"Qu'y a-t-il de plus piteux qu'un aristocrate qui est nationaliste? C'est pour lui la façon la plus naive et la plus sotte d'avouer sa dégénérescence , l'oubli de sa raison d'être , de ses passions. Or l'aristocrate est le type qui résume les aspirations secrètes du conservateur."
"Mais la bête étrange qui semblait faite pour aider l'homme à atténuer ses cruautés ou ses souffrances , opposa les les hommes les uns aux autres ; elle se fit l'instrument de la dureté des forts, de la meurtrissure des faibles; elle, dont on attendait la liberté, l'adoucissement du joug du travail, commença par réveiller chez les uns des voracités de négriers, chez les autres des résignations d'esclaves. Elle engendra des millions d'heures de labeur forcené, un enchaînement infini de besoins qui devaient aboutir à cet amas inextricable sous lequel nous plions aujourd'hui, et d'où nous ne sommes pas sûrs d'émerger plus forts et plus libres."
"Or, le capitalisme broie toutes ces valeurs: la probité et la gratuité intellectuelle par la hâte et l'ampleur de ses desseins qui exigent la force brutale; l'idéal de la personnalité qui se fonde sur la propriété terrienne , par la poursuite d'une richesse de plus en plus abstraite et anonyme, d'une chimère immense et atroce; enfin le patriotisme et l'honneur guerrier , par la violence et l'astuce sans frein de l'impérialisme."
"Chez les uns, chez les porte-paroles des bourreaux, écrivains et politiques réactionnaires, on a vu une hypocrisie qui peu à peu destitue de la majesté de l'esprit ceux qui s'y réfugient; chez les autres , chez les avocats des victimes, propagandistes et meneurs révolutionnaires, on a vu la haine sans issue , la négation butée, le parti-pris féroce mutilateur des âmes. Tout cela a répandu des ravages dont on se demande si l'esprit humain n'en restera pas harassé à jamais."
"En sorte que dès avant la mort de Marx, le parti socialiste marxiste était déjà devenu une école de critique conciliante du régime capitaliste, et au surplus le seul groupement démocratique au Reichstag.
Marx avait écrit ses ouvrages en pensant d'une part aux premiers excès de l'industrie qu'il avait encore pu observer en Angleterre et d'autres parts aux révolutions démocratiques qui de son temps s'étaient déroulées en France. Parce que ces révolutions politiques avaient été emmêlées de velléités sociales, il avait cru que non seulement elles étaient avant coureuses de la révolution socialiste , mais qu'elles en étaient directement inspirées."
"Le capitalise se laissait d'abord arracher les lois sociales, puis peu à peu il se familiarisait avec une politique démagogique dont le pivot était l'octroi de ces lois. Viendrait même un temps où , le souci de son organisation intérieur devenant pressant, le capitalisme , au moins dans les pays les plus avancés, considérerait non seulement une législation mais une pratique sociale comme une nécessité évidente de cette organisation."
"L'idée de dictature était naturelle dans un pays comme l'Allemagne du temps de Marx entre
1830 et 1880 , où le suffrage universel était une concession truquée , entourée de savantes restrictions , un piège grossier tendu aux appétits naïfs de liberté politique."
"En Europe, quand on tue une tradition on ne brûle pas son cadavre, on le laisse pourrir par dessus tant d'autres qui empuantissent l'air des vivants."
"L'idéal communiste est fondé sur l'organisation de la production. C'est ce que veut dire au fond "la nationalisation des moyens de production".
Aujourd'hui, le capitalisme tend par divers moyens à organiser la production. Le principe ancien grâce auquel à pu naître et grandir le capitalisme , ce fut la concurrence. Or, nettement le capitalisme se retourne contre son principe d'origine pour le corriger et de correction en correction , il prend le chemin de l'anéantir."
"La clientèle aussi est choisie, enrégimentée et dirigée. La publicité devient la science d'adapter la consommation à la production."
"En effet, le capitalisme vise à étendre sa clientèle à la limite de la population, alors pour lui, la clientèle , c'est le suffrage universel qu'il faut briguer. Et cela va plus loin encore, ses vues ne sont plus seulement démocratiques , elles deviennent communistes : le capitalisme veut communiser la consommation, c'est-à-dire qu'il lui faut la rendre égalitaire; l'idée du standard ne veut pas dire autre chose. Pour que le capitaliste actuel accomplisse ses desseins, tout le monde doit acheter et posséder les mêmes biens: la même auto, le même costume, le même appartement, le même livre."
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