« Le capitalisme ne fait-il que profiter d’une
prospérité momentanée, qui n’est qu’une phase de son développement ? Et
bientôt, l’Amérique, par ses excès impérialistes, en se jetant dans la démence
sans limite des exportations, va-t-elle rejoindre l’Europe anarchique dans le
cercle absurde des crises alternées de surproduction et de chômage ? Ou
bien, après sa période héroïque, anarchique des destructions et de
constructions spontanées, va-t-elle entrer dans une ère de ralentissement, de
réflexion, d’organisation ?
Cette question commande aujourd’hui les deux seules
attitudes politique qu’on puisse prendre dans le monde. Selon qu’on répond oui
ou non à cette question, on est conservateur ou socialiste.
De ce dernier point de vue, on aperçoit comment il peut y
avoir encore, aujourd’hui et demain, sinon un communisme, du moins un
socialisme.
Le fond de ce socialisme européen ne peut être fait que de
deux sortes de résidus :
1
Résidus de l’étape bourgeoise précédant l’étape
capitaliste, résidus d’idéaux démocratiques : volonté persistante
d’accomplir, d’achever 89 dans le monde
2
Résidus de l’étape capitaliste, de son premier
temps d’anarchie et de doctrines : volonté de refondre ensemble les deux
produits momentanément opposés de 89 : démocratie et ploutocratie. »
« Le spectacle que nous offre toutes les grandes villes
du monde, nous donne à croire que le prolétariat, qui a d’abord été une élite
paysanne implantée dans les villes et réunie aux débris d’élite de l’artisanat,
devient peu à peu une plèbe sans force ou une petite bourgeoisie sans instincts
belliqueux. Ou bien la misère tuera le prolétariat, ou bien la prospérité
l’endormira mais il ne pourra pas rester éternellement sur le pied de guerre à
quoi Marx le condamne. »
« Douter de la force de la liberté, c’est le propre des
hommes fatigués ; vouloir refaire les fondements de la cité sur ce doute,
c’est accepter sa fatigue, c’est délibérément reconnaitre qu’on marche vers la
mort.
Comme les théoriciens et les chefs du communisme sont
forcément des bourgeois, il est naturel qu’ils montrent des idées aussi
subtiles et perverses, qui auraient pu d’ailleurs les porter aussi bien vers
l’extrême droite. »
« Ou bien le communisme nie la démocratie et alors il
est réactionnaire, ou bien il ne la nie pas, et alors il n’est rien du tout, il
se confond avec elle. »
« Je rejette le communisme d’occident comme un leurre
parce que sans force devant le capitalisme, nourri du même génie moderne, il ne
contient aucune amorce de civilisation nouvelle. S’il prenait quelque force, ce
serait de la décomposition du capitalisme, mais cette force ne serait qu’une
force de fossoyeur. »
« Je doute que le communisme puisse être fait en europe
par d’autres que les capitalistes. La révolution russe est finie. Elle a été
démocratique dans la mesure où elle a été efficace, comme toutes les
révolutions qu’on a vu jusqu’à ce jour. Maintenant l’effort des Russes – ayant
enterré , sous les fondations de la NEP, des chimères qui semblaient vieillies
auprès de la nouveauté qu’ils venaient d’inventer- c’est de rejoindre le
capitalisme , mais non pas le petit capitalisme bourgeois de France ou
d’Angleterre, arriéré ou imitateur, mais le grand capitalisme d’Amérique qui
s’avance vers des accomplissements que Moscou, enchaine par le retard
historique, ne peut encore qu’entrevoir par l’esprit, mais non pas saisir dans
les faits. »
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