Dans le livre "Genève ou Moscou" Pierre Drieu de la Rochelle dessine sommairement ce que devrait être une nouvelle droite. Dans ce concept, on peut retrouver les idées issues des travaux du club de l'horloge. Ce club qui est un lieu de rencontre entre la droite extrême et l'extrême droite. Un laboratoire qui a permis de définir une nouvelle droite très à droite.
Le temps est venu de constituer
en France un parti de droite, qui se débarrasse décidément des erreurs passées
et abolies, qui étonne et confonde ses adversaires en les privant soudain des
vieilles cibles sur quoi ils ont à jamais braqué leurs vieux canons, et qui
conquière ses adhérents par une nouveauté de vues inconnues de ce pays et des
autres opinions.
Avant tout, la jeune droite se
débarrasse de quatre idées qui ont été fatales à la vieille droite, que les
conditions de l’Europe et du monde périmées.
La jeune droite est :
1
contre la dictature
2
contre la guerre
3
hors l’église
4
bourgeoise
1/ Contre la dictature : Nous ne marquons que pour
mémoire que la jeune droite est, d’avance et sans délibération, républicaine.
La république est la forme naturelle de gouvernement de la France, conquise par
un siècle de révolutions, sanctionnée par le dévouement unanime de quatre ans
de guerre. Nous n’avons jamais songé un instant à des noms qu’ont porté des
familles qui ont perdu avant leur peuple le sens de leur autorité. Nous ne
laisserons pas plus longtemps l’habitude à de creux démagogues de défendre la
république contre le néant.
Mais il importe d’insister sur le
point capital : la jeune droite élimine rigoureusement l’idée de
dictature. Cette idée, veule et faible, a dispensé pendant cinquante ans les
conservateurs, en France, de tout effort personnel, immédiat ; elle a tenu
leurs troupes éparpillées dans des cantonnements d’hiver qui ne finissent jamais.
Des hommes ne doivent pas compter sur un homme pour se tirer d’affaire ;
ils doivent se réunir et commencer de travailler. Que tous servent ! Ceux
qui sont les meilleurs serviteurs, les chefs, se feront connaitre au cours du
service. La France, avec l’Angleterre, est le pays qui a la plus forte culture
politique : sa vie sociale, comme celle de l’Allemagne, est cent fois plus
complexe que celle des pays à dictateurs, Russie et Italie. Une seule tête ne
peut suffire à embrasser ses difficultés, rompre toutes ses routines, ouvrir
toutes ses voies neuves.
Il faut que l’élite, en France,
se sauve elle-même.
2/ Contre la guerre : Vu l’état de la science et de l’industrie,
nous considérons que la guerre, même défensive, n’est plus un moyen de salut
pour le peuple. La prochaine guerre, pour nous, c’est la ruine de l’Europe.
Nous sommes prêts à faire sur ce point le plus grand effort de redressement de
doctrine. Ce sera le plus difficile, mais celui qui sera décisif pour redonner
au parti conservateur, en France, le pouvoir de dominer et de diriger les
évènements. Nous nous engageons résolument dans la négation du système de la
paix armée. Nous affirmons avec une hardiesse vraiment moderne – qui laisse
derrière elle l’attitude pourtant lucide des conservateurs anglais, des
républicains allemands, qui met en suspicion le qui-vive de Mussolini , qui se
dresse passionnément contre le calcul de violence des Russes – que les Français
doivent achever de prendre conscience de leur responsabilité de peuple le plus
achevé du continent , en renonçant à affirmer par les armes une personnalité morale
qui est indéfectible.
En conséquence, l’armée française
n’est qu’une troupe de police qui, à l’intérieur, est entrainée contre le
subversion communiste, à l’extérieur, est à la disposition de la société des
nations, dévouée aux intérêts prochains des États-Unis d’Europe, et enfin, en
Afrique et en Asie, en plus de l’armée anglaise, est organe de transition dans
l’évolution vers l’autonomie de ces mondes.
La jeune droite n’est pas
impérialiste ; personne n’est impérialiste en France.
Mais la jeune droite est
nationaliste.
Il y a dans le nationalisme un
indispensable élément d’intégrité, et aussi d’expansion spirituelle, dont c’est
la mission évidente d’un parti de droite de maintenir la sauvegarde, dans une France
remplie d’étrangers, dans une Europe qui a découvert trop récemment l’individualisme
national pour pouvoir en chasser bientôt la hantise, en face d’une Asie où le
contact de l’Europe a déclenché on ne sait quelle fureur ethnique.
Mais ce nationalisme, scindé du
militarisme, doit inventer des moyens modernes d’efficacité. On les trouvera en
étudiant le modèle de communautés religieuses et mercantiles, qui ont vécu sans
le secours de l’épée. Les français doivent être les juifs des États-Unis d’Europe.
3/ Hors l’église : S’ils sont catholiques, de pratiques
ou de sympathie, (s’ils ne sont pas protestants, juifs ou libre penseurs), les
hommes de la jeune droite auront soin de séparer de façon nette et saine, de
leur activité sociale et politique, leur activité en tant que défenseurs d’intérêts
confessionnels (questions de l’école, des congrégations, des relations avec l’internationale
qui leur est propre.) . Il ne doit pas y avoir de parti catholique en France,
mais un syndicat catholique à objectif limité.
4/ Bourgeois : La
jeune droite, prenant le contre-pied de toute démagogie, anéantit cette
hypocrisie qui jette la défiance et le désespoir dans le peuple, et déclare qu’elle
est bourgeoise. La jeune droite, en tant que groupement d’hommes de paix et d’ordre,
comptera dans ses rangs, si elle le veut, le paysan, l’employé, l’ouvrier ;
elle en comptera plus que le bloc ouvrier-paysan. Elle saura, d’autre part,
reconnaitre dans les métiers une élite seconde d’hommes de main, d’experts du
travail, de conseillers et de conciliateurs.
Mais elle pose franchement en
principe que ses chefs sont bourgeois et que les bourgeois – ceux qui le deviennent
ou le restent, d’une génération à l’autre, par le travail et les talents –
doivent savoir garder l’autorité avec la responsabilité.
La jeune droite est l’organe de
construction de toute la bourgeoisie productrice, depuis le grand industriel
jusqu’à l’agriculteur propriétaire, jusqu’à l’ouvrier qui élargit son sort en
reportant son esclavage sur la machine.
La jeune droite renonce à séduire
le peuple ; elle lui impose cette démonstration : qu’un patron vaut
mieux qu’un comité d’usine, une coopérative, dans un pays de coopérateurs, qu’une
coopérative en face d’un état socialiste, d’un capitalisme d’état.
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