Il expliquera que, de toute façon, nous sommes en train
de mourir. Il nous montrera la paix du déjà mort. Je veux que ce déjà nous
fasse rire du haut de notre pas encore.
Vous retournez mon miroir. Vous nous condamnez à
l’immobilité, nous qui pourtant connaissons encore l’attente. Vous ne pensez
pas que sa haine des miroirs avait quelque chose de très puritain. Je crois que
c’était chez lui une vieille histoire. Il doutait de son apparence. Il ne se
trouvait pas beau. Il craignait d’être confronté à une réalité qu’il lui était
suffisamment pénible d’imaginer sans devoir, en plus, la contempler. Il avait
cru comprendre, étant enfant, qu’il était laid, et qu’à cause de cela sa mère
ne pouvait pas l’aimer. Il n’essayait de se faire aimer que pour vaincre, en
chaque femme, l’image de sa mère.
Je vous demande pardon. Je pense à lui encore. Je trouve
que les morts sont égoïstes : ils nous laissent aux prises avec leur absence,
et il nous faut en plus nous débrouiller pour trouver une explication à leur
départ. Je l’entends hurler : La vie manque de réalité.
Vous ne pouvez savoir qu’il m’a fait à peu près la même
scène : Tu devrais avaler un couteau à ouvrir les mots, disait-il. Tu saurais
peut-être enfin qu’ils sont vides. Tu comprendrais que le vide ne peut
véhiculer que le vide, et que ce n’est pas la peine d’aller baver du vide sur
ma tombe.
Je suppose que nous échappons de temps en temps au
raisonnable, et que c’est alors seulement que nous tombons parfois dans le vrai
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