elle inclut même l’oubli. La culture dépense ; l’information capitalise, mais paradoxalement elle aboutit à un savoir vide, car elle est plate, et tout y est égal. L’important n’est pas de savoir, mais de relativiser. L’homme gavé d’information ne fait pas la différence, et bientôt il devient indifférent. Je crois que la généralisation de la torture est liée au culte de l’information. Quand il s’agit de savoir, rien que de savoir, qu’importe le moyen employé puisque la fin justifie d’avance le moyen. Le grave est que l’enseignement lui-même tourne à la simple information. La preuve : la machine à enseigner est en train de prendre la place de l’enseignant – ou du moins on prépare ce moment.
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